Quatre milliards$ pour produire de l’hydrogène vert

AFFAIRES.  Un groupe formé de financiers belges et de France Chrétien-Desmarais, fille de Jean Chrétien, veut investir 4 milliards de dollars en Mauricie pour construire à Shawinigan un électrolyseur de 500 mégawatts, pour produire de l’hydrogène vert, qui serait alimenté par un parc éolien et solaire dont les équipements seraient répartis dans onze municipalités rurales de Mékinac et des Chenaux (12e à Saint-Ubalde).

Projet Mauricie est piloté par TES Canada, une entreprise basée à Montréal dont l’actionnaire majoritaire est Tree Energy Solutions, une compagnie d’énergie renouvelable active à travers le monde. L’électrolyseur serait implanté dans le parc industriel Alice-Asselin, dans le secteur Saint-Georges-de-Champlain, et le parc éolien et solaire, complètement indépendant du réseau d’Hydro-Québec, comprendrait une centaine d’unités d’une capacité globale de 1 GW (1000 mégawatts).

Cette puissance représente environ 70% de ses besoins et Éric Gauthier, directeur général de TES Canada, a expliqué que la balance proviendra du réseau d’Hydro-Québec. L’entente entre le promoteur et le gouvernement du Québec prévoit également qu’en période de pointe, le réseau de TES Canada réduirait sa production et pourrait même éventuellement alimenter la société d’État à partir de ses propres équipements.

« On a choisi la Mauricie parce qu’on est proche de la rivière Saint-Maurice, ce qui nous permet d’accéder à l’eau dont on a besoin dans notre procédé. On a accès au réseau d’Énergir et on a de vastes terrains pour développer l’électrolyseur et le parc éolien », a-t-il souligné.

TES Canada prévoit une mise en service en 2028 et Projet Mauricie créerait près d’un millier d’emplois pendant sa construction et nécessitera 200 travailleurs spécialisés pour assurer son exploitation. Les maires et conseillers des douze municipalités ciblés ont été conviés par le promoteur à une rencontre d’information le 9 novembre. Les citoyens seront quant à eux invités à participer à trois rencontres le mardi 21 novembre à Shawinigan, le lundi 27 novembre à Saint-Adelphe et le mardi 28 novembre à Saint-Narcisse.

L’électrolyseur sera en mesure de produire annuellement 70 000 tonnes d’hydrogène vert qui sera majoritairement (les deux tiers) transformé en GNR (gaz naturel renouvelable) pour être vendu à Énergir. Une plus faible proportion (le tiers) est destinée à l’industrie du transport, responsable à lui seule de 10% des émissions de gaz à effet de serre.  Projet Mauricie permettra au Québec de réduire son empreinte dans l’environnement de 800 000 tonnes de CO2, c’est-à-dire 3% à lui seul des cibles fixées par le gouvernement d’ici 2030.

Dans l’échéancier présenté aux médias, TES Canada prévoit des consultations avec la population et des ententes avec les propriétaires privés dès 2023. Les années 2024 et 2025 seront celles consacrées à la présentation des études d’impact environnemental, de l’examen du BAPE et des demandes à la CPTAQ, des demandes de permis au ministère de l’Environnement, etc. La construction en tant que telle du réseau est prévue en 2026 et 2027 pour une mise en service en 2028.

Enjeu de l’acceptabilité sociale

Les deux mots ont été répétés à de nombreuses fois et la concrétisation de ce projet de 4 milliards$, entièrement privé, reposera beaucoup sur son acceptabilité sociale dans les communautés ciblées. Présent à la conférence de presse, le préfet de la MRC de Mékinac, Bernard Thompson, ne s’en cachait pas.

« Ça va être probablement la plus grosse question. Mais étant donné que c’est un investissement privé, ça va peut-être changer la donne parce que les gens ne se sentiraient pas obligés monétairement de participer. Il va y avoir aussi les audiences du BAPE qui vont entrer en ligne de compte. Il va y avoir beaucoup de discussions. Beaucoup, beaucoup, beaucoup », a souligné le maire de Hérouxville.

Même si les emplacements précis restent à déterminer, Bernard Thompson souligne que les maires ont eu un aperçu des sites convoités lors de leur rencontre avec le promoteur. « C’est en dehors des périmètres urbains. On sait que ça va être le plus éloigné possible des habitations, mais on parle d’éoliennes de plusieurs centaines de pieds. »

De son côté, le maire de Shawinigan Michel Angers a rappelé que l’acceptabilité sociale, c’est aussi « d’accepter de participer à la décarbonation du Québec; de penser à nos enfants, nos petits-enfants et aux générations futures. C’est aussi de participer à la croissance économique, sociale et environnementale. L’acceptabilité sociale, c’est aussi de changer nos mentalités », a-t-il rappelé avant d’être chaudement applaudi par la centaine d’invités rassemblés à Espace Shawinigan.

Parc éolien et solaire : municipalités ciblées

  Hérouxville

  Saint-Tite

  Saint-Séverin

  Sainte-Thècle

  Saint-Adelphe

  Saint-Stanislas

  Saint-Narcisse

  Saint-Maurice

  Saint-Luc-de-Vincennes

  Sainte-Geneviève-de-Batiscan

  Saint-Prosper-de-Champlain

  Saint-Ubalde