Symbole d’ouverture à Shawinigan

RELIGION. Un événement sans précédent se déroulera mercredi soir au Centre culturel musulman de Shawinigan alors que des représentants du 62e Régiment d’artillerie de campagne (RAC) seront sur place afin de recevoir un Coran, ce qui permettra d’assermenter des recrues musulmanes qui voudraient s’enrôler.

C’est l’aumônier du 62e RAC de Shawinigan, le Capitaine Gaétan Bérubé, qui recevra le Coran des mains du président du centre culturel musulman, Abdoulaye Souley. De son côté, l’aumônier Bérubé remettra une bible chrétienne catholique aux couleurs des forces armées canadiennes. Le lieutenant-colonel Denis Roux, donnera également au centre culturel musulman le «coin du commandant», une médaille ayant une grande symbolique.

«Nous savions que le 62e RAC de Shawinigan était à la recherche d’un Coran, alors nous les avons contactés pour offrir nos services. Nous avons trouvé un Coran en arabe avec la traduction française. Nous avons ensuite convenu d’un moment pour réaliser l’échange, évoque Abdoulaye Souley. Il s’agit d’un geste d’ouverture, et nous avons toujours été ouverts à la communauté de Shawinigan. On parle souvent des événements négatifs concernant les musulmans. Nous voulons montrer notre bonne foi et dire que nous ne sommes pas différents des autres. Nous voulons même organiser une journée porte ouverte pour que la population puisse découvrir la mosquée et notre culture. La date n’est pas arrêtée, mais ça devrait se tenir à la fin du printemps ou au début de l’été», affirme le président M. Souley.

«Les forces armées canadiennes, c’est un milieu multiculturel, emprunt de tolérance, de respect de la diversité, et c’est dans cette optique que nous viendrons au centre culturel musulman, exprime l’aumônier Gaétan Bérubé. Le Coran nous permettra de réaliser des assermentations pour des musulmans. Les recrues doivent prêter allégeance à la Reine et à la charte des droits et liberté, mais dans cette charte, il existe la liberté de culte. Chacun a le droit de porter serment sur le livre saint de sa foi. C’est l’une des raisons pourquoi je suis Padré militaire, pour le bien-être des gens au-delà de leur foi.»

D’ailleurs, il existe même un imam musulman au sein des forces afin de répondre aux soldats ayant des besoins moraux et spirituels.

M. Bérubé est l’aumônier militaire du 62e RAC de Shawinigan depuis 2014. «Je suis professeur au secondaire à l’école des Chutes, j’ai un baccalauréat en théologie, la vocation est venue tardivement. Un aumônier n’est pas un prêtre. Je suis marié depuis 22 ans, j’ai des enfants, je suis impliqué dans ma communauté, et je désire devenir diacre.»

M. Souley souligne que la communauté musulmane fait trop souvent parler d’elle pour les mauvaises raisons, comme dans le cadre d’un attentat terroriste. «Si on prend l’exemple de ce qui est arrivé à la mosquée de Québec, c’est un cas isolé. Les musulmans vivent en parfaite symbiose avec la communauté québécoise. Il existe souvent des échanges, par exemple entre une église et une mosquée. C’est plus le mauvais côté qui sort, mais je vais illustrer un proverbe africain pour l’illustrer : Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse.»

L’évolution du centre culturel musulman

Depuis la venue de la mosquée à Shawinigan il y a un peu plus de deux ans, la communauté musulmane s’est agrandie. «Avec les emplois qui sont offerts ici, il y a de plus en plus de musulmans qui viennent s’installer. Lors de l’ouverture de la mosquée, nous étions peut-être une dizaine de personnes. Au fil du temps, des familles se sont ajoutées et nous pouvons maintenant compter une trentaine à une quarantaine de familles qui viennent. D’ailleurs, avant qu’une famille musulmane vienne s’installer, elle nous contacte pour savoir si nous avons un lieu de prière. Un musulman prie cinq fois par jour, et il est recommandé de le faire à la mosquée, donc oui l’arrivée a eu un impact pour Shawinigan», confirme le président Abdoulaye Souley.