Yves Villemure: l’urgence de peindre

Pendant des décennies, il y a des gens que l’on croit bien connaitre et que l’on découvre tout autre par une rencontre d’intimité.

Tout récemment, lors d’un vernissage au Centre des Arts de Shawinigan, une toile me fascine, m’enchante, m’interroge et m’émeut. Elle est signée par l’artiste-peintre Yves Villemure.

Tout le monde reconnait cet homme comme infirmier des salles d’urgence de l’Hôpital Ste-Thérèse (1967 à 1972) et du Centre hospitalier régional de la Mauricie de 1972 au 2 juillet 1996, date de sa retraite, après 30 ans de métier, à l’âge de 56 ans. Le 8 avril, il célébrera son 70e anniversaire de naissance. Peu de gens savent qu’il est un artiste-peintre de talent aux œuvres d’exception. Il est un homme bien connu, un peintre méconnu.

À 24 ans, en 1967, Yves fut gradué du premier contingent d’infirmiers au Québec. Il est de l’époque des intervenants en santé qui devaient affiler les aiguilles avec des pierres ponce. C’est d’ailleurs ma vénérable tante Bernadette Perreault, en pleine forme à 94 ans, qui l’initia avec autant de rigueur que d’empathie. Il en garde un souvenir intarissable. Dans tout ce qu’il fait, travail ou hobby, c’est la passion qui l’habite et l’habille le mieux. À la blague, bien placé qu’il est par son vécu d’urgentologue, il dira : «La passion, c’est comme une maladie, il est plus facile de l’attraper que de s’en débarrasser». Voilà qui décrie bien sa personnalité. Sa vie durant, il fut un infirmier dévoué à la profession, disponible aux bénéficiaires, passionné, effacé, attentionné et comblé par son métier.

Démarque artistique

Dès sa plus tendre enfance (4 à 5 ans) Yves affectionnait le dessin qui meublait son quotidien. C’est un petit coffret à peinture aux couleurs primaires qui lui fut offert à ses 18 ans et qui eut l’effet d’un déclencheur pour sa carrière de peintre amateur. Depuis 1996, comme retraité, il s’adonne à son hobby de jadis mais à temps plein. En peintre solitaire dans son atelier, il privilégie comme sujets les animaux, les natures mortes, les paysages régionaux qui mettent en relief les valeurs du Québec profond. Il m’a été possible d’apprécier l’œuvre de cet «autodidacte du pinceau» par le visionnement de trois volumineux albums qui contiennent la presque totalité de ses tableaux soit près de 750 copies de ses croquis et peintures.

Présentement, il peint de 3 à 4 heures journellement, 4 jours/semaine pour mieux raffiner les œuvres qu’il exposera en solo dès mars et avril prochain à la bibliothèque Bruno-Sigmen . Toutes ses œuvres ont une belle naïveté, une riche simplicité dont l’heureux mariage de couleurs joyeuses fait foi d’une technique bien maîtrisée par la douceur et la fluidité des jeux de lumières et d’ombrages. Ses tableaux ont la dignité et la sobriété de son créateur. Ses «toiles d’hiver» enneigées m’ont conquis par leur perspective. Ce Grandmérois d’origine a connu la joie de voir plusieurs de ses toiles et de ses cartes de souhaits primés par divers organismes reconnus. En fait, plusieurs de ses toiles en collections privées ont prix preneurs en France, aux États-Unis, au Portugal, en Suisse, au Japon et en Angleterre. Il est un peintre de talent au style aussi unique qu’attrayant qui s’ignore. Il est habité par une humilité qui l’honore. S’Il est vrai que les hommes meurent mais que leurs œuvres demeurent, son héritage sera manifeste et incontournable comme peintre d’élite de la région.