Trouver l’amour quand on est différent
NANISME. La Trifluvienne Kathleen Bibeau, 43 ans, aurait voulu avoir une famille de 12 enfants. Difficile, confie-t-elle, lorsqu’on nait avec l’achondroplasie, forme de nanisme la plus courante, de trouver le bon. Elle accepte de s’ouvrir sa première relation sérieuse avec un homme vivant avec la paralysie cérébrale.
«Disons qu’on se fait regarder quand on sort!», laisse-t-elle tomber en riant, consciente que son couple est plutôt atypique. «Je n’aime pas me faire juger, mais ça ne me dérange pas qu’on me remarque», ajoute-t-elle.
La relation est récente, mais Kathleen sent qu’il y a quelque chose de différent, cette fois. Même si leurs limitations respectives les rapprochent probablement, ce sont surtout leurs intérêts qui les unit: les musée, les spectacles, les sorties.
«Je veux quelqu’un qui prend ça comme moi: qui est fonceur. Ce ne sont pas les limitations qui créent les barrières, c’est nous qui les créons.»
Elle remarque que les personnes en couple avec une autre vivant un handicap quelconque ont souvent une empathie plus développée que la moyenne des gens. «Il faut être prêt à faire des deuils parce qu’on ne peut pas tout faire. Mais dans un sens, on ne peut pas tout faire dans la vie non plus.»
Kathleen Bibeau aurait aimé trouver l’amour plus tôt dans sa vie. «Mon plus grand deuil, c’est de ne pas avoir eu d’enfant. C’est ce que j’ai trouvé le plus difficile dans ma recherche d’un amoureux», confie-t-elle.
Sites de rencontres et fantasmes déplacés
«Je ne me suis jamais fait « cruiser », même quand je sortais dans les bars. C’est quand j’ai commencé à faire des recherches sur des sites de rencontres que j’ai eu plein d’approches. J’en recevais à la tonne», raconte-t-elle.
Ça aurait pu être flatteur, mais la réalité est toute autre. «Ils voulaient juste coucher avec moi. Réaliser leur fantasme», explique-t-elle sans détour. «Plus jeune, mes parents m’avaient beaucoup averti de me méfier des gars qui voudraient profiter de moi», poursuit-elle. «Ça m’a fâché. J’étais tannée. Je ne suis pas un objet, ça me frustrait.»
Elle a tout de même eu deux relations amoureuses auparavant, plus ou moins épanouissantes.
«Je me suis rendue compte que j’étais mieux d’être seule que d’avoir un chum à tout prix, que je n’avais pas besoin de prendre le premier gars qui voulait de moi. J’ai compris que j’avais le droit de choisir.»
«Je ne suis pas une pauvre petite fille»
Kathleen Bibeau est la seule personne de petite taille de sa famille. «Les os longs, comme mes bras et mes jambes, n’ont pas grandi normalement et ils sont plus larges», explique-t-elle simplement.
«Mes parents m’ont toujours fait faire les mêmes choses que ma sœur. Je n’ai pas été surprotégée», se souvient-elle. Elle croit que c’est de là qu’elle tient cette ténacité.
Après des études en architecture, elle travaille aujourd’hui au sein du Regroupement d’organismes de promotion pour personnes handicapées de la Mauricie et elle occupe le poste de vice-présidente de l’Association des handicapés adultes de la Mauricie.
«Je ne suis pas une pauvre petite fille. Si je veux, je peux.» N’en déplaise à ses détracteurs! De toute façon, par les temps qui courent, Kathleen Bibeau a le cœur tellement léger qu’elle n’entend plus les chuchotements sur son passage… Allez savoir pourquoi.