«Quand la parade passe, il faut embarquer» – Éric Veilleux
HOCKEY. Éric Veilleux s’est couché, mardi soir, avec l’esprit tourmenté. Excité au plus haut point parce qu’il venait d’accepter le poste d’entraîneur-chef du Rampage de San Antonio, club-école de l’Avalanche du Colorado dans la Ligue américaine de hockey, mais surtout tiraillé à l’idée d’annoncer aux Tigres qu’il les quittait après seulement deux mois d’association.
Mercredi matin, vers 9 h 30, il a envoyé un message texte au président Johnny Izzi, comme il en avait l’habitude lorsqu’il voulait s’entretenir avec lui.
«J’étais convaincu qu’il voulait me parler du dossier du directeur général adjoint», a raconté le président.
L’heure était beaucoup plus grave qu’il le pensait. Veilleux souhaitait plutôt lui apprendre son départ. «Je ne peux pas dire qu’en me levant ce matin, j’avais hâte d’annoncer la nouvelle aux Tigres», a confié l’entraîneur-chef. Comme prévu, cette annonce s’est avérée cataclysmique au sein de l’organisation.
Parce qu’il a longtemps dirigé dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Veilleux connaissait très bien les conséquences de sa démission pour les Tigres un 6 juillet. Le camp d’entraînement s’amorce dans un mois à peine. La plupart des hommes de hockey se sont dénichés du boulot. Nommer un nouveau manitou n’est pas une mince affaire à ce moment-ci de l’année.
«Ça n’a pas été facile à annoncer, ni aux Tigres, ni à Pat (Patrick Léonard, son bon ami, qui vient d’accepter le poste de préposé à l’équipement des Tigres), ni à ma sœur, ni à ma mère. Il y avait une certaine déception. Ils ont cependant toujours été là pour moi au cours de ma carrière. Je suis sûr qu’ils me soutiendront», a lancé le Victoriavillois d’origine.
Mais l’occasion de diriger dans la Ligue américaine de hockey était unique à ses yeux. Les dirigeants du Rampage, avec Craig Billington à sa tête, l’ont contacté à la mi-juin pour s’enquérir de son intérêt. Veilleux a fait partie d’une courte liste de candidats. La dernière entrevue a eu lieu en compagnie de Joe Sakic. Celui-ci a finalement offert le poste d’entraîneur-chef de son club-école à Veilleux.
«C’était une occasion en or. Quand la parade passe, il faut embarquer», a-t-il lancé. Refuser une telle offre pour faire preuve de loyauté envers les Tigres s’avérait trop risqué à ses yeux. «Un poste d’entraîneur-chef dans la Ligue américaine, ce n’est pas offert tous les jours. On n’a qu’à penser à Benoît Groulx l’an dernier. Il se disait prêt à faire le saut chez les pros, mais finalement, il a dû attendre une saison de plus», a-t-il enchaîné.
L’ex-pilote des Cataractes de Shawinigan Denis Francoeur en sait aussi quelque chose. Quelques semaines après avoir été congédié après une longue association avec l’équipe de la Mauricie, il a refusé un poste avec les Foreurs de Val-d’Or, ne se sentant émotionnellement pas prêt à reprendre le collier aussi rapidement. Il lui aura fallu deux ans avant de voir se présenter une autre possibilité de diriger une équipe du circuit Courteau. C’est de Bathurst que l’offre est venue.
«Ce genre d’opportunités ne tombent pas du ciel. Lorsqu’elles se présentent, tu dois foncer tête première. C’est la même chose pour gagner la coupe. On ne sait jamais quand on aura la chance de le faire», a-t-il poursuivi.
Veilleux n’avait pas caché qu’il souhaitait que son retour dans la LHJMQ lui serve de tremplin pour retourner chez les professionnels. Il avait cependant laissé entendre, lors de la conférence de presse des Tigres en mai dernier, qu’il s’attendait à diriger les Félins pendant quelques années. L’offre du Rampage, aussi inattendue qu’alléchante, est cependant venue troubler les plans.
Veilleux, comme plusieurs hommes de hockey, possédait une clause à son contrat lui permettant de quitter son équipe junior s’il obtenait une promotion.
Il précise qu’il ne s’est jamais douté qu’il quitterait les Tigres aussi rapidement lorsqu’il a accepté le défi. À preuve, il devait déménager à Victoriaville le 7 juillet. «Les entrepôts étaient réservés, on s’était départi de plusieurs meubles et notre maison était choisie à Victoriaville», a-t-il lancé.
Habitant encore Norfolk, en Virginie, la famille Veilleux s’était engagée auprès du propriétaire à quitter leur maison le 9 juillet. «Je ne sais pas ce qu’on va faire!», a-t-il dit en rigolant. Éric Veilleux et sa conjointe devront donc recommencer le magasinage d’une nouvelle maison. Cette fois-ci, ce sera dans le climat chaud et sec texan de San Antonio.