Un préjugé favorable envers La Présentation et Mont-Carmel

PATRIMOINE.  Comme l’ont fait ou le font les onze autres paroisses du diocèse de Trois-Rivières, celle de Notre-Dame de la Joie a entrepris au cours des derniers mois une importante réflexion visant à décider du sort de ses églises et presbytères au moment où le nombre de pratiquants diminue d’année en année.

Née en 2018 du regroupement des anciennes paroisses de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Notre-Dame-de-la-Présentation, Saint-André, Saint-Sauveur et Sainte-Jeanne-d’Arc, les quatre dernières étant situées dans le secteur Shawinigan-Sud, la paroisse Notre-Dame de la Joie et son prêtre modérateur, Marc Lahaie, tenaient une troisième rencontre de consultation le 26 septembre dernier au cours de laquelle les paroissiens étaient invités à inscrire individuellement leur choix sur une feuille.

« Les opinions étaient très variables d’une église à l’autre, mais il y avait une quasi-unanimité autour de Notre-Dame-de-la-Présentation. C’est incontournable, il faut la garder, mais il y a aussi une unanimité que l’Église catholique n’a pas les reins assez forts pour le faire. Il faut donc mettre en place un processus sérieux de relève pour que cette église-là ait un avenir et qu’on assure sa pérennité », expliquait Marc Lahaie à L’Hebdo au lendemain de la rencontre.

Ce consensus n’est évidemment pas étonnant compte tenu du caractère exceptionnel de cette église qui fête en 2024 son 100e anniversaire. Les 15 toiles du célèbre peintre Ozias Leduc qui ornent ses murs ont été classées biens culturels par le gouvernement du Québec en 1975 et l’église a été désignée lieu historique national en 2004 par le gouvernement du Canada.

Bien que rien n’ait encore été décidé, l’abbé Lahaie verrait très bien un groupe se former autour du Comité de protection des œuvres Ozias Leduc pour entreprendre cette réflexion quant à l’avenir du lieu de culte. « C’est une église où il y a encore beaucoup de célébrations comme des mariages et des funérailles », note celui qui agit comme prêtre modérateur de la paroisse depuis juillet 2023.

En compilant les 159 fiches remplies par les paroissiens présents, Marc Lahaie a aussi décelé une deuxième tendance généralisée, soit que l’église Notre-Dame-du-Mont-Carmel demeure dans le giron diocésain tout en ayant là aussi un coup de pouce de la communauté.

« Cette église-là fait ses frais et n’a pas de déficit localement. Quand c’est une ville, une église, c’est plus facile que la ville puisse supporter. Pour assurer la survie de cette église, ce qui n’est pas envisageable à Shawinigan l’est peut être plus à Notre-Dame-du-Mont-Carmel?, s’interroge-t-il à voix haute à propos d’une éventuelle implication de la municipalité. Plusieurs des commentaires recueillis vont dans ce sens, soit que des démarches soient entreprises pour vérifier si cette piste est envisageable. »

Vente de deux presbytères

Quant aux trois autres églises (Saint-André, Saint-Sauveur et Sainte-Jeanne-d’Arc) de la paroisse, les avis variaient beaucoup d’un répondant à l’autre. « Ça va dans tous les sens. D’un amour inconditionnel jusqu’à la mettre en vente. Certaines personnes ont suggéré que la Ville de Shawinigan étudie la possibilité d’y aménager son centre culturel », poursuit Marc Lahaie, en faisant référence au projet de construction d’un nouveau centre des arts ou de la rénovation de l’actuel.

Bien que cette dernière rencontre de consultation soit importante pour l’avenir des cinq églises, le prêtre modérateur ne se fixe pas d’échéancier quant à une décision finale. « On a déjà vendu les presbytères Sainte-Jeanne-d’Arc et Saint-André depuis la fin mars. On donne donc déjà des preuves du sérieux de notre démarche. On ne peut se permettre de réfléchir encore pendant cinq ans, mais on veut quand même être prudent et prendre notre temps de bien faire les choses », conclut Marc Lahaie.