Lac-à-la-Tortue: des citoyens veulent se séparer de Shawinigan

PÉTITION. Se sentant mis de côté depuis la fusion du grand Shawinigan en 2002, des citoyens du secteur Lac-à-la-Tortue réclament un référendum pour la défusion de leur secteur. Une pétition à cet effet circule présentement de main en main.

Le document enregistre plus de 1530 noms de personnes habiles à voter et est conforme aux normes en vigueur. La pétition devrait être déposée en début février lors de la reprise des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale.

«On n’a rien contre les gens de Shawinigan, mais on ressent un grand malaise, car on ne s’identifie pas à la ville. On n’a pas les moyens de la faire vivre non plus. Dans le moment, on a l’impression d’être des pourvoyeurs, mais sans avoir les services en retour», résume François Bonenfant, résident du secteur.

M. Bonenfant et Claude Garceau sont les deux hommes qui ont initié la démarche après avoir tâté le pouls de la population. Du printemps à l’automne 2015, ils ont fait du porte-à-porte pour sonder et recueillir les signatures nécessaires à un référendum qui pourrait permettre au secteur de se défusionner d’avec Shawinigan.

«Le Lac est délaissé dans Shawinigan! On donne nos taxes et on n’a pas l’impression d’avoir de retour. Les gens sont frustrés et tannés, puis la majorité silencieuse ne va pas au front», estime Claude Garceau. Selon lui, pareil exercice se dessinait depuis près de trois ans.

Aux dires des deux hommes, plusieurs concitoyens se demandent «pourquoi l’argent qu’ils donnent ne revient pas chez eux?» Ils estiment également que la promesse de conserver les services de proximité au Lac après la fusion n’aurait pas été respectée. Le duo soutient que, si le gouvernement va de l’avant avec la demande référendaire, il est évident «que le référendum l’emportera». «C’est clair pour nous qu’on va le gagner…et haut la main!», avancent messieurs Bonenfant et Garceau.

Une demande qui fait réagir

Pour l’instant, l’administration municipale ne souhaite pas commenter la pétition puisque cette dernière n’a pas été vue ni déposée. «C’est difficile pour nous de commenter un document qu’on n’a pas vu. Nous allons attendre de voir la suite des choses», a soutenu le directeur des communications François St-Onge.

Approché par les deux hommes, le député de Saint-Maurice Pierre Giguère n’a pas souhaité soutenir la démarche. C’est une question d’idéologie puisque le politicien est un ardent défenseur du projet d’égout du secteur depuis plusieurs années. «Je me voyais mal accepter cette pétition après avoir fait des pieds et des mains pour obtenir une subvention au gouvernement», explique-t-il.

Il invite d’ailleurs les citoyens du Lac à patienter avant de signer la pétition. «On tiendra dans les prochaines semaines une rencontre d’information pour discuter de la future taxe de secteur avec l’assainissement des eaux. Après avoir entendu la proposition, les gens seront mieux fixés à savoir s’ils se sentent inclus dans Shawinigan», soutient M. Giguère.

Ainsi, c’est plutôt le député caquiste de Nicolet-Yamaska Donald Martel qui sera responsable de déposer le document à Québec. «Les citoyens m’ont approché avec la demande et j’ai accepté de m’impliquer. Je les soutiens, mais sans prise de position sur le sujet. Pour moi, mon titre me permet de les représenter à Québec et c’est ce que je vais faire», mentionne-t-il.

Le député de l’opposition indique vouloir déposer le document dans les premiers jours de la rentrée parlementaire, soit au début du mois de février.

Rejoindre Mékinac?

Aussi composante de la pétition, la possibilité de rejoindre la MRC de Mékinac en tant que 11e municipalité, fait partie de l’argumentaire.

«Nous sommes un secteur rural et tout près de Mékinac, on s’identifie plus à eux», souligne François Bonenfant.

Par contre, la MRC de Mékinac se fait peu chaude à l’idée d’accueillir une nouvelle municipalité. «Je ne pense pas que la demande passe au gouvernement et, franchement, la situation du Lac et de ses égouts n’est pas à notre avantage…», observe le préfet Alain Vallée.

M. Vallée a plutôt conseillé aux instigateurs de la pétition de cogner à la porte d’Hérouxville, la ville voisine. Pour sa part, le maire d’Hérouxville Bernard Thompson, mentionne ne pas avoir tous les éléments requis pour évaluer pareille demande. «Une défusion est une démarche complexe et plusieurs scénarios s’offrent aux résidents. Ils peuvent devenir une municipalité autonome, se rattacher à la MRC de Mékinac ou Des Chenaux.»

Pour ce qui est de la possibilité pour le Lac de rejoindre Hérouxville, M. Thompson ne s’avance pas. «Je respecte leur démarche, mais je n’ai pas assez de chiffres en main qui traitent de l’impact de la fusion depuis 10 ans et ceux des conséquences d’une adhésion chez nous. Je suggère plutôt aux résidents d’interpeller la Commission des affaires municipales par le biais de leur directeur régional.»

L’argumentaire de la pétition

«Considérant le taux de taxation élevé, considérant le manque de réinvestissement de nos taxes dans le secteur, considérant la perte de notre identité avec le projet de toponymie, nous, citoyens de Lac-à-la-Tortue, réclamons la tenue d’un référendum visant la défusion de notre secteur.»