Décès à la ferme Pittet : un vice de construction pointé du doigt
ENQUÊTE. Ce n’est pas le poids de la neige qui est directement en cause dans le décès Cesar Ariel Garcia Garcia, ce travailleur décédé dans l’effondrement d’un bâtiment de la Ferme Pittet à St-Tite. Dans son rapport d’enquête dévoilé jeudi, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pointe plutôt du doigt un vice de construction datant de 1995.
Le tragique accident est survenu vers 13 h 35, le 22 février 2017, dans le plus ancien des deux bâtiments de la ferme de production laitière. Ce jour-là, des travailleurs, dont M. Garcia Garcia, effectuaient des travaux à l’intérieur de la structure lorsque celle-ci s’est effondrée directement sur l’ouvrier agricole de 34 ans qui n’a eu aucune chance. À ce moment, il était seul à l’intérieur.
Sa dépouille n’a été retrouvée que le lendemain sous les décombres. Son décès a été constaté sur place. Le travailleur guatémaltèque travaillait pour l’entreprise depuis trois ans.
Depuis, toutes les hypothèses ont été examinées par les policiers et les enquêteurs de la CNESSST. La commission a également mandaté une firme de génie-conseil pour faire la lumière sur les causes techniques de l’effondrement. La firme s’est notamment penchée sur la conception du bâtiment
« C’est lorsqu’on s’est penché sur les fondations qu’on s’est rendu compte du problème », a mentionné le chef d’équipe et inspecteur à la CNESST, Mathieu Vermot.
En effet, les fondations du bâtiment de ferme n’offraient pas une résistance latérale suffisante pour supporter le poids de la charpente d’acier combiner à la neige qui s’y trouvait.
En d’autres mots, « elles n’ont pas été conçues pour faire le travail », a révélé M. Vermot. Lorsque l’un des 21 tirants supportant la structure d’acier du toit a lâché, cette journée-là, la faiblesse du bâtiment a été révélée au grand jour.
« Les murs de la fondation ont alors commencé à pousser vers l’extérieur. Conséquence de quoi, les autres tirants n’ont pas été en mesure de résister et le toit s’est effondré », a expliqué l’inspecteur Vermot.
L’accident aurait pu arrivant bien avant, ajoute-t-il, puisque le vice de construction en cause remonte à 1995, l’année de construction du bâtiment de la Ferme Pittet.
On ignore pour l’instant si Coffrage MB, l’entreprise mandatée à l’époque pour couler les fondations et la dalle de béton, sera poursuivi. La CNESST a toutefois tenu à préciser que la compagnie ne pouvait pas avoir « une vue d’ensemble » du bâtiment à construire, puisque c’était une autre firme qui était responsable du toit.
La neige blanchit
On se rappellera que l’hiver dernier, des précipitations importantes de neige sont tombées sur la région.
Le jour de l’effondrement, il a été déterminé qu’environ 69 centimètres recouvraient le bâtiment, ce qui n’excédait pas la capacité de la structure d’acier du toit. « L’hypothèse a donc été rejetée », a conclu M. Vermot.
Des changements déjà en vigueur
De son côté, l’employeur n’a pas tardé avant de se conformer aux exigences du rapport. La commission a d’ailleurs indiqué qu’il avait bien collaboré à l’enquête.
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST a interpellé l’Union des producteurs agricoles afin qu’elle informe ses membres de vérifier la structure et les fondations de leur bâtiment.
Lors du dépôt du rapport, mercredi matin, le directeur de la prévention-inspection, Mario Gosselin, a profité de la tribune pour rappeler l’importance de vérifier régulièrement l’épaisseur de neige sur le toit afin d’éviter tout accident.