La vie heureuse de Pauline Tremblay

Pauline Tremblay, cette Chicoutimienne qui a ouvert une école à Los Brazos en République Dominicaine il y a 27 ans, était de passage récemment en Mauricie.

Voilà cinq ans qu’elle n’avait pas mis les pieds au Québec. Elle en a profité pour venir remercier ses précieux bienfaiteurs qui lui permettent de poursuivre son œuvre humanitaire dans cette île des Antilles.

Elle était accompagnée d’Anna Luisa, l’aînée des 32 enfants et 8 petits-enfants qu’elle a élevés, habillés, nourris et aimés. «C’est ma plus belle réussite», dira Mme Tremblay à propos de celle qui, suite à ses études universitaires, dirige aujourd’hui le Jardin des Enfants.

Aujourd’hui, l’école accueille quotidiennement une quarantaine de jeunes Dominicains – et quelques Haïtiens – âgés entre 4 et 13 ans. À une certaine époque, ils étaient près de 150 à bénéficier d’une éducation reconnue par l’État mais non subventionnée.

Révélée par un reportage de Claude Charron au Match de la vie au début des années 1990, l’histoire de Pauline Tremblay suscite l’admiration. Comme des milliers de Québécois, cette grande femme de 44 ans avait fait de la République Dominicaine son deuxième chez soi pour fuir les rigueurs de l’hiver. Touriste égoïste comme elle se décrit elle-même, elle a vu sa vie radicalement changée à jamais en 1985 lorsqu’une femme de ménage lui confie la petite Anna Luisa, âgée à peine de cinq ans, dont la mère ne peut plus subvenir à ses besoins.

«Sans le savoir, on a tracé un chemin à mon insu», confiera Pauline Tremblay à propos d’Anna Luisa qui sera suivie dans les mois, les années suivantes par cinq de ses frères et sœurs. Au fil des ans, ils auront été plus d’une trentaine à avoir été adoptés par la Chicoutimienne. Aujourd’hui, le site du Jardin des enfants comprend une école, des maisonnettes pour les résidents, des dortoirs, une chapelle, une bibliothèque et un centre communautaire.

Des nouvelles de Nina

Ici à Shawinigan, plusieurs se rappellent encore de Nina – la sœur d’Anna Luisa – qui était venue se faire opérer à l’hôpital régional afin de corriger un problème de strabisme. Les médecins et la communauté des affaires s’étaient mobilisés bénévolement pour faire de cette opération une réussite tant au plan médicale que sociale.

La jeune femme est maintenant mère d’un enfant de 4 ans, soit l’âge qu’elle avait lors de son séjour à Shawinigan. Lorsque ses études universitaires seront complétées, Nina viendra à son tour redonner ce qu’elle a reçu au Jardin des enfants. «C’est un principe chez nous, dira Pauline Tremblay. Vous avez été aidé? C’est maintenant à vous d’aider.»

Lors de son séjour au Québec au mois d’août, elle prenait régulièrement des nouvelles des siens en République Dominicaine. «Ma vie est maintenant là-bas. Ce sont mes enfants, ma famille, confie Pauline Tremblay qui n’envisage pas de revenir s’établir ici un jour. Je ne suis plus cette touriste égoïste d’il y a 27 ans. Je suis une femme plus heureuse.»

Il est possible d’appuyer l’œuvre de Pauline Tremblay et visitant le site www.jardindesenfants.com