Quand la nature reprend ses droits sur le béton

ENVIRONNEMENT. L’esplanade bétonnée au-devant de l’entrée principale du Cégep de Shawinigan a laissé la place depuis la fin de l’été à une jeune forêt nourricière qui vient à la fois éliminer un îlot de chaleur tout en augmentant la biodiversité sur le campus.

Aménagé par l’équipe d’Environnement Mauricie et d’une soixantaine de bénévoles, le nouvel espace vert est composé de 438 végétaux, soit 322 herbacées, 77 arbustes, 17 arbres et 22 plantes grimpantes. La nouvelle forêt nourricière a été plantée après que plus de 820 mètres de béton aient été retirés de la place centrale traditionnellement utilisée par les cégépiens entre deux cours. On y trouve à présent des plantes comme un noyer noir, des fraisiers, un arbuste de prune-abricot, de la chicorée sauvage et des asperges pour ne nommer que ceux-là.

« Ça fait un choc d’entrer dans une forêt nourricière comme celle-ci parce que notre vision des espaces verts est encore trop teintée d’une approche esthétique et ornementale. On veut que ça soit propre, avoir du beau gazon vert et un arbre épuré alors qu’ici, on propose un rapport différent avec la nature », a expliqué d’entrée de jeu Lauréanne Daneau, directrice générale d’Environnement Mauricie.  

En fait, ce qui pourrait être interprété comme de la négligence dans l’entretien paysager de la part du cégep est en fait un aménagement réalisé selon les principes de la permaculture. « Cela a l’air de n’importe quoi, mais c’est en fait très ordonné. Parce qu’elle est jeune, la forêt nourricière pourrait être confondue avec de la mauvaise herbe, mais il faut laisser à la nature de prendre sa place », poursuit-elle.

 La permaculture, c’est l’équilibre entre les plantes qui permettent d’enrichir le sol et d’attirer la biodiversité. L’emplacement de chacun des végétaux a été pensé en fonction qu’ils communiquent avec ses voisins. Chacun des arbres, arbustes, fleurs et herbacées s’autorégulent et s’alimentent par les racines. »

Débutée en juin, la forêt nourricière du Cégep de Shawinigan apporte déjà des bénéfices alors que durant l’été, plusieurs passants ont remarqué la présence de nombreux insectes pollinisateurs dans l’environnement extérieur de l’établissement.

Évalué à 150 000$, le projet de forêt nourricière a bénéficié d’une aide financière de 100 000$ de la Ville de Shawinigan provenant de l’Entente de vitalisation du Fonds régions et ruralité du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Le maire Michel Angers a louangé cette initiative qui concorde parfaitement avec son plan de vitalisation adoptée en 2022 et dont l’un des objectifs est justement de lutter contre les îlots de chaleur. À cet effet, il a souligné que des stationnements comme ceux de la Plaza de la Mauricie et de Wal-Mart gagneraient à intégrer des espaces verts.

L’inauguration du nouvel aménagement a été aussi l’occasion d’inviter la population à se joindre à la communauté nourricière composée de personnes issues du cégep et du voisinage qui souhaitent participer à l’entretien et à la cueillette de la forêt, bâtissant ainsi un réseau de solidarité.

Aux 68 bénévoles qui ont pris part aux ateliers d’idéation et à la plantation, créant ainsi le premier noyau de cette communauté nourricière, Environnement Mauricie invite les autres amants de la nature à adhérer à la communauté en se joignant au groupe Facebook Forêt nourricière Shawinigan.