De Saint-Tite à l’Oregon pour l’amour du pinot noir
Dans l’état américain de l’Oregon, qui longe la Côte pacifique, juste au nord du Nevada, se trouve le domaine viticole d’exception, Lavinea, copropriété d’Isabelle Meunier, originaire de Saint-Tite. Ce projet est l’aboutissement d’un riche parcours à travers la planète où elle s’est laissé guider par son amour pour son cépage fétiche: le capricieux pinot noir.
«J’ai simplement suivi une passion», résume Isabelle Meunier jointe par téléphone alors qu’elle se trouve à son domaine en Oregon.
«C’est un cépage extraordinaire. Je me suis aperçue très vite qu’il s’agit d’un type de vin qui possède plusieurs facettes. Son goût est différent selon la façon dont on le travaille ou selon sa provenance. C’est ce que j’ai voulu faire découvrir avec Lavinea.»
De vignobles en vignobles
C’est dans un cours de sommellerie, lors de ses études à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), qu’elle a découvert le pinot noir pour la première fois. Elle a ensuite travaillé quelques années à Vancouver en restauration avant d’entreprendre un master en viticulture à l’Université de Dijon en France. Elle a développé différents vignobles en Bourgogne, puis en Nouvelle-Zélande, où elle a également suivi une formation pour perfectionner sa technique – en plus de trouver l’amour! –, avant de se diriger vers l’Ontario.
Elle a finalement abouti en Oregon, d’abord pour démarrer le projet Evening Land. Ses pinots y ont d’ailleurs connu un beau succès, en s’illustrant notamment dans le palmarès du magazine spécialisé américain Wine Spectator, qui a par ailleurs proclamé son pinot noir La Source (2012) comme étant le troisième meilleur vin au monde en 2015.
C’est un changement de propriétaire chez Evening Land qui l’a poussée à cofonder son propre projet en 2014. Lavinea produit aujourd’hui quelque 25 000 bouteilles par année, quantité qu’elle aimerait doubler avec le temps. Il s’agit là d’une petite production dans le monde des vins et Isabelle Meunier compte bien conserver cet esprit artisanal. D’ailleurs, le nom de son domaine évoque la notion de terroir, lui qui signifie «dédié à la vigne».
Pas facile, le pinot
Ne cultive pas le pinot noir qui veut.
Seulement quelques endroits dans le monde sont propices à la culture de cette vigne, soit la Bourgogne en France, la Côte ouest des États-Unis, dont l’Oregon, la Nouvelle-Zélande, la Tazmanie, l’Afrique du Sud et une partie de l’Ontario.
C’est que ce cépage plutôt fragile apprécie les été frais, avec des températures d’environ 25°C le jour et de 15°C la nuit. Propice aux maladies liées à l’humidité en raison de sa peau assez mince, ce raisin a besoin d’un climat sec, en plus de quelques nuages pour le protéger du soleil.
«L’un de mes professeur à l’ITHQ disait que c’était l’un des cépages les plus difficiles à travailler. Ça piqué ma curiosité, surtout après avoir constaté que ça pouvait faire des vins aussi élégants et différents», raconte-t-elle.
«Il y a plusieurs défis avec le pinot, mais c’est ce qui me garde motivée», explique-t-elle. «Je voulais montrer que le pinot noir est extraordinaire et qu’il peut être joli de plusieurs façons.» Elle rappelle d’ailleurs que la fabrication du vin ne relève pas que de la science, mais aussi de l’art.
Fière de ses origines
Isabelle Meunier était partie à Vancouver pour apprendre l’anglais pendant un an. Elle n’est finalement jamais revenue vivre à Saint-Tite. «De fil en aiguille, j’ai suivi des passions et je suis très contente du parcours», dit celle qui a d’abord été attirée par la restauration en raison de… sa gourmandise!
Au téléphone, on entend bien son accent anglophone, signe que sa vie s’est construite à l’étranger. Néanmoins, ses racines de Saint-Tite sont toujours bien ancrées, elle qui revient régulièrement rendre visite à sa famille en Mauricie. Il était d’ailleurs primordial pour elle que ses vins soient disponibles au Québec.
Où se les procurer?
Les vins d’Isabelle Meunier coûtent environ une centaine de dollars chacun. Il s’écoule deux ans entre la vigne et la bouteille. Pour le moment, Lavinea produit 7 vins, soit 5 pinots noirs et 2 chardonnays. On ne les retrouve pas encore à la Société des alcools du Québec (SAQ), mais il est possible de se les procurer par le biais d’une importation privée avec l’agence montréalaise Céleste Levure, qui a d’ailleurs procédé au lancement de ces produits au Québec au printemps dernier.