Mère et fille de retour sur les bancs d’école

RENTRÉE. À la maison, elles ont une relation mère-fille. À l’école, elles sont davantage des amies. Motivées à décrocher un diplôme d’études professionnelles (DEP) un jour, Josée Mercier, 36 ans, et Jennifer Mercier, 21 ans, ont décidé de reprendre leurs études secondaires ensemble là où elles les avaient laissées… à quelques années de différence.

Le 27 août, sac à dos rempli à l’épaule, elles ont franchi toutes deux les portes du Centre d’éducation aux adultes du Saint-Maurice (CÉA) à Shawinigan où elles viennent de s’établir.

«J’avais hâte», sourit Jennifer Mercier. La jeune maman a abandonné ses études à l’âge de 15 ans. Quelques années plus tard, c’est sa mère qui l’a motivée à reprendre ses cours. «Avant, je n’avais pas vraiment de but. Maintenant je veux finir mon secondaire et faire un DEP, soit en construction ou en coiffure», raconte-t-elle.

Josée Mercier est une mère monoparentale de cinq enfants âgés entre 10 et 21 ans. «J’ai lâché l’école à 12 ans, en première secondaire. Plus de 20 ans plus tard, j’ai décidé de faire un retour», confie-t-elle. Aujourd’hui, elle a donc un but précis: devenir préposée aux bénéficiaires dans le réseau public. «Ça me prend mon secondaire 5», explique-t-elle, décidée à obtenir son diplôme avant ses 40 ans.

Retrouver le plaisir d’apprendre

«On se complète toutes les deux. On se motive. Ce n’est pas toujours facile l’école», explique Josée Mercier. «On fait nos devoirs ensemble, on s’aide.»

Une rentrée familiale au Centre d’éducation aux adultes du Saint-Maurice.

Avec la formule de l’éducation aux adultes, elles peuvent cheminer à leur rythme. «C’est moins décourageant», estime-t-elle. «Les enseignants sont plus disponibles. L’école régulière, il faut entrer dans un moule. Et quand on est jeunes, l’école, c’est différent. On n’a pas la même mentalité, on n’a pas de but, on ne sait pas ce qu’on veut faire dans la vie. Au secondaire, j’avais des zéro. Aujourd’hui, j’ai des 80 ou 90%», explique-t-elle, fière de son cheminement.

Un beau moment depuis le début de cette aventure? «Jamais je n’aurais pensé faire un exposé oral devant ma fille un jour.»

Jamais trop tard

Parfois, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas entreprendre de changement dans une vie qui ne nous convient plus: l’argent, le temps, la motivation…

«C’est un cercle vicieux», dit Josée Mercier. «On pense qu’on ne peut pas aller plus loin, qu’on va toujours vivre dans la misère, on finit par s’apitoyer sur notre sort et on tourne en rond… la journée où on franchit la porte, la confiance revient», poursuit-elle.

«Je pensais que j’étais juste une maman à la maison et que je savais rien faire d’autre dans la vie. Depuis que je suis retournée à l’école, je sais ce dont je suis capable ou pas, je sais aussi ce que je veux. J’aime ça me lever le matin.»