Un projet 18 millions$ pour construire 80 logements
HABITATION. Indépendant de fortune et ayant fait carrière dans le domaine de la construction, Claude Laforme s’est porté acquéreur récemment de l’église Saint-Jean-Baptiste de Grand-Mère dans le but de la convertir pour un coût de 18 millions$ en un immeuble de 80 logements abordables répartis sur cinq étages.
« J’ai été dans la construction toute ma vie. Ça fait longtemps que je n’ai plus besoin de travailler. J’ai eu tout ce que je voulais à part une chose, c’est d’aider le monde. J’ai donc décidé pour le temps qu’il me restait d’aider les gens », explique l’homme de 79 ans, natif de Grand-Mère, mais qui a mené des projets immobiliers autant en Mauricie, qu’à Montréal et dans l’Ouest canadien.
Par l’entremise de René Lesieur, courtier immobilier Remax, Claude Laforme a acquis pour un somme symbolique l’église ainsi que le presbytère voisin de la paroisse Sainte-Marie-de-l’Incarnation et transféré le tout à un organisme sans but lucratif (OSBL) nouvellement créé : Les initiatives Saint-Jean-Baptiste.
« Pour l’instant, Les initiatives, c’est comme un bébé qui vient au monde. Il faut que tu l’habilles, que tu en prennes soin, que tu la nourrisses. C’est ce que je fais actuellement », assure le Grand-Mérois. En utilisant un OSBL comme véhicule pour son projet, Claude Laforme s’assure d’être éligible aux subventions disponibles pour la création de logements abordables. Au cours des derniers mois, le gouvernement du Québec a notamment réservé des centaines de millions de dollars pour pallier la pénurie de logements.
« Il y a un manque flagrant d’appartements potables, à Grand-Mère, mais aussi ailleurs dans la région. Ce qu’on va faire dans un premier temps, c’est d’aider les femmes seules et les personnes âgées qui n’ont pas de place où habiter », explique le promoteur qui a un attachement particulier pour l’église Saint-Jean-Baptiste puisque c’est là qu’il s’est marié.
Les programmes d’aide financière gouvernementaux couvrent généralement 50% des coûts. Claude Laforme s’attend à ce que la communauté et la Ville de Shawinigan embarquent sous diverses formes. « Pour que des projets comme celui-là fonctionnent, il faut que le milieu s’implique dans une proportion de 5 à 15% de l’investissement », souligne celui qui s’assure pour sa part de payer les frais d’électricité des deux bâtiments qui se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers de dollars par année.
L’homme d’affaires prévoit aussi prendre en charge les coûts d’importants travaux qui devront également être entrepris pour réparer les toitures. De plus, Claude Laforme a déjà mandaté l’architecte et ingénieur Marc-André Maillé, de Trois-Rivières, pour concevoir les plans de conversion de l’église. Le projet comprend également la transformation de la sacristie en une chapelle de 80 places à la disposition des paroissiens. Plusieurs éléments de l’intérieur de l’église, comme les vitraux par exemple, seraient rapatriés dans le nouveau lieu de culte.
Une phase 2 plus ambitieuse
Dans une phase 2, Claude Laforme projette également de construire dans le stationnement jouxtant le presbytère un immeuble de 12 étages et 200 logements destinés cette fois à une clientèle plus aisée financièrement. « Ça resterait des appartements abordables, éligibles à des subventions, mais en bas du marché actuel », projette-t-il.
Le projet comprend la démolition de l’actuelle Salle Sérénité qui est construite en partie sur les terrains qui appartenaient à la fabrique. Le nouveau propriétaire des lieux prévoit aménager une salle d’une superficie équivalente pour les membres de l’âge d’or Sérénité à même le nouvel immeuble. « On se chargerait de l’entretien. Tout ce qu’ils auront à faire, c’est d’organiser des activités. »
Dans ses prévisions, Claude Laforme aimerait régler les questions relatives aux subventions gouvernementales et de changement de zonage à la Ville de Shawinigan d’ici le début de l’année 2025. « À partir de là, on pourrait commencer les travaux de construction pour qu’en 2027, on soit prêt à livrer nos premiers logements », conclut-il.
À propos de l’église Saint-Jean-Baptiste
Construite de 1960 à 1962, selon les plans de l’architecte Joseph David Deshaies, sur un soubassement érigé une décennie plus tôt et où étaient célébrés des offices religieux, l’église Saint-Jean-Baptiste de Grand-Mère possède une architecture moderne, en vogue au Québec à partir des années 1950 selon le site du Répertoire du patrimoine culturel du Québec. L’église est intégrée à un noyau institutionnel composé du presbytère et d’une école, le tout positionné devant le parc Saint-Jean-Baptiste. De son côté, le presbytère a été construit dans la seconde moitié de la décennie 1910, à la même période de l’érection de la paroisse Saint-Jean-Baptiste et de la première église paroissiale.