L’enjeu des batteries électriques en fin de vie
SHAWINIGAN. Si l’augmentation du nombre de véhicules électriques sur les routes du Québec est une bonne nouvelle au niveau de la lutte aux changements climatiques, son revers est qu’une importante quantité de batteries en fin de vie seront bientôt entreposées en attendant de savoir quoi en faire.
« On estime qu’il y en aura entre 140 000 et 210 000 de véhicules électriques d’ici 2030, alors que 70% du parc de véhicules sera électrique. C’est quand même préoccupant étant donné que nous n’avons pas d’installation au Québec pour les revaloriser, souligne Jeanne Charbonneau, directrice générale de l’Escouade Énergie, un regroupement de 18 centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) travaillant à divers degrés sur la transition énergétique.
Celle qui est aussi directrice des projets spéciaux au CNETE du Cégep de Shawinigan ajoute que l’un des rôles justement d’Escouade Énergie est de mobiliser les centres de recherche pour travailler à développer des technologies visant à récupérer les matériaux critiques et stratégiques contenus dans les batteries et éviter ainsi de les expédier à l’étranger.
»En y parvenant, ça signifie aussi que nous n’aurons pas à ouvrir d’autres mines sur le territoire. Et souvent, ces gisements sont situés au Nord, sur des territoires sensibles avec une grande valeur écosystémique et une grande valeur naturelle, surtout pour les communautés autochtones qui y habitent« , précise Jeanne Charbonneau qui estime que le secteur privé et les centres de recherche rattachés à la filière batterie devront mettre la responsabilité sociétale et les fameux critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) au centre de leur action.
Avec le secteur privé, le CNETE travaille justement à mettre en place à Shawinigan une usine qui s’occuperait du recyclage de différents types de batteries, qu’elles soient alcalines ou au lithium. Le rôle de l’Escouade Énergie est encore là crucial dans ce projet.
»En mettant nos ressources en commun, les CCTT de l’Escouade disposent d’équipements de laboratoire d’une valeur de 40 millions $ et plus de 160 experts dans tous les domaines de la batterie, de la production à la fin de vie en passant par leur application, qu’elle soit stationnaire ou véhiculaire. En se regroupant, on se donne une force de frappe plus importante pour accompagner les entreprises en recherche appliquée« , affirme Jeanne Charbonneau.
La directrice générale d’Escouade Énergie souligne que bien que les voitures électriques se multiplient sur les routes, l’industrie liée à la fabrication des batteries en est encore à ses balbutiements. »Ce n’est pas une technologie qui est nécessairement mature sur tous les plans. Il y a encore beaucoup de développement à faire à ce niveau-là« , estime-t-elle.
Jeanne Charbonneau évoque par exemple le poids de la batterie qui a des conséquences sur l’état des routes, sa durée de charge limitée lors des usages récréatifs sur l’eau, son vieillissement prématuré lorsque utilisée en zone nordique et bien d’autres enjeux qui devront être résolus.
Soulignons que Shawinigan sera l’hôte, ce lundi 15 mai au DigiHub, de l’événement Journée recherche appliquée – Filière batterie réunissant l’ensemble des acteurs de la filière batterie au Québec. La question du recyclage des batteries électriques et bien d’autres enjeux seront discutés lors de cette journée. Il est toujours possible de s’y inscrire en ligne au www.citeq.ca/journee-recherche-appliquee Soulignons qu’entre 17h et 19h, la population pourra venir faire l’essai routier de véhicules électriques routiers et récréatifs dans le stationnement du DigiHub.