Été 2018: une chaleur et une humidité exceptionnelles
MÉTÉO. «Nous avons connu le mois de juillet le plus chaud pour la région depuis les années 50», soutient André Monette, météorologue pour MétéoMédia. S’il avait à décrire l’été 2018 en un mot? Humidité. «Les gens ont eu chaud, c’était humide, collant, il n’y a pas beaucoup de journées où le fond d’air était frais.»
La canicule a fait son entrée fracassante le 29 juin, après plusieurs semaines de températures près des normales des saisons.
Top 3 des températures moyennes enregistrées à Trois-Rivières
1. 1959: 21,6 degrés Celsius
2. 2018: 21,5 degrés Celsius
3. 1955: 21,3 degrés Celsius
*Températures moyennes: somme des maximums et des minimums
**La station météo a changé d’emplacement en 1993
«Même si on ne bat pas de record, le mois de juillet 2018 est parmi les plus chauds jamais connus. Il y a eu une ou deux journées seulement où les températures ont été sous les normales. Même en août, c’est resté très chaud», explique le météorologue.
L’humidité, qui s’est ajoutée à la chaleur soutenue, a offert peu de répit. «Ça a fait en sorte que les nuits sont restées chaudes», poursuit-il.
Une rentrée chaude et humide
Terminée la chaleur accablante? «Dans les semaines à venir, la météo va rester estivale, mais plus saisonnière, donc des températures autour de 26 degrés Celsius», indique le météorologue.
Pas de canicule à prévoir donc, mais une chaleur et une humidité encore présentes. La météo actuelle devrait donc perdurer pour le début des classes en septembre. «Ça reste chaud, mais nous avons atteint l’extrême en juillet. En août, le soleil diminue, donc naturellement, c’est un peu plus vivable et confortable.»
Pourquoi a-t-il fait si chaud?
Qui est donc le responsable de cette chaleur extrême connue cet été? «Il y a un fort anticyclone situé près de la côte Est américaine. Il a été dominant dans les dernières semaines. Ça amène beaucoup de beau temps et des vents du Sud des États-Unis, donc la chaleur et l’humidité du Golfe du Mexique», explique le météorologue.
De pire en pire avec les années?
«Les changements climatiques accentuent les extrêmes, mais nous aurions eu un mois de juillet exceptionnellement chaud quand même», explique le météorologue.
Selon lui, il ne faut pas nécessairement s’attendre à avoir un été aussi chaud l’an prochain. «Pas plus tard que l’an passé, nous n’avons pas eu de 30 degrés Celsius en juillet ni en août. Il y a quand même de la variabilité dans le climat», souligne-t-il.
«Le constat est que la météo sera de plus en plus difficile à prévoir. On risque de voir des choses que nous n’avions pas vues encore.»
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Travailler sur les toits dans la canicule
Ceux qui travaillent à l’extérieur ont particulièrement été touchés par la chaleur intense et l’humidité cet été. Le couvreur Matthieu Gauthier, propriétaire de son entreprise à Shawinigan, en sait quelque chose.
«Habituellement on peut endurer la chaleur, mais là c’était exceptionnel. Même en buvant de l’eau et en prenant des pauses, il y a certains jours où nous avons dû terminer à midi alors que normalement, nous aurions pu continuer jusqu’à 19h», explique-t-il. «Nous allons devoir continuer plus tard cet automne.» (M.L.)
Les champs manquent d’eau… et les agriculteurs ont chaud!
«Les récoltes d’orge, d’avoine et de blé ont surtout été affectées par le manque de pluie. Dans certains champs, les agriculteurs ont au moins 50% de pertes», indique Claude Chartier, président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles de la Mauricie pour la section des cultures commerciales.
Le copropriétaire de la ferme maraichère Campanicol à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Charles Saint-Arnaud, est du même avis. «On a un déficit de pluie d’environ 100 millimètres. Tout n’est pas perdu, mais on arrive au point de non-retour bientôt», poursuit-il.
La chaleur intense ne lui fait plus peur. «Les premiers jours, c’est plus difficile, mais on s’habitue. En bas de 40 degrés Celsius… ça ne nous fait plus peur!». Néanmoins, plusieurs étudiants embauchés pour la cueillette ont abandonné après une semaine… découragés par cette chaleur accablante. (M.L.)
Des décès et un réseau de santé mobilisé
Tout le réseau de santé a été mobilisé cet été, plus spécifiquement au début du mois de juillet, où le point culminant du plan régional d’intervention en six phases a été atteint.
«C’est la première fois en Mauricie et au Centre-du-Québec que nous arrivions à l’étape de la mobilisation. Cet épisode prolongé est une situation d’exception», explique Anne Saint-Jacques, conseillère en santé environnementale à la Direction de la santé publique du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).
Dans la région, sept cas de décès potentiellement liés à la chaleur ont été signalés lors de cette période.
Dans les milieux de soins et d’hébergement, lors de telles chaleurs, on recommande notamment de fermer les rideaux des chambres et des salles communes, d’apporter systématiquement chaque résident dans une pièce fraîche pendant deux à trois heures par jour, de leur faire boire au moins 1,5 litres de liquide quotidiennement ou encore de leur appliquer des lingettes fraîches sur le visage.
De leur côté, les municipalités ont notamment été encouragées à prolonger les heures d’ouverture des édifices climatisés, des piscines et des jeux d’eau. (M.L.)
Les sportifs affrontent la chaleur
À en croire Jean Lemoyne, organisateur de La série du Diable qui propose des courses de 5 kilomètres à Shawinigan, les sportifs de la région n’ont pas changés leurs plans cet été, malgré la chaleur.
«Il n’y a que le soir du 3 juillet où nous avons vu une baisse de la participation. Sinon, en 13 ans, c’est l’été où nous avons eu le plus de participants», raconte-t-il.
L’équipe s’est tout de même assurée du bien-être des athlètes en installant, à deux reprises, une fontaine d’eau sur le parcours et en distribuant des éponges imbibées d’eau glacée. «Lorsqu’il fait aussi chaud, il faut sensibiliser les sportifs à ralentir, à s’hydrater et à écouter leur corps, tout en leur offrant des moyens de se rafraichir.» (M.L.)