Projet de loi 10: «C’est comme un gros bulldozer!»

RÉFORME. Le projet de loi 10 porté par le ministre de la Santé Gaétan Barette ne trouve pas la faveur populaire à quelques jours de son adoption par le gouvernement du Québec. Une délégation de la Coalition de Solidarité Santé (CSS) est d’ailleurs venue solliciter l’appui du député de Saint-Maurice Pierre Giguère jeudi dernier afin de bloquer la réforme à venir qu’elle qualifie de bulldozer massacrant le système de santé.

«Nous n’avons que ça des inquiétudes», déclare d’emblée la présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Centre-du-Québec Andrée Guillemette lorsque questionné sur cette 5e escale dans les bureaux de comtés régionaux.

En effet, la disparition des services publics, l’éventualité d’une unique liste de rappel pour l’ensemble des salariés du territoire et la fermeture de plusieurs points de services par la centralisation du système ne sont que quelques-unes des craintes des membres du syndicat.

«C’est une forme de contrôle inacceptable! C’est le ministre Barette qui gèrera toutes les nouvelles agences, indépendamment des particularités de chaque endroit. Ce qu’on demande au député Giguère c’est de contester le projet de loi par fidélité envers ses électeurs», résume Mme Guillemette. «La santé est une richesse sociale et non pas une valeur marchande», renchérit-elle.

Même son de cloche du côté de Claude Demontigny, président de la Fédération des syndicats de la santé et des services sociaux. Selon lui, le député Pierre Giguère devra faire un choix: défendre les intérêts de ses électeurs ou bien défendre ceux du gouvernement. M. Demontigny a martelé que la décision de messieurs Barette et Giguère serait déterminante pour l’avenir de la santé et de la démocratie.

Ni allant pas de main morte, André Fleury, représentant en santé FTQ, a quant à lui parlé d’un massacre. «Cette réforme n’avait pas été annoncée par le parti en campagne électorale et là on arrive avec un gros bullldozer!»

Une structure à mettre en place

Le député Pierre Giguère a prêté bonne oreille aux doléances de ses interlocuteurs sans non plus faire de promesse. Soulignant que le projet de loi était toujours en cours d’écriture, il s’est abstenu de confirmer certains doutes soulevés ou de les infirmer.

Il a plutôt réitéré son ouverture à la consultation publique, un élément déploré par les membres de la CSS. M. Giguère a aussi souligné que plusieurs éléments apportés lors de la rencontre avaient aussi été soulevés en commission parlementaire lors de l’écoute de près de 70 organisations. Il a assuré du même coup qu’il irait faire entendre ses points au ministre de la Santé afin d’y donner suite.

«On s’entend pour dire le système de santé ne va pas bien. Le point de vue du gouvernement c’est qu’il faut revoir sa structure en donnant plus de responsabilité et de latitude au personnel de première ligne (base de la pyramide) et diminuer les postes de gestion (haut de la pyramide)» Le député s’est dit conscient que le changement ne se ferait pas sans heurt, mais a parlé de changements nécessaires pour assurer la qualité des soins aux patients.

Concernant les inquiétudes de la Coalition Solidarité Santé, il n’a pas indiqué d’assouplissements éventuels au projet de loi 10, mais a plutôt laissé entendre que des points rejoindraient les revendications au sein de l’écriture du projet de loi 20 (une loi connexe plus axée sur les soins). Cette loi vise, entre autres, à améliorer l’accès aux médecins de famille au Québec.

À noter que demain (vendredi), c’est la leader parlementaire de l’opposition officielle Agnès Maltais qui sera rencontrée par une organisation dans la capitale.

Projet de loi 10: Une loi qui prévoit le changement d’organisation et de gouvernance dans le domaine de la santé et de services sociaux, notamment par la suppression des agences régionales.