Cultive le partage: le glanage porte fruit

Le glanage est une pratique très ancienne qui a gagné en popularité ces dernières années au Québec et dans la région. Le manque de main d’œuvre et même la pandémie ont fait augmenter le recours à cette façon de faire qui évite le gaspillage. En Mauricie, l’organisme Cultive le partage encadre le glanage. Tout le monde en bénéficie: les cueilleurs, les agriculteurs et des organismes communautaires.

Par une belle journée ensoleillée, mais pas trop chaude, une vingtaine de cueilleurs et cueilleuses arpentent les champs de la bleuetière Au jardin des fées bleues de Saint-Luc-de-Vincennes.

« Cette année, la saison a commencé très tôt, confie le propriétaire de la bleuetière, Cédric Darini. Comme il n’y a pas eu beaucoup de neige, le sol a dégelé très tôt, puis il a fait très chaud très vite. On finit quasiment avec deux ou trois semaines d’avance. »

Les plants de bleuets sont placés de façon à ce que leur maturité ne soit pas atteinte au même moment, mais en cette fin de saison, les petits fruits doivent tous être cueillis en même temps. C’est là qu’arrive à la rescousse l’équipe de Cultive le partage.

« Cultive le partage a été créé en 2022, explique Magaly Macia, chargée de projets. L’idée c’était de promouvoir le glanage à travers la Mauricie. Cette année, l’union avec La Brouette nous permet d’aller chercher une meilleure assise. Toutes les initiatives sont gérées par Cultive le partage. Avant, c’était soit des MRC, des SADC, il y avait plusieurs personnes porteuses du projet. En centralisant, on va chercher des financements communs, parce que la mission est la même pour tous. L’union fait qu’on gère le glanage dans sa globalité dans toute la Mauricie. »

Jusqu’à maintenant, une bonne dizaine d’activités de glanage ont été réalisées en Mauricie.

« On commence la saison de glanage en juin. Cette année, il y a une dizaine de jours d’avance sur à peu près tout. Généralement, la fleur d’ail, c’est plus fin juin puis là c’était un peu avant. Ensuite, ce sont les petits fruits qui arrivent rapidement. C’est vraiment une très belle année de petits fruits. »

Glanage rime avec partage

Non seulement les producteurs et les cueilleurs conservent une partie de ce qui est ramassé, mais grâce à l’intervention de Cultive le partage, une foule d’organismes communautaires en récoltent une certaine quantité.

« Quand on fait du glanage, il y a un tiers qui reste pour les cueilleurs, un tiers pour le producteur et l’autre tiers est distribué dans les organismes. Quelquefois, le producteur laisse sa part. Il nous arrive d’en avoir un peu plus pour les organismes. Aujourd’hui les fruits sont très mûrs. Parfois la qualité n’est pas suffisante pour les vendre mais ça va bien aller pour faire de la transformation. Mais pour les pommes, par exemple, les gens ne peuvent pas partir avec un tiers des pommes parce que c’est trop. On ne veut pas gaspiller non plus. »

Le nombre d’organismes qui bénéficient du fruit des récoltes est impressionnant, explique Carolann Massicotte, chargée de récoltes.

« Il y a des CPE, des camps de vacances comme le Lac en Cœur, les Femmes de Mékinac, tout ce qui est organisme communautaire qui offre de l’aide alimentaire, le Carrefour Normandie. On va en livrer à tous les centres d’action bénévole un peu partout dans la région. Eux vont en livrer à des familles. Ils vont aussi s’occuper généralement des frigos partage. Ce n’est pas que pour les gens qui ont un faible revenu. C’est aussi pour monsieur madame tout le monde. Le but, ce n’est pas seulement d’aider les gens à se nourrir, mais aussi à contrer le gaspillage alimentaire. »

Parmi les glaneurs et glaneuses, deux femmes de Trois-Rivières sont venues ramasser des bleuets.

« C’est ma façon de faire du bénévolat, indique Louise Fréchette. Ça rejoint nos valeurs profondes de non-gaspillage et de partage, parce qu’après ça, notre part, on la partage avec les enfants, avec les amis. C’est une très belle initiative, vraiment. »

Il s’agit d’une deuxième cueillette en autant de jours pour Andréanne Belzile.

« C’est super zen comme activité, c’est comme une thérapie, faire de la cueillette. Puis tout le monde en bénéficie. C’est vraiment l’idée que tout le monde est gagnant de faire l’activité. C’est juste un peu de notre temps, ça ne coute rien. »

Une pratique ancienne 

« Le glanage existe depuis le Moyen Âge, mais c’est vrai que c’est beaucoup plus populaire depuis cinq, six ans, souligne Magaly Macia. Ç’a commencé à Montréal et il y en avait aussi en Gaspésie. Dans des Chenaux, on a commencé en 2020, c’est Maskinongé qui avait commencé en 2019. On s’est associé à eux, ils nous ont beaucoup soutenus pour savoir comment on allait démarrer. » 

Chaque année, l’activité gagne en popularité.

« Il y a eu des financements possibles qui ont permis de créer ces activités avec des gens allumés, des gens qui ont envie de changer le monde. Il faut savoir qu’il y a une communauté de pratique du glanage au Québec. Le groupe Glanage au Québec a une carte qui indique toutes les activités de glanage qui se font à travers la province. »

En plus de récolter des fruits et des légumes, les membres peuvent accomplir différentes tâches lorsque les agriculteurs font appel à eux.

« On peut aussi proposer aux producteurs de faire des corvées. Ça arrive, c’est ponctuel. On pourrait aller désherber. À Shawinigan, ils sont venus aider à couper les tiges d’ail, ç’a dépanné. C’est du bénévolat. Les bénévoles qui viennent savent qu’il n’y a pas de rétribution, mais généralement le producteur va donner quelque chose. Des fois, il est très généreux, des fois, c’est trop! Nos producteurs et productrices ont conscience du travail et des bénéfices d’avoir des bénévoles qui viennent travailler, même si on n’est pas des professionnels. »

Devenir membre

Les citoyens intéressés à s’impliquer à Cultive le partage peuvent devenir membre de l’organisme au coût de 20 $ par année.

« Toutes les adhésions sont les bienvenues, parce qu’on est un organisme qui ne fait pas d’argent. Ça nous permet de pouvoir compléter nos subventions. On peut adhérer à chaque année ou sur trois ans à titre de citoyen ou d’organisme. Ça permet aux gens d’avoir un rabais ou la gratuité sur certaines activités, des ateliers. Pour le glanage, l’activité est gratuite. Les gens s’inscrivent et indiquent sur quel territoire ils veulent participer. »