Un premier VTT 100% électrique développé à Shawinigan
INNOVATION. Après Taïga Motors et sa motoneige électrique développée au Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins (CEADS) il y a cinq ans, Shawinigan est de nouveau l’épicentre de l’électrification des transports alors qu’un trio d’entrepreneurs s’apprête à lancer le premier véhicule tout terrain (VTT) entièrement électrique sur le marché.
Décliné en deux versions (45 et 70 Forces), le Reever est le premier modèle lancé par Theron, une entreprise fondée par Bastien Theron, Philippe Lafontaine et Michael Jomphe et aussi incubée au CEADS.
Actuellement sur le marché, il existe des mini-quads pour enfants électriques mais aucun VTT électrifié en mesure de rivaliser avec la flotte de motorisés des Polaris et BRP de ce monde. «Il n’y a rien de disponible pour les amateurs qui veulent se promener dans le bois dans le respect de l’environnement», mentionne Bastien Theron, directeur général du nouveau fabricant. «Et puis on voit de plus en plus de sentiers qui ferment en raison du bruit. On vient apporter une solution à ce problème», poursuit-il.
Jusqu’à 120 km/h
Le Reever possède une autonomie de 90 kilomètres pour sa version 45 Forces et de 180 kilomètres pour le 70 Forces, tout en pouvait atteindre une vitesse de 120 km/h. «Pour comparer, le Renegade 800 de Can-Am est équipé d’un moteur 78 Forces mais ces VTT conventionnels ont une transmission à variation continue qui fait que la puissance qui arrive aux roues est diminuée d’environ la moitié. Notre VTT électrique n’a pas de transmission et la puissance est donc totalement relâchée jusqu’aux roues du véhicule», souligne Philippe Lafontaine, natif de Nicolet.
Pour cette année, le véhicule sera propulsé par deux roues motrices mais une version 4 x 4 sera disponible l’an prochain. «Avec l’UQTR, nous travaillons également sur une remorque qui sera équipée de deux moteurs électriques aux roues qui seront alimentés par la batterie du VTT. Avec cette traction à l’arrière, même la version 2 roues motrices du Reever saurait se déprendre sur n’importe quel terrain», estime Bastien Theron, un ingénieur d’origine française établi au Québec depuis plus de douze ans.
Décrivant leur VTT comme polyvalent, c’est-à-dire alliant les qualités de l’utilitaire et du sportif, les inventeurs du Reever prévoient en fabriquer dix en 2021 et 300 en 2022. Muni d’une prise de courant à l’arrière, il peut se transformer aussi en génératrice en alimentant des outils pour les travailleurs. «On commence cette année à attaquer le marché des entreprises et des agriculteurs mais on vise les particuliers l’an prochain. Nous allons faire une démonstration à des responsables de la SEPAQ cette semaine», révèle Philippe Lafontaine.
Le modèle de Tesla
Le Reever se détaillera au coût de 15 000$ dans sa version 45 Forces et 20 000$ pour le 78 Forces. «C’est environ 1500$ de plus que les modèles VTT conventionnels correspondants», souligne Bastien Theron. Le nouveau manufacturier utilisera le principe développé par Tesla pour entrer dans le marché, c’est-à-dire sans concessionnaire. «On va fonctionner par commande. En n’ayant pas d’intermédiaire entre nous et le client, ça nous permet de maintenir un prix raisonnable tout en assurant un meilleur service après-vente pour le nouveau propriétaire.»
Soulignons que l’entreprise a bénéficié d’une aide financière de 350 000$ du Centre d’excellence en efficacité énergétique (C3E) pour financer le développement de son prototype. «Ça s’est avéré un financement indispensable», note Philippe Lafontaine. Theron prévoit créer entre 15 et 20 emplois en 2022 lorsqu’elle augmentera sa capacité de production.
Alors que BRP annonçait récemment qu’il planchait sur l’électrification de sa gamme de véhicules et que Taiga Motors s’apprête aussi à multiplier sa production, incidemment à Shawinigan, Theron s’estime en mesure de faire sa place. «BRP prévoit arriver sur le marché en 2027 tandis que Polaris va lancer un côte-à-côte électrique en 2022. Ça nous laisse du temps pour nous établir, car nous sommes déjà prêts», souligne le directeur général. «Taïga jouera plus dans les plates-bandes de Can-Am et Polaris tandis que nous, on fabrique un véhicule polyvalent», termine le directeur général.