L’éducation émotionnelle dès l’école primaire

Il y a 10 ans, la Fondation des Petits cœurs rieurs, située à Shawinigan, créait son tout premier programme entièrement gratuit : celui d’Éducation émotionnelle et sociale. Rapidement, l’intérêt s’est propagé dans la province et, à ce jour, ce sont près de 8000 élèves de tous horizons qui en ont bénéficié.

Ce programme vise à aider les enfants de 1re, 2e et 3e années du primaire à identifier et à gérer leurs émotions de manière saine. Avec une approche ludique et éducative, les jeunes apprennent à reconnaitre leurs propres sentiments et à développer leur empathie envers les autres.

Ce programme clé en main inclut une variété d’outils et d’activités ludo-éducatives. Il est conçu pour être intégré facilement dans les matières scolaires existantes, facilitant ainsi son adoption par les enseignants. Du matériel didactique et une formation leur est offerte ainsi qu’aux parents. De plus, les enfants peuvent continuer leur apprentissage à la maison avec leur aide, renforçant ainsi le lien entre l’école et la maison.

Si le programme se donnait tout d’abord uniquement en présentiel dans les écoles de la Mauricie, la Fondation a réussi à brillamment transiter son programme en mode hybride et à rejoindre des écoles et des centres de services scolaires partout dans la province. Maintenant, grâce au site web de la Fondation, tous les enseignants peuvent se former et obtenir les outils dont ils ont besoin pour l’enseigner aux enfants. Pour les élèves de troisième année, il existe même le jeu de société Émorico qui fait un retour sur toutes les notions apprises, conçu avec l’approche de la thérapie cognitivo-comportementale.

« Le programme leur apprend à identifier leurs émotions, à utiliser les vrais mots, à reconnaitre les symptômes physiques et les comportements négatifs liés aux émotions négatives et, surtout, à cesser de croire que leurs émotions sont causées par les autres ou par des événements, mais plutôt par nos pensées. On enseigne une vingtaine d’émotions aux enfants dès le primaire ainsi que le concept des paroles magiques. Ce sont des pensées réalistes qui aident à se sentir mieux et à réduire les émotions négatives », dit-elle.

Mme Borgia tient à rappeler que les parents peuvent jouer un rôle crucial dans l’éducation émotionnelle de leurs enfants de plusieurs manières, que ce soit en encourageant l’expression des émotions, en leur posant des questions sur ce qu’ils ressentent, en validant leurs émotions et en montrant comment eux-mêmes gèrent leurs émotions. En s’impliquant activement, les parents peuvent contribuer à développer chez leurs enfants des compétences émotionnelles essentielles qui les aideront tout au long de leur vie.

Les parents, enfants ou enseignants peuvent découvrir le programme en visitant le site web de la Fondation.

Un travail en amont

Diane Borgia est criminologue et psychothérapeute. En 2014, elle a réuni des parents, des enseignants et des gens du milieu communautaire afin de créer la Fondation des Petits cœurs rieurs avec la mission première de venir en aide aux moins de 18 ans en faisant de la prévention en santé mentale. Toute de suite après sa création, elle a mis sur pied son tout premier programme, encore actif à ce jour. « On espère éventuellement développer un second programme pour le deuxième cycle du primaire, puis du secondaire, parce qu’on sait qu’il y a beaucoup d’anxiété chez les jeunes qui passent du primaire au secondaire », estime Mme Borgia.

« Les commentaires qu’on recevait, c’était que l’école nous apprend à lire, à écrire, à chanter, à faire de la gym, mais que du côté émotionnel, on n’apprend pas grand-chose à nos enfants », dit-elle.

Psychothérapeute de formation, Diane Borgia a travaillé plus de 35 ans auprès de clientèle dépressive et aux prises avec des dépendances émotives et affectives. « Ce sont des gens qui ont beaucoup de difficultés émotionnelles. Je me dis, pourquoi attendre d’être adulte avant de faire la démarche pour comprendre comment fonctionnent nos émotions, alors qu’on pourrait très bien l’apprendre comme n’importe quelle matière scolaire? », conclut-elle.