Prix des terres agricoles: la Relève agricole garde espoir
SAINT-BONIFACE. La Relève agricole de la Mauricie suit de près la hausse importante du prix des terres agricoles et l’accaparement de celles-ci par des fonds d’investissement.
Comme l’accessibilité à ces terres a un impact direct sur les activités des entreprises agricoles et des transferts vers les nouveaux acquéreurs, la Relève agricole de la Mauricie demande au nouveau gouvernement de se positionner sur la situation et propose de limiter les achats.
«La terre agricole, ce n’est pas un actif sur lequel tu peux spéculer. Pour nous, c’est un outil pour gagner notre vie. On veut la transmettre à la prochaine génération. Quand j’achète une terre ou que je la cultive, je ne pense pas à spéculer dessus. Je pense à en vivre et à ce qu’elle puisse profiter à la relève», commente Jean-Félix Morin-Nolet, président de la Relève agricole de la Mauricie.
«Les groupes qui achètent les terres agricoles sont une compétition directe avec la relève agricole. Je n’adhère pas à ce modèle. Je préfère mon modèle qui est de propriétaire foncier. Les visions ne sont pas les mêmes. Je pense personnellement que l’avenir est dans le modèle de propriétaire foncier».
L’an dernier, rappelons-le, la hausse moyenne de la valeur des terres agricoles était de 18,8% dans la région. «Ça représente beaucoup d’argent!», soutient M. Morin-Nolet.
«J’ai hâte de voir ce que le gouvernement va faire. Nous, ce qu’on a proposé, c’est de limiter l’achat des terres à 100 hectares par année pour une période de trois ans, rappelle M. Morin-Nolet. C’est une proposition qui donne le temps d’analyser la situation et de prendre les bonnes décisions. Ça prend des outils pour favoriser l’accès aux terres à la relève.»
La MRC de Maskinongé compte 50% de tous producteurs agricoles mauriciens, ce qui en fait le territoire le plus agricole de la région avec près de 500 fermes.
«L’augmentation de la valeur des terres entraîne des conséquences importantes pour tout le milieu agricole. Le fond de la terre, c’est notre plus grande valeur! Si la relève n’est pas capable de se financer pour acheter la terre d’un cédant, c’est certain qu’il y aura des impacts. Il faut trouver des solutions tout de suite. L’agriculture, c’est un moteur économique dans la MRC de Maskinongé», rapporte Jean-Félix Morin-Nolet.
«Si le nouveau gouvernement a une réelle volonté politique, il y a de l’espoir. M. Legault veut incarner le changement et il faut lui donner une chance. J’ai confiance!»
La CAQ réagit
Conscient de l’importance de l’agriculture dans la circonscription de Maskinongé, le nouveau député caquiste Simon Allaire indique que le travail est déjà amorcé. À cet effet, il a rencontré l’Union des producteurs agricoles de la Mauricie à Yamachiche lors des derniers jours pour notamment discuter de ce dossier.
«C’est vraiment un enjeu tout comme l’accessibilité au financement. Ils m’ont clairement exprimé leurs craintes par rapport à l’avenir si les terres continuent à avoir une hausse aussi fulgurante. J’ai très bien reçu le message et notre gouvernement est très conscient de la problématique», répond M. Allaire.
«Ce qu’on a dit qu’on ferait, entre autres, pendant la campagne électorale, c’est qu’on va être à l’affût des dernières transactions et on va s’assurer qu’il n’y a pas de surenchère déloyale par des groupes externes qui veulent uniquement faire un investissement, avoir un retour sur cet investissement ou encore en faire l’acquisition sans l’exploiter normalement».
Simon Allaire est d’avis que les conséquences peuvent être lourdes sur la relève agricole. Il compte rapidement se mettre au parfum du dossier et rencontrer son ministre de l’Agriculture. «Je vais avoir des discussions avec M. Lamontagne parce qu’on le sait, la MRC de Maskinongé a le territoire le plus agricole en Mauricie. Il faut trouver la meilleure solution possible, mais avant de m’avancer là-dessus, je préfère rencontrer notre ministre», indique-t-il.
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