Quand la persévérance scolaire est récompensée
COMMUNAUTÉ. La Fondation des Œuvres des abbés Martel et Marcil contribue depuis 2012 à prévenir le décrochage et encourager la persévérance scolaire avec un programme dédié à des élèves de l’École secondaire des Chutes de Shawinigan. Son action au quotidien s’enrichit d’activités hors de l’ordinaire afin de motiver des jeunes sur le chemin de la réussite.
Les étudiants ont récemment passé une journée à l’aéroport de Trois-Rivières pour effectuer des vols en avion. Les pilotes de l’École Évolution avaient prévu des trajets d’environ 30 minutes qui les amenaient à survoler la région jusqu’à Shawinigan où ils ont pu observer leur école d’un tout autre point de vue.
« On a plein d’autres activités aussi, on est allé faire du karting, explique la responsable du programme, Joanne Boisvert. On essaie de trouver des activités qui les sortent de leur zone de confort. C’est comme un privilège : moi, je n’avais jamais fait ça déjà des tours d’avion comme ça ! On est chanceux de pouvoir leur faire vivre ce moment-là. C’était aussi dans le but de leur faire découvrir et admirer la Mauricie, Shawinigan, Trois-Rivières, du haut des airs. C’est aussi un savoir culturel. »
Une telle journée d’activité démontre bien que l’accompagnement du programme « Ensemble pour réussir » va bien au-delà du volet académique.
« Le soutien, il peut être sous différentes formes : éliminer les irritants au quotidien et des petites vulnérabilités dans différentes sphères de leur vie. »
Un local spécialement dédié au programme à l’école est au cœur de la vie des jeunes et constitue en quelque sorte un outil supplémentaire.
« On déjeune ensemble, on discute de ce qui s’est passé la veille, de ce qui s’en vient dans la semaine, les travaux, l’étude, la révision. On devient comme une petite famille, on se soutient les uns les autres, on s’écoute. On est là pour veiller à ce que nos journées partent bien. Il y a une grande table de travail, ça arrive qu’on fait des jeux ensemble. On est là aussi après l’école, on se trouve des activités, on s’accompagne, on continue d’étudier, on va s’entraîner. C’est vaste ! »
Mme Boisvert a longtemps piloté le programme parallèlement à son travail d’enseignante. Depuis le début de l’année scolaire, elle s’y consacre entièrement.
« Ces élèves-là, quand on les accompagne depuis le secondaire 1 et qu’on est ensemble tout le temps, ça devient ma gang. Ils sont uniques, ils sont intéressants, ils sont adorables. Ils sont faciles à aimer et à aider. Chaque enfant est à découvrir et on essaie de les amener plus loin. C’est ça, le beau du projet. Dans le scolaire il y a aussi l’affectif, c’est pour réussir dans plein de choses : apprendre à cuisiner, à bien prendre soin de soi. »
Elle a créé un milieu de vie réconfortant pour les jeunes. Ces derniers savent qu’ils peuvent toujours s’y réfugier peu importe le moment ou la raison.
« J’ai la chance d’avoir un beau grand bureau. Je l’ai aménagé pour que ce soit confortable : c’est notre lieu de rencontre. Ils arrivent ici le matin, ils vont à un cours, ils peuvent revenir travailler, même chose pour les pauses, le dîner. Il y a un frigo qui est toujours plein, je suis là tout le temps. Ils savent qu’il y a un soutien. Ils peuvent m’écrire, m’appeler, même le soir, même la fin de semaine. »
De leur côté, les jeunes s’engagent et s’investissent dans leur réussite.
« Au départ, on signe un contrat. Ils me sont référés, soit par les parents qui nous ont entendu parler du projet, soit par la direction ou un enseignant. »
Afin de continuer de les épauler et aussi de souligner leur réussite, une bourse de 2 500 $ leur est attribuée lorsqu’ils décrochent leur diplôme d’études secondaires.
« On garde 500 $ pour eux en fiducie pour chaque année réussie. Puis en secondaire 5, on leur remet la bourse. Tant qu’ils sont à l’école, qu’il y a de la persévérance, ils ont leur bourse scolaire. Puis on peut les accompagner un petit peu plus loin quand ils vont au cégep ou peu importe le parcours qu’ils prennent. On les aide à aller plus loin dans les études pour qu’ils puissent aller sur le marché du travail bien accompagnés. »
Des partenaires de milieux très variés soutiennent le succès du programme.
« On a un médecin qui est là pour nous au besoin, on a un service de psychologue. On a des partenaires si on a besoin de vêtements ou autres. On peut les envoyer à des cours au privé. On est chanceux parce qu’il y a beaucoup de gens de la Mauricie qui sont gentils. C’est pour ça que ça fonctionne bien, je pense, parce qu’ils ont un soutien constant. »
Quand, comme Mme Boisvert, on s’occupe de plusieurs élèves d’aussi près pendant plus de dix ans, on réussit à les marquer positivement et durablement.
« Les élèves de ma première cohorte ont 25 ans puis je les vois encore. Je les ai accompagnés pendant cinq ans, ça fait qu’on tisse des liens très forts. Il y en a qui partent et qui font leur vie. Plus tard, ils me rappellent : « Viens voir mon petit bébé » , »Je suis sur le marché du travail » ou »Qu’est-ce que tu penses de telle ou telle chose ? » . Ça devient un lien de confiance qui est très important. »