Markantoine: le Shawiniganais à la mode

FASHION. Pénélope McQuade, Catherine Brunet et Marie-Pier Morin portent ses créations sur les tapis rouges mais depuis la semaine dernière, ses anciens camarades de classes du Séminaire Sainte-Marie peuvent aussi s’habiller avec du MARKANTOINE en magasinant chez Simons…

Markantoine Lynch-Boisvert est devenu un nom incontournable depuis quelque temps sur la scène québécoise de la mode. Son dernier haut fait d’armes: sa plus récente collection se retrouve depuis la mi-août dans les 15 magasins Simons au Canada.

Dix-neuf pièces, à des prix variant de 12$ à 200$, destinées aux jeunes professionnels 25-35 ans, hommes et femmes.

«En m’associant avec une chaîne de magasins, le défi était de créer quelque chose de plus commercial et accessible tout en gardant mon univers MARKANTOINE», explique le designer en entrevue téléphonique.

Et puis en embarquant pour une première fois dans l’aventure du prêt-à-porter, le Shawiniganais devait aussi simplifier ses vêtements. «Avec mes propres collections, je fais la confection dans mon atelier et confie certaines tâches à des couturières. Avec Simons, les pièces sont fabriquées en Chine, en Italie et à Los Angeles. Il faut ainsi décomplexifier certains vêtements.»

Dans le milieu de la mode au Québec, on qualifie les créations de Markantoine Lynch-Boisvert de «streetwear haut de gamme». Sur cette photo, quelques pièces de sa collection créée pour Simons.

Le style gothique-exotique

L’empreinte MARKANTOINE est qualifiée de  »gothique-exotique » dans le milieu québécois de la mode, un brand qu’il a lui-même crée et qui le fait sourire lorsqu’il raconte son origine. «J’étais à la Nouvelle-Orléans et je n’arrivais pas à décrire ce que je voyais: une vibe très vampire, sorcière, fantôme dans un décor de palmiers. J’ai dit alors: C’est gothique et exotique! et l’image est resté.»

Ce contraste est maintenant rendu sa marque de commerce. «Ça peut être les couleurs, la matière, l’histoire derrière le vêtement, les textures, les imprimés. Je créé en association deux éléments très contrastés.» Ses matières préférées sont le denim et les paillettes, encore là deux items qu’on ne combinerait pas spontanément.

L’entrée d’un designer québécois chez Simons a eu un bel impact médiatique dans les dernières semaines mais Markantoine Lynch-Boisvert n’a pas trop eu le temps de célébrer. Il travaille activement ces temps-ci à sa collection printemps-été 2020 qui sera présentée à Montréal en octobre.

Puis en décembre, à l’invitation de la Grappe métropolitaine de la mode (mmode) il mettra le cap sur Paris pour un voyage de prospection. «Je vais rencontrer des agents, peut-être pour pouvoir exporter mes collections là-bas», explique le créateur qui enseigne aussi à l’École internationale de mode, arts et design au Collège LaSalle.

«Toute la planète de la mode participe au Fashion Week à Paris, poursuit le Shawiniganais. Je vais pouvoir rencontrer des acheteurs de Corée, de Chine, d’Allemagne. Mon but, c’est de vendre mes créations dans le monde au complet mais en même temps, c’est important pour moi de rester une marque québécoise et de faire ma production ici à Montréal», termine-t-il.

Du MARKANTOINE au musée

En compagnie de 9 autres designers québécois, Markantoine Lynch-Boisvert a été invité à exposer quelques créations au Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) dans le cadre de l’exposition Thierry Mugler – Couturissime présentée jusqu’au 8 septembre. Sa présence là-bas a quelque chose d’ironique puisque le Shawiniganais dénonçait il y a quelques mois dans les médias le fait que les designers comme lui ne soit pas éligibles à des bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec. «Le conseil ne considère pas les créateurs de mode comme des artistes mais en même temps, nos œuvres sont exposées dans le plus grand musée au Québec.»