Denis Morin : l’homme qui rénove les écoles au Québec

ÉDUCATION. L’organisme Lab-École va inaugurer, le printemps prochain à Gatineau, sa sixième et dernière école, ce qui mettra fin à une expérience qui n’aura duré que sept ans, mais dont l’impact va durer longtemps, selon Denis Morin.

« Maintenant, est-ce qu’il y aura un Lab-École 2.0 ? Est-ce qu’il y aura une volonté pour poursuivre d’une façon ou d’une autre cette expérience ? J’espère bien ! ». C’est qu’avec ces mots que le coordonnateur des services éducatifs et de l’évaluation aime résumer son passage au sein de Lab-École après plusieurs années d’implication dans le monde éducatif québécois.

« Au niveau de l’architecture, je crois que le projet a fait ses preuves et je pense que tout le monde dispose maintenant de tous les outils pour être capable de travailler des projets de construction, des projets d’agrandissement, des projets de rénovation de leurs écoles », ajoute-t-il fièrement.

Le Shawiniganais, qui dirigeait des écoles pendant une bonne partie de sa vie professionnelle, se souvient des défis et des difficultés rencontrés à l’époque.

« Les gens m’interpellaient: « Denis, j’ai un problème, je n’ai pas de place pour ceci, on n’a pas de local pour ce projet, etc. ». Alors dans ces nouvelles écoles, l’environnement qui a été pensé par notre équipe fait en sorte qu’on a voulu, en amont de la construction, répondre aux besoins éducatifs d’aujourd’hui », souligne-t-il.

« On n’est plus dans un paradigme de l’enseignement où je suis en avant, j’enseigne, vous écoutez, vous répondez. On est dans un système de co-construction des apprentissages. On est dans un paradigme de l’apprentissage où les enfants vont bouger tout au long de la journée pour apprendre, apprendre en cuisinant ou en cultivant au jardin, apprendre dans un écosystème qui favorise aussi beaucoup l’adoption d’un mode de vie physiquement actif », explique Denis Morin.

Il souligne que le but de ce projet était aussi de réinventer les cours d’école. Son équipe a travaillé avec plusieurs municipalités afin que les chemins qui mènent à l’école soient plus sécurisés, plus intéressants.

Même s’il croit qu’il reste beaucoup de travail à faire, il estime que le mouvement lancé par Lab-École permettra au système scolaire de continuer de se questionner sur les meilleures façons d’adapter l’environnement aux besoins actuels.

Une retraite active

Alors que le chapitre du Lab-École tire à sa fin, Denis Morin réfléchit sérieusement à prendre sa retraite, un an après la naissance de sa petite-fille.

« J’aimerais bien m’asseoir un peu, j’aimerais aussi voir ma petite-fille grandir, la regarder jouer et me promener à quatre pattes avec elle. En même temps, je n’ai pas perdu ma passion pour l’éducation, car je pense que je vais rester à l’affût des opportunités pour, pas à temps plein, pour continuer à contribuer dans ce monde d’éducation », raconte-t-il.

M. Morin souligne qu’il s’agit d’un grand travail d’équipe. C’est le fruit de la contribution d’une centaine de personnes qui ont travaillé à ce projet-là.

« Ce fut un grand plaisir de réaliser ces travaux et de voir leurs impacts. Quand on va à Maskinongé, à Saguenay, à Rimouski, à Shefford ou dans l’arrondissement Limoilou, on se rend bien compte des retombées que peut avoir notre implication », raconte-t-il la tête haute.

Son mandat comme coordonnateur se terminera en même temps que la fin de l’expérience de cet organisme. « Notre mandat se poursuit jusqu’au 30 juin prochain. D’ici là, on a des rapports à faire et des projets dont on va terminer l’exécution ».

« On aura un colloque, les 15 et 16 mai 2025 à Québec, où on va dévoiler les résultats de nos travaux. Il reste une publication aussi à faire pour démontrer comment peut-on accompagner le changement auprès des équipes-écoles qui veulent justement avoir de nouveaux espaces d’apprentissage puis les utiliser à leur plein potentiel », ajoute-t-il.

Interinfluence entre le Lab-École et l’Europe  

L’équipe de Lab-École a visité plusieurs écoles en Europe et notamment dans les pays scandinaves, où elle trouve le modèle des écoles très probant.

« Ce n’est pas seulement au niveau des constructions, mais au niveau aussi des pratiques éducatives qui sont mises en place. Quand l’éducation est une priorité nationale, on voit bien, on voit des peuples, on voit des pays vraiment performer », déclare M. Morin.

Cette inspiration va dans les deux sens, car les projets du Lab-École ont eu des retombées en Europe.

« On a aidé la cellule du parti scolaire du ministère de l’Éducation nationale en France à repenser un peu ses projets d’infrastructures des cours des écoles. On a aussi aidé les départements des Antilles à se questionner sur leur construction pour les rendre plus solides à cause des séismes. Mais en même temps, ils rencontrent les mêmes problématiques que nous; la persévérance des jeunes, leur inaction, leur dépendance à l’écran, donc il y a des partages intéressants qui se sont faits entre le Québec, la France, les Antilles, et ailleurs dans le monde », tient à préciser Denis Morin.