«Une analyse biaisée et basée sur une interprétation abusive de la Loi»
Le Festival Western de St-Tite réplique aux conclusions d’Alain Roy
RODÉOS. Le directeur général du Festival Western de St-Tite, Pascal Lafrenière, réplique au rapport du professeur de droit Alain Roy et ses collaborateurs stipulant, à la suite des données recueillies lors des rodéos de Montréal et de Saint-Tite en 2017, que les rodéos contreviennent à la Loi sur le bien-être animal adoptée en 2015.
«L’analyse de M. Roy est biaisée et basée sur une interprétation abusive de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, interprétation qui menace la tenue de plusieurs événements au Québec dans lesquels on retrouve des animaux et diverses pratiques courantes», estime le directeur général, évoquant notamment les fermes de Pâques ou les courses de traîneaux à chiens.
Le rapport de M. Roy préparé par le vétérinaire Jean-Jacques Kona-Boun contient 600 pages. «M. Roy avait déjà communiqué publiquement sa position sur les rodéos, avant même d’entreprendre son analyse», souligne le directeur général, qui ne se dit pas étonné par ces conclusions.
Pascal Lafrenière se dit par ailleurs surpris de voir qu’Alain Roy ait décidé de dévoiler publiquement son analyse avant la rencontre prévue avec le comité consultatif chapeauté par ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) chargé de se pencher sur le traitement des animaux dans les rodéos. Cette rencontre est prévue à la fin du mois d’avril.
«Quel est l’intérêt réel de lancer ce rapport publiquement alors que le comité n’a pas encore échangé sur ce rapport?», se questionne-t-il. L’organisation du Festival Western de St-Tite a pris connaissance du rapport de M. Roy vers la fin du mois de février avant de demander une contre-analyse.
Autre spécialiste, autre conclusion
Cette sortie pousse le Festival Western de St-Tite à dévoiler le rapport de sa propre vétérinaire, Jennifer Woods et dont L’Hebdo du St-Maurice a obtenu copie. «C’est une sommité mondiale qui contredit carrément le rapport de Jean-Jacques Kona-Boun», indique M. Lafrenière.
La spécialiste du traitement animal, après avoir analysé les mêmes images, conclut n’y «avoir vu aucun abus, négligence, ou comportement inacceptable de la part des organisateurs, bénévoles ou compétiteurs». La vétérinaire ajoute qu’elle ne «croit pas que les rodéos bien gérés sont abusifs ou négligents» à l’égard du bien-être animal.
M. Lafrenière en profite pour réitérer que le bien-être et la santé des animaux font partie des valeurs de son organisation et rappelle que la pratique des rodéos est encadrée par des lois, des organismes gouvernementaux et par l’International Professionnal Rodeo Association (IPRA).
Le directeur général souhaite par ailleurs que le bien-être et la sécurité de l’animal, notamment dans les festivals et événements, soient encadrés par des lois et des règlements clairs qui ne laissent pas place aux interprétations abusives, comme c’est le cas actuellement.
Il rappelle également qu’après sa visite en 2017, le MAPAQ n’a émis aucune recommandation ni soulevé aucune anomalie. «Des vétérinaires soumis à leur code de déontologie ont également pu constater que les impératifs biologiques des animaux ont été respectés.»
Rencontre à venir
Une rencontre du comité consultatif est toujours prévue à la fin du mois. Rappelons que ce dernier est constitué, du côté de M. Roy, d’un avocat, d’une vétérinaire et d’un professeur, et, du côté du Festival Western de St-Tite, d’un vétérinaire, du directeur de rodéo Sylvain Bourgeois et du directeur général. Un vétérinaire et des administrateurs du MAPAQ siègent également sur le comité.
«Si on en venait à ne pas s’entendre sur un rapport commun, ce qui semble être le cas, chacunes des parties devait déposer son propre rapport. Le comité n’a aucun pouvoir. La transaction prévoit que le comité avait une durée de vie d’un an. Après ce sera dans les mains du MAPAQ», informe Pascal Lafrenière. «Le débat portera sur le niveau d’acceptabilité du risque.»