Un premier pas vers une aire protégée à Saint-Mathieu
ENVIRONNEMENT. La Coalition aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc – autrefois Coalition pour la préservation du Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc – vient de se voir accorder un montant de 196 000$ pour élaborer et déposer un plan de conservation et de développement auprès du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
Il s’agit d’un revirement de situation exceptionnelle étant donné que pas plus tard qu’en décembre dernier, la Coalition tirait la sonnette d’alarme devant l’imminence de coupes forestières majeures sur le territoire. Six mois plus tard, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Pierre Dufour, se retrouvait à Saint-Mathieu-du-Parc avec son collègue de l’Environnement, Benoit Charette, pour procéder à cette annonce qualifiée d’historique par Éric Proulx, l’un des citoyens les plus engagés dans le projet d’aire protégée.
« C’est un modèle qui va faire école et la concertation qui s’est déroulée ici entre les intervenants nous inspire et va nous guider pour d’autres projets qui seront développés ailleurs au Québec », a d’ailleurs estimé Benoit Charette.
Son collègue Pierre Dufour abondait dans le même sens, soulignant au passage que le mois de décembre fut particulièrement rock’n roll de son côté. « J’ai d’abord attrapé la COVID puis après, le dossier de Saint-Mathieu est arrivé sur mon bureau », a-t-il lancé, suscitant un éclat de rire dans la salle.
Plus sérieusement, Pierre Dufour a souligné que ce dossier incarnait bien la complexité du mandat de son ministère. « Moi, ma responsabilité, c’est d’arriver à une harmonisation des usages sur le territoire forestier. Et c’est à ce qu’on a obtenu ici. Autant pour les intervenants des milieux environnementaux et de protection et de conservation de la faune que les forestiers, dans ce cas-ci Remabec, il y en a eu pour tout le monde. Éric voulait par exemple qu’on protège des chênes centenaires. L’entreprise nous a dit que ces arbres représentaient plus un trouble pour lui car il n’en avait pas besoin. Le dossier de Saint-Mathieu est représentatif de ce que devrait être la façon de travailler les choses. L’exemple de travail de terrain qui s’est fait ici va pouvoir faire des petits ailleurs au Québec », a poursuivi le ministre qui a aussi loué les démarches réalisées par les députés Simon Allaire (Maskinongé) et Marie-Louise Tardif (Laviolette – Saint-Maurice) dans ce dossier.
Dépôt du plan en mars 2023
C’est la Société pour la nature et les parcs du Canada section Québec qui soutiendra financièrement et techniquement la Coalition pour la préparation de son plan de conservation et de développement. Éric Proulx voudrait le déposer au ministère de l’Environnement au printemps 2023.. « L’argent va servir à étudier le territoire, à le caractériser. On y retrouve des sapinières à bouleaux jaunes de plus de 150 ans, des érablières centenaires, trente-deux espèces menacés. C’est un projet de territoire grandiose », souligne-t-il.
Mais dès les prochaines semaines, la Coalition prévoit soumettre des avant-projets. « On va leur délimiter le territoire dont on parle. Quelles sont les espèces à protéger. Les potentialités du territoire. On prévoit même commencer tranquillement des activités commerciales dès 2023 et 2024 comme l’aménagement de nouveaux sentiers et d’un centre d’interprétation », souligne-t-il.
La reconnaissance d’une aire protégée étant un exercice qui peut s’échelonner sur près de six ou sept ans, Éric Proulx affirme que le défi sera de démontrer rapidement au ministère que les retombées économiques reliées aux activités récréotouristiques et même éducatives projetées ne justifieront plus de coupes forestières comme celles menées par Remabec en début d’année 2022. Le ministre Dufour a pour sa part réitéré son engagement de ne plus en permettre au moins d’ici 2025.
Soulignons que l’aire protégée projetée par la Coalition est d’une superficie de 127 kilomètres carrés. Située au sud du parc national de la Mauricie, elle va du lac à la Croix jusqu’au lac Minogami. Sa concrétisation s’inscrirait dans la volonté gouvernementale de créer davantage d’aires protégées dans le sud du Québec.