Camping d’aventure

Par Marilou  Hamel-Fréchette | CHRONIQUE. Mon fils, Mini B, qui est en secondaire 1, participe à un voyage aux États-Unis. Au menu: camping, randonnée, ascension du Mont Lafayette et probablement beaucoup de péripéties, de rires et d’odeurs d’ados ayant eu trop chaud. Du bon temps, quoi.

Pour vous mettre en contexte, mes compétences pour l’aider à s’organiser pour ce périple se résument à: Je ne campe pas en tente dans la vie. En fait, je ne campe pas, point. Mon mari, Monsieur B, qui a été élevé dans le luxe du « Winnebago » de ses grands-parents, qui campaient à des endroits aussi rustiques que le « Camping Yogi l’ours », est probablement encore moins apte.

Ce n’est pas qu’on n’a pas essayé. Nous sommes allés quelques fois avec les enfants, lors de vacances dans le Maine, sur des sites touristiques avec eau, électricité et terrain de shuffleboard inclus. Vraiment rien de risqué, mais nos tentatives ont toutes été marquées par des pluies torrentielles. Du genre: Dieu nous rappelait à l’arche et on attendait le go pour aller aider Noé à rapatrier les animaux. En plus, Monsieur B, avec ses 6 pieds et mille, ne rentre confortablement dans aucune tente et a toujours les pieds et le haut de la tête mouillés en se réveillant, parce que comme dit toujours ma mère dans son ultime conseil de camping : « il faut rien accoter sur les côtés de tente au cas où il y aurait de la pluie, sinon l’eau va rentrer et toutes vos affaires vont être humides. » Dans notre cas, « toutes nos affaires » fait référence à un humain, qui à moins de se couper les jambes, ne peut malheureusement pas suivre ce judicieux conseil.

Notre carrière de campeurs s’est terminée sur un déluge. Menée par l’exaspération et mes bas humides, j’ai rapatrié en 30 minutes le stock, la tente et les enfants bien avant notre date prévue de retour. À bout, on a roulé toute la nuit dans la tempête, frappant un porc-épic qu’on a traîné sous le camion, jusqu’aux douanes. Doux souvenirs.

C’est donc dire que l’expérience en tente de Mini B est mince. Il y a bien eu son expédition avec ma sœur, mais vu qu’elle cumule sur sa feuille de route une traversée du Canada en solo, du camping au Yukon dans la neige et quelques nuits en Alaska où elle devait faire ses repas sur les berges « afin que l’eau efface toutes traces de nourriture pour ne pas attirer le Grizzly errant », mettons qu’il ne doit pas avoir eu grand-chose à gérer.

À une semaine du jour J, malgré mon harcèlement incessant, Mini B n’avait toujours pas la liste de ce qu’il devait apporter et on avait plus de détails sur le conflit dans le quartier nord de la capitale camerounaise que sur le voyage.

Moi :  Et puis, as-tu la liste qu’on commence tes bagages? Ça presse là.

Mini B : Ah non, y’a pas de liste maman.

Moi : Quoi y’a pas de liste? Tu t’en vas en camping dans la forêt, monter une montagne et t’as pas de liste?

Mini B : Non, mais je sais pas mal quoi apporter là. Il faut des bas, un chandail chaud…

Monsieur B s’en mêle: Non, c’est pas vrai là! C’est pas une liste d’épicerie. Tu vas pas nous faire une liste à l’oral pour partir dans le bois!

Mini B: Ben là, énervez-vous pas…Je le sais ce qu’on doit apporter…Chandail chaud, je l’ai dit…quelque chose pour prendre des photos…

Moi (au désespoir) : Ah oui, parce que ça, ça va te nourrir et te sauver en montagne. Une vraie liste de camping, c’est ça que je demande.

Mini B : Ben là maman, GOOGLE-LE!

Moi : Google quoi?

Mini B : Va sur Google et tape ‘’liste de camping pour le Mont Lafayette’’

Sérieusement. Aidez-moi, quelqu’un.

J’ai « texté » ma sœur en renfort. Je vais m’occuper des muffins. Au moins s’il se perd en forêt, il aura son chandail chaud, « quelque chose pour prendre des photos » et un Ziploc de réconfort sucré.

J’ai quand même tapé « liste de camping pour le Mont Lafayette ». Ça m’a donné de l’info sur la montagne, où j’ai lu des mots aussi rassurants que : ruisseaux, chutes et abrupte. Et sur la liste des trucs utiles à avoir : dispositif de messagerie GPS par satellite.

Super.