Costumier un jour, costumier toujours
CULTURE. Après avoir passé 40 ans sur les plateaux de cinéma, Denis Sperdouklis ne savait pas de quoi son avenir serait fait quand son immense atelier de costumes à Montréal a été rasé par les flammes. Ce n’est peut-être pas à Shawinigan qu’il habille Rémy Girard, Catherine Deneuve ou Jodie Foster… mais il vit ici l’une des plus belles périodes de sa vie.
Vous vous souvenez des films Le déclin de l’empire américain, Les invasions barbares, Ma vie en cinémascope, La postière, Echoes of a summer, La grande séduction version anglophone? Denis Sperdouklis est le concepteur derrière les costumes. La liste exhaustive des films sur lesquels il a travaillé est longue.
«Je suis tombé en amour passionnément avec le cinéma. Je n’ai jamais cherché de travail. Ça se faisait tout seul», raconte-t-il. Chaque production a été une nouvelle source d’inspiration. «Tu lis le scénario, tu rencontres le réalisateur et tu essaies toujours d’apporter quelque chose de plus. Tout est dans le texte: la couleur, la texture, les émotions.»
De Montréal… au Marché aux puces de Shawinigan
Son gigantesque costumier montréalais a brûlé en même temps que sa maison dans un incendie en 2006. «C’était mon coffre à outils. Il y en avait partout, jusqu’au plafond, de toutes les époques. Par exemple, j’avais tous les costumes du film St. Urbain Horseman que je devais faire l’année suivante, j’ai dû tout retrouver ailleurs.»
Quarante années de travail parties en fumée. Le tout d’une valeur de près de 800 000$. Une vie qui s’écroule? Étrangement, non! «Le lendemain je suis allé pleurer à l’église, puis… plus rien. Aucune émotion. Je ne peux pas l’expliquer, c’est un miracle.»
Quelques années plus tard, il atterrit à Shawinigan. Un pur hasard. Un coup de cœur pour une maison à vendre dans le secteur Grand-Mère sur Internet et le voilà débarqué en Mauricie avec son conjoint.
Si on peut sortir le créateur de son atelier, impossible de sortir la créativité de la tête de Denis Sperdouklis…
«Ça n’a pas pris de temps que je suis retombé dans mes vieux vices», raconte-t-il en riant. «J’ai recommencé à acheter des costumes, des bottes de cowboy, des chaussures anciennes. J’ai ouvert un kiosque au marché aux puces parce que le garage était plein.»
Son mode de vie est aujourd’hui beaucoup plus modeste qu’avant. Et alors?
«Je suis à la période la plus heureuse de ma vie. Mon but n’a jamais été d’accumuler de l’argent à la banque. Mon argent, je le prenais pour acheter des costumes. Je suis resté un enfant, je m’amuse sans arrêt. C’est toute ma vie ramasser des affaires. Je suis un passionné fou. Je vais mourir la tête pleine d’idées.»
C’est au Centre d’action bénévole Mékinac qu’il a recommencé à s’impliquer activement dans la région… –> À LIRE: Des robes pas ordinaires!
Quelques productions
– The Grand Seduction (version anglophone de la Grande séduction, 2013)
– Ma vie en cinémascope (réalisation de Denise Filiatreault, 2004)
– Les invasions barbares (réalisation de Denys Arcand, 2003)
– Maëlström (réalisation de Denis Villeneuve, 2000)
– Omerta, la loi du silence (avec Michel Côté et Luc Picard, 1996)
– La Postière (réalisation de Gilles Carle, 1992)
– Le Déclin de l’empire américain (avec Dorothée Berryman et Rémy Girard, réalisation de Denys Arcand, 1986)
– La petite fille au bout du chemin (avec Jodie Foster, production de Denis Héroux, 1976)
– Echoes of a Summer (avec Jodie Foster, 1976)
– Le sauvage (avec Catherine Deneuve et Yves Montand, 1975)