L’Engagement de Montréal signé par 70 pays vise à rapatrier les enfants ukrainiens

MONTRÉAL — Les représentants de plus de 70 pays réunis dans la métropole ont conclu l’Engagement de Montréal dont l’objectif est de rapatrier les enfants ukrainiens enlevés par la Russie.

«Nous pouvons être fiers que, malgré des pressions directes de la Russie de ne pas participer à cette conférence, plus de 70 pays de tous les continents se sont présentés», a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, à la clôture, jeudi, de la Conférence ministérielle sur la dimension humaine de la Formule de paix de l’Ukraine.

«Ce qu’on fait jette un éclairage sur quelque chose qui embarrasse la Russie», a-t-elle ajouté, soulignant que l’objectif était de «nous assurer que le monde entier sache que des milliers d’enfants ne devraient pas être en Russie mais bien ramenés dans leurs familles».

Rappel à la Russie

À ses côtés, son vis-à-vis norvégien et co-hôte de la conférence, Espen Barth Eide, a rappelé en invoquant la Charte des Nations unies, la Convention de Genève et les lois sur les droits de la personne, qu’«il y a des règles, même en temps de guerre».

«Nous devons rappeler à la Russie avec force qu’elle a signé la plupart de ces instruments qu’elle viole sur une base quotidienne. Les pays souhaitent voir la force de la loi et non la loi de la force», a martelé le ministre norvégien.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Andrii Sybiha, était reconnaissant de l’appui recueilli par les ministres des Affaires étrangères et ambassadeurs des pays participants. «Il n’y a aucune personne indifférente à cette conférence», a-t-il déclaré, faisant valoir à son tour que «la Russie a tenté de bloquer cette conférence et a travaillé de manière destructive dans plusieurs capitales».

20 000 enfants enlevés

On estime que quelque 20 000 enfants ukrainiens ont été enlevés par les militaires russes, décidés à les «russifier». Jusqu’ici, seulement 860 d’entre eux ont été retournés dans leurs familles.

À l’ouverture du deuxième jour de la conférence, le premier ministre Justin Trudeau s’était adressé aux délégations, appelant tous les pays à se joindre à l’Engagement de Montréal pour tout mettre en œuvre afin de rapatrier les enfants ukrainiens enlevés par la Russie.

«Les enfants ukrainiens enlevés par la Russie doivent être retournés à leurs familles. Les prisonniers de guerre doivent être libérés», a clamé Justin Trudeau.

Son allocution suivait le témoignage vidéo d’un adolescent ukrainien qui a raconté son enlèvement et les obligations autoritaires imposées par ses gardiens russes avant qu’il ne puisse retrouver sa famille.

«Ils nous regardent»

Justin Trudeau a rappelé que le Canada, comme plusieurs autres pays, a accueilli de nombreux réfugiés ukrainiens. Ces réfugiés, et encore davantage les Ukrainiens toujours dans leur pays, «nous regardent. Ils s’attendant à ce qu’on fasse ce qui s’impose, que l’on prenne toutes les mesures nécessaires pour assurer le triomphe de l’Ukraine, la protection de ses gens, de ses enfants et de son identité», a plaidé le premier ministre.

Il a profité de la présence de toutes ces délégations internationales pour rappeler que ce conflit déborde largement les frontières de la Russie et de l’Ukraine. Partant d’une conséquence immédiate pour les populations vulnérables qui dépendent des céréales ukrainiennes pour leur survie, il a poursuivi en affirmant que «toute la communauté internationale doit faire tout ce qu’il faut pour mettre un terme à cette guerre d’agression, que ce soit à cause de l’insécurité alimentaire, à cause des conséquences de la désinformation russe autour du monde, à cause de la manière dont la Russie a encouragé d’autres régimes totalitaires et miné le droit international».

Cinq pays s’engagent

Mélanie Joly a par ailleurs annoncé à l’issue de la conférence que le Qatar, l’Afrique du Sud et le Vatican se sont offerts pour servir d’intermédiaires officiels afin de négocier le retour des enfants.

Le Qatar s’est aussi engagé, avec la Lituanie, à agir comme pays de transition pour les Ukrainiens qui seraient libérés à l’issue de négociations, alors que les Émirats arabes unis ont promis de maintenir leur travail de médiation afin d’obtenir la libération de prisonniers ukrainiens.