Eau potable: Québec dit oui

Après une bataille qui a duré 18 mois, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) a fait parvenir le 16 septembre dernier une lettre au maire Michel Angers dans laquelle il se dit «favorable au scénario présenté par la Ville de Shawinigan pour un approvisionnement en eau potable à partir des lacs à la Pêche et des Piles.»

«Une grande victoire pour Shawinigan, ses citoyens et le gouvernement», s’est exclamé Michel Angers en conférence de presse lundi après-midi. Pour opérer ce virage à 180 degrés par rapport au scénario original privilégiant la rivière Saint-Maurice, le MDDEP a dû admettre le bien fondé des arguments présentés par la Ville.

«Les études effectuées par la Ville de Shawinigan, les modifications apportées et les avis obtenus du Centre d’expertise hydrique du Québec, de Parcs Canada et du MRNF ont démontré qu’il était possible de prélever les débits par Ville de Shawinigan.»

Pour conserver le statu quo, le MDDEP émet des conditions précises que le maire Michel Angers ne prévoit pas avoir de problème à rencontrer. Il est notamment exigé une gestion serrée du barrage du lac des Piles de manière à assurer un approvisionnement continue en eau du ruisseau des Piles. «Ça se faisait déjà presque naturellement», indique le maire.

Même chose pour le niveau du lac à la Pêche mais pour ce plan d’eau, le MDDEP ne s’immiscera pas sur les terres fédérales, préférant s’en remettre à l’expertise de Parcs Canada. Une façon de faire qui satisfait Michel Angers, lui qui souligne l’«excellente collaboration» qu’il entretient avec son voisin fédéral. Rappelons que le lac à la Pêche fournit plus de 70% de l’eau des Shawiniganais (25 000 mètres cubes par jour contre 8000), le lac des Piles.

Robinet fermé pour Rio Tinto Alcan et Arbec

Autre condition, le MDDEP demande à ce que la Ville de Shawinigan cesse d’approvisionner en eau potable l’usine Shawinigan, de Rio Tinto Alcan, et Arbec, dans le secteur Saint-Georges-de-Champlain. Pas de surprises là non plus pour Shawinigan qui avait déjà entamé il y a plusieurs mois des négociations avec les deux entreprises en vue de les préparer à ce scénario.

Dans le cas du producteur d’aluminium qui consomme environ 7000 mètres cubes d’eau quotidiennement, il devra, d’ici sa fermeture annoncée pour 2015, s’alimenter à partir de la rivière Saint-Maurice ou travailler en circuit fermé. Le CNETE du Collège Shawinigan travaille déjà sur un système de filtration membranaire dans ce dossier. Pour la Ville, advenant que l’usine doive être alimentée à partir de la rivière, cette exigence implique forcément la construction d’une nouvelle infrastructure. Le maire Angers a indiqué son intention de se prévaloir des programmes gouvernementaux existant pour amoindrir la facture.

Quant au fabricant de panneaux structuraux de lamelles orientées, la Ville entend remettre en fonction un puits qui a déjà approvisionné l’usine en eau il y a plusieurs années.

Enfin, Québec demande à Shawinigan de régler une fois pour tout le bouclage de son réseau d’aqueduc pour assurer la sécurité de son approvisionnement. C’est-à-dire en reliant par le rang Saint-Mathieu le système d’aqueduc du lac des Piles, desservant les secteurs Saint-Georges-de-Champlain et une partie de Lac-à-la-Tortue, à celui du lac à la Pêche desservant le secteur Shawinigan-Sud.

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