Miser sur la relance de l’avenue de Grand-Mère
IMMOBILIER. La relance commerciale du secteur Grand-Mère passera-t-elle par les ambitions d’un jeune homme de 22 ans?
Depuis un peu moins d’un an, avec trois associés au départ, mais faisant cavalier seul depuis quelques semaines, Frédéric Côté a acheté 17 immeubles, majoritairement sur l’avenue de Grand-Mère, en misant sur le développement commercial du secteur à moyen terme. « J’en aurai bientôt vingt-six puisque neuf autres contrats sont chez le notaire », révèle l’investisseur immobilier originaire de Laurier-Station, dans la région de Chaudière-Appalaches.
Mais qu’est-ce qui a incité Frédéric Côté à investir aussi massivement à Shawinigan, plus particulièrement sur l’avenue de Grand-Mère? Un parc immobilier d’une valeur de 3 millions$ et bientôt 5,3 millions$ avec les nouvelles acquisitions.
« C’est un secteur parfait pour amorcer une revitalisation, explique-t-il. Il y a plusieurs immeubles dans un secteur concentré, avec beaucoup de propriétaires qui résident à l’extérieur et qui ne les entretiennent pas. C’est une recette propice pour être sur place et s’en occuper », ajoute celui qui habite à temps plein à Shawinigan depuis septembre 2021.
Le jeune homme qui a ficelé sa première transaction immobilière à 17 ans en achetant un terrain pour 5000$ cible plus particulièrement les immeubles commerciaux de l’avenue de Grand-Mère qui ont des logements aux étages. Ses propriétés sont majoritairement situées entre la 1re rue et la 8e rue, soit une distance de 1,5 kilomètre.
Concentrer les commerces sur 1,5 km
« Si le secteur commercial de Grand-Mère est si dévitalisé, c’est parce que les commerces sont répartis sur l’ensemble de l’avenue Grand-Mère. C’est beaucoup trop long. Il faut qu’ils soit plus concentrés et c’est dans les plans de la Ville d’en arriver-là », confie l’investisseur qui dit avoir eu des entretiens à ce sujet avec le maire Michel Angers et le directeur de l’aménagement du territoire.
Selon la teneur de ces échanges, la Ville envisagerait d’ici deux ans de procéder à des changements de zonage afin de ne permettre que du développement résidentiel de la 8e rue jusqu’au bout de l’avenue de Grand-Mère, en préservant bien sûr les droits acquis des commerces déjà en place.
« Mon plan d’affaires est bâti sur cette volonté », révèle Frédéric Côté qui entrevoit dans un horizon de 5 à 10 ans l’établissement de petites boutiques de spécialité dans la zone de 1,5 kilomètres. Il a d’ailleurs fait une publication Facebook remarquée il y a quelques semaines dans laquelle il sollicitait des idées pour des commerces dans le secteur Grand-Mère. « J’ai eu près de 400 réponses, pour environ une trentaine de suggestions qui se recoupaient. »
Parmi les idées proposées, des magasins alimentaires, des restaurants, des boutiques de vêtements, un cordonnier, etc. « Ça deviendrait comme un centre commercial à ciel ouvert où on circule de magasin en magasin à pieds », entrevoit Frédéric Côté. Il voit beaucoup de potentiel à l’avenue de Grand-Mère du fait aussi de sa proximité avec la Maison de la Culture Francis-Brisson, le parc des Papetiers avec la marina de Grand-Mère, bientôt son restaurant opéré par le Quai des Brasseurs et éventuellement, un hôtel.
De la concurrence sur le marché
« Le type de locataires commence tranquillement à changer, observe-t-il. Les prix des loyers commencent à monter, car contrairement à il y a un an, j’ai maintenant de la concurrence pour acheter des immeubles. D’autres investisseurs commencent à s’intéresser au secteur. Actuellement, un appartement dans le quartier Saint-Marc coûte 15% de moins qu’un sur l’avenue de Grand-Mère. »
Le jeune homme de 22 ans dit aussi ne pas chercher à acquérir les immeubles sur le marché, privilégiant les offres non sollicitées qui aboutissent bien souvent par de meilleures aubaines. « Il y a un an, le marché de Shawinigan avait les prix les plus bas ici, mais ce n’est plus le cas actuellement. Des régions comme la Beauce ou Portneuf sont maintenant moins chères. »
Frédéric Côté dit financer ses achats par divers moyens, notamment des prêts privés, en offrant en garantie ses immeubles et la stratégie des flips immobiliers qui consiste à acheter une propriété, souvent à prix d’aubaine, pour la rénover et la revendre rapidement dans le but de faire des profits. « Je remets sur le marché les immeubles que j’achète à Shawinigan pour financer mon projet sur l’avenue de Grand-Mère », souligne celui qui affirme avoir négocié environ le tiers des transactions commerciales sur le territoire de Shawinigan dans la dernière année.
« Moi mon pari, c’est que la qualité de vie dans le secteur Grand-Mère va augmenter d’ici les cinq ou dix prochaines années pour dépasser même celle du secteur Shawinigan-Sud », conclut Frédéric Côté.