Les trois candidats réunis une première fois
ÉLECTIONS. Pour la première fois depuis le début de la campagne à la mairie de Shawinigan, les trois aspirants étaient réunis mercredi matin à l’Auberge Gouverneur à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan qui voulait connaître leur point de vue sur cinq enjeux.
Développement économique de Shawinigan
Claude Cournoyer a ouvert la rencontre en déclarant vouloir miser sur le potentiel touristique pour développer la Ville. Il verrait très bien le comédien Rémi-Pierre Paquin comme porte-parole d’une campagne. Disant vouloir favoriser l’achat local, il veut également améliorer l’offre locale. « Il manque un nettoyeur à Grand-Mère, la grande oubliée de la ville. »
Luc Trudel a dit pour sa part vouloir attirer de jeunes familles à Shawinigan, notamment par la voie de l’immigration. Déplorant que le niveau de diplômés universitaires en ville soit inférieur à la moyenne, le candidat a soulevé l’idée d’aménager un campus de l’UQTR à Shawinigan. Selon lui, la décision d’Ubisoft d’établir une antenne au Saguenay plutôt qu’ici est explicable par cette lacune. Il est revenu également sur le fait qu’Hydro-Québec avait une dette morale envers Shawinigan.
Déclarant d’entrée de jeu que Shawinigan était en plein essor économique, Michel Angers a pour sa part réitéré l’importance d’appuyer en premier lieu l’expansion des entreprises déjà en place. L’année 2022 sera celle du développement d’une filière de l’électrification des transports et l’établissement d’une zone d’innovation assure-t-il. Le maire sortant a enfin dit miser sur les missions économiques pour attirer de la nouvelle main d’œuvre, tout comme il a dit vouloir renforcer les trois pôles commerciaux de la Ville.
Vision du développement durable
Disant que le parc immobilier à Shawinigan est âgé, Luc Trudel verrait d’un bon œil l’établissement d’un projet pilote mené par Hydro-Québec et la Société d’habitation du Québec pour améliorer le bilan vert de ces immeubles. « Faire de Shawinigan un laboratoire social et économique », a-t-il déclaré. Il a aussi souligné que les circuits de transport en commun devraient être bonifiés, pour desservir notamment les parcs industriels.
Sous ces trois mandats, Michel Angers a souligné que la Ville a diminué l’émission de gaz à effet de serre (GES) de 32% en remplaçant notamment les chaudières au mazout dans des bâtiments municipaux. Il dit vouloir amputer de 30% ces émissions d’ici les 10 prochaines années. L’électrification de la flotte de véhicules municipaux, la réduction des déplacements, la gratuité du transport en commun et les mesures favorisant le covoiturage sont des avenues qu’il compte explorer dans un prochain mandat.
Pour Claude Cournoyer, il faut prendre des mesures pour densifier le territoire et non favoriser son éparpillement. Il suggère l’emploi de taxibus plutôt que des autobus traditionnels dans le transport en commun. Celui-ci devrait être gratuit pour les personnes de plus de 60 ans. Enfin, il propose d’intégrer des logiciels dans les véhicules de la Ville afin que des habitudes de conduite écoresponsable soient adoptées lors de leur déplacement.
Relations avec les organismes économiques
Le candidat Luc Trudel a profité de ce point pour aborder la question du niveau de taxation à Shawinigan qu’il juge élevée. « La Chambre de commerce sera un partenaire important pour mobiliser le milieu pour faire face au défi des finances publiques », a-t-il déclaré. Soulignant que le poids de la dette exerce une pression importante, il a dit souhaiter l’adhésion des gens d’affaires pour réduire les écarts avec les villes environnantes.
L’intervention du candidat Claude Cournoyer a été brève sur ce point: « Seul on avance plus vite. Ensemble on avance plus loin. »
Disant entretenir d’excellentes relations avec la Chambre, le SANA, la SADC, le CJE, Stratégie Carrière, Michel Angers a dit croire que cette appréciation était partagée avec ces intervenants. Il a souligné que tous ces partenaires se retrouvaient dans le comité de diversification économique qu’il dit maintenant vouloir transformer en comité d’accélération. La création d’une nouvelle association de gens d’affaires dans le secteur Grand-Mère sera l’une de ses priorités, a-t-il affirmé. « Le rôle d’un maire, c’est celui d’être un rassembleur », a rappelé Michel Angers.
Finances de la Ville
Sur les finances de la Ville, le maire sortant a souligné avoir réussi en douze ans à obtenir des subventions de plus de 178 millions$ pour réhabiliter les infrastructures publiques. Sur la dette élevée, Michel Angers a rappelé qu’une stratégie a été mise en place il y a cinq ans et qu’en 2035, celle-ci sera réduite de 50%. « Le rôle d’une ville, c’est de donner des services. À Shawinigan, on a un budget de 100 millions$. Je mets au défi quiconque veut diminuer le taux de taxes à dire quels services seront coupés? », a-t-il lancé, soulignant au passage qu’il se « dit n’importe quoi au sujet du compte de taxes à Shawinigan. »
Ancien vérificateur général dans les villes de Sherbrooke et Trois-Rivières, Claude Cournoyer a rappelé que le rapport de la Commission municipale du Québec établissait Shawinigan comme la 2e ville la plus endettée du Québec dans sa catégorie. « Le maire Angers fait un déni de la situation. Moi, je mettrai un moratoire sur les missions économiques à l’étranger. Il faut vivre selon ses moyens, se serrer la ceinture, faire plus avec moins », a-t-il énuméré avant de suggérer de déneiger un trottoir sur deux pendant l’hiver pour économiser.
Reprenant un point qu’il aborde régulièrement dans ses interventions publiques, le candidat Luc Trudel a énuméré une série de 21 mesures qu’il prendrait pour reprendre la main sur les finances publiques. Les mots efficacité et transparence sont revenus à plusieurs occasions dans son intervention. « Il faut expliquer à la population le fonctionnement des organismes municipaux comme la SDS et il faut normaliser nos relations avec le gouvernement, que ce soit l’appareil administratif et le politique. »
Où sera rendue Shawinigan dans quatre ans?
Au terme d’un 4e mandat, Michel Angers voit la Ville de Shawinigan dotée d’une zone d’innovation avec des centres de recherche opérationnels. Un DigiHub qui a pris le train de la technologie du blockchain et de la muséologie numérique. « Nous compterons plus de 50 000 habitants alors qu’on nous prédisait il y a quelques années 45 000 en 2020. Un hôtel signature au Parc des papetiers, un pont et une marina de Grand-Mère illuminé qui en feront une attraction nationale. Le maire sortant a dit vouloir continuer à développer tout le volet tourisme et culture dans un prochain mandat.
« Si je suis élu, le malade sera sorti des soins intensifs et de l’hôpital », a promis pour sa part Claude Cournoyer. Dans le dossier de l’usine d’eau potable du Lac-à-la-Pêche, il a dit connaître « deux ou trois ingénieurs seniors » pour trouver des solutions, soulignant ne pas être en faveur d’une enquête publique sur le sujet. À propos du parc industriel à grand gabarit dans le secteur Saint-Georges, le candidat à la mairie a dit souhaiter ternir des consultations publiques pour voir ce qu’on pourrait en faire.
Enfin, Luc Trudel a dit vouloir s’il est élu établir un nouveau pacte avec la population pour assurer plus de transparence dans le redressement des finances de la Ville. Il a également évoqué l’établissement d’un pacte avec le gouvernement du Québec pour assurer le développement économique et social de la Ville. À propos du parc industriel orphelin dans le secteur Saint-Georges, Luc Trudel verrait d’un bon œil l’intervention d’Investissement Québec dans le dossier.
Période de questions
Trois intervenants sont venus au micro lors de la période de questions clôturant la présentation: le directeur général et artistique de Culture Shawinigan, Bryan Perro,; Louis Vanasse, responsable de communications de la campagne de Michel Angers; et le conseiller municipal et candidat Guy Arseneault.
Si les questions de Bryan Perro (coupure dans la culture?) et Guy Arseneault (relation du futur maire avec les conseillers) ont été rapidement évacuées – les trois candidats s’entendant pour dire que la culture était un investissement et non une dépense; et sur le fait que les trois administrations du maire Angers ont été un modèle d’harmonie au conseil – celle de Louis Vanasse a surpris et déstabilisé.
Se présentant comme un citoyen du centre-ville, il a interpellé d’abord le candidat Claude Cournoyer en le traitant d’humoriste. Une intervention que n’a pas cautionnée Michel Angers, disant que tout le monde avait sa place dans cette campagne. Louis Vanasse a par la suite demandé à Luc Trudel d’expliquer les raisons de son départ du Séminaire Sainte-Marie où il a occupé brièvement le poste de directeur général il y a quelques années.
Visiblement choqué par cette intervention qu’il a dit « déplorer et hors contexte » auprès du président de la Chambre, Donald Angers, Luc Trudel a néanmoins répondu en partie à la question. « On m’avait engagé pour faire la promotion de l’institution, mais je me suis rapidement rendu compte que c’était un cas de redressement », a-t-il déclaré, sans vouloir aller plus loin en rappelant qu’une clause de confidentialité liait les deux parties.