Le «maire de la nuit» d’Ottawa veut transformer la ville pour la rendre plus nocturne
OTTAWA — La capitale du Canada a longtemps eu la réputation d’être une ville sans divertissement. Mathieu Grondin veut être celui qui changera cette situation pour de bon.
M. Grondin a été embauché en juin comme premier commissaire de la vie nocturne d’Ottawa, un poste surnommé le «maire de la nuit». Son objectif est de transformer une ville ennuyeuse et bureaucratique en une ville à la mode au cours des 10 prochaines années.
«Beaucoup de gens semblent penser qu’Ottawa est une ville ennuyeuse», a affirmé M. Grondin, qui a vécu la majeure partie de sa vie à Montréal.
«Je ne partage pas cette opinion.»
La main-d’œuvre d’Ottawa est largement composée d’employés du gouvernement fédéral qui, même avant que la COVID-19 ne change les habitudes de déplacement, avaient la réputation de fuir rapidement le centre-ville pour ses banlieues et au-delà dès la fin de la journée de travail.
Ces travailleurs ne contribuent pas toujours à la vie nocturne et beaucoup à l’intérieur et à l’extérieur d’Ottawa voient la ville comme un centre bureaucratique.
Dans une démarche digne de cette réputation, les responsables se sont tournés vers un nouveau bureaucrate pour remédier à cela.
M. Grondin a été embauché par la Ville d’Ottawa pour diriger l’un des premiers plans de politique de la vie nocturne au Canada. Il a déclaré que la gouvernance de la vie nocturne fait partie d’une tendance mondiale qui a le potentiel de stimuler le tourisme, l’activité économique et le divertissement.
Ce rôle n’existe que depuis quelques mois, et bien que des rôles similaires aient existé ailleurs, la notion est assez inhabituelle au Canada.
«C’est une nouveauté pour tout le monde, a dit M. Grondin. Je pense que tout le monde regarde cela avec un peu de curiosité.»
Amsterdam est généralement considérée comme la première ville à avoir mis en place un tel poste. Des villes comme New York et Washington ont suivi le mouvement, tandis que Montréal a un conseil de la nuit.
Des bonnes bases
M. Grondin a déclaré que les bases d’une vie nocturne animée existent déjà à Ottawa. Le problème est que trop peu d’habitants de la ville en sont informés.
«Il se passe beaucoup de choses à Ottawa, a affirmé le commissaire. D’une manière ou d’une autre, il semble que la communication sur ces événements ne soit pas très efficace.»
Les chiffres de la Ville d’Ottawa suggèrent que les résidents et les visiteurs dépensent environ 1,5 milliard $ en activités de vie nocturne chaque année. L’économie de la vie nocturne de la ville inclut 4600 entreprises, qui emploient 38 000 travailleurs.
«Nous voulons créer de nouvelles initiatives et développer celles que nous avons déjà, et éventuellement, nous voulons être en mesure de promouvoir la ville comme une destination de vie nocturne pour les touristes nocturnes», a expliqué M. Grondin.
Mais la façon dont les résidents d’Ottawa perçoivent leur propre vie nocturne pourrait être le plus grand défi.
«Je pense que nous devons reconstruire cette fierté autour de la ville, autour de notre propre vie nocturne, de notre propre scène locale», a soutenu M. Grondin.
Ce changement ne se produira pas du jour au lendemain. M. Grondin a déclaré que la résolution des problèmes connexes, comme les crises du logement et de la toxicomanie, relève de la compétence du conseil municipal.
En 2025, il espère mettre en œuvre un nouveau plan de sécurité et de sûreté ainsi qu’un outil en ligne pour sensibiliser aux activités nocturnes d’Ottawa.
En septembre, le commissaire a annoncé son projet de créer un nouveau «conseil de la vie nocturne» composé de bénévoles. Les membres du conseil devraient être annoncés sous peu.
M. Grondin a déclaré que plus de 500 personnes avaient postulé pour ces postes avant la clôture des candidatures le 11 octobre.
Le président du comité des transports de l’Association communautaire du centre-ville, Derrick Simpson, a annoncé sur le réseau social X qu’il était l’un d’entre eux. M. Simpson a déclaré que s’il était sélectionné, il souhaite améliorer les programmes de trottinettes électriques et ajouter des cartes, des casiers à vélos et des zones de dépôt pour les voitures de covoiturage et les taxis au centre-ville.
«Il y a beaucoup de place à l’amélioration, mais nous partons d’une bonne situation», a dit M. Simpson.
Zachary Dayler, le directeur général de l’Autorité du district du Marché By, a déclaré que la mise en place d’un commissaire de nuit et d’un conseil de nuit est une forte indication que la ville cherche à essayer de nouvelles choses.
«Je pense que c’est simplement l’évolution naturelle de la direction que nous prenons en tant que ville, a-t-il dit. Je pense que l’avenir d’Ottawa est incroyablement excitant.»
M. Grondin a affirmé que le programme d’action du centre-ville d’Ottawa, un plan publié par la Chambre de commerce d’Ottawa et l’Institut urbain du Canada en mai, contribuera également à stimuler l’activité du centre-ville. Ce plan prévoit des moyens d’accueillir 40 000 personnes au centre-ville d’Ottawa d’ici 2034.
Il a également souligné le lancement prévu d’une salle de concert de taille moyenne au marché By et la construction promise d’un nouvel aréna de la LNH pour les Sénateurs d’Ottawa sur le site des plaines LeBreton, juste à l’ouest du centre-ville, qui apportera beaucoup d’action au centre-ville.
«Au cours des 10 prochaines années, le visage de la ville va être transformé, a assuré M. Grondin. C’est une excellente occasion de poser les bonnes pierres, vous savez, d’avoir une bonne base pour que nous puissions développer une vie nocturne à Ottawa.»