30 jours sur la rivière Broadback

AVENTURE. À l’ère des technologies, 12 jeunes adultes ont décidé de vivre une expédition de 30 jours en canot sur la mythique rivière Broadback, dans la nature sauvage du Nord-du-Québec. Le 9 juillet dernier, ils prenaient le départ pour l’ultime aventure proposée par le camp Minogami situé dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides à Shawinigan.

«Cette expédition, c’est la consécration de leur séjour au camp, c’est l’expédition des expéditions.» La guide Annick Shamlian, 48 ans, est tombée en amour avec le camp Minogami il y a plusieurs années déjà, alors qu’elle était elle-même une jeune campeuse. Ses camarades l’avaient alors surnommée «Shawinigan», et le surnom «Shawi» la suit depuis.

Les guides Annick Shamlian et Hugo Dufresne (lunettes en haut à gauche) en compagnie de la deuxième cohorte de l’été à prendre le départ pour l’expédition sur la rivière Broadback.

Ses séjours à Minogami ont teinté ses expériences professionnelles, elle qui est notamment formatrice en plein air et en premiers soins en région éloignée. En 2015, elle a aussi traversé le Canada en canot, 7000 kilomètres en six mois, de Montréal à Inuvik.

C’est la cinquième fois qu’Annick Shamlian accompagne un groupe du camp dans cette grande expédition offerte à trois cohortes chaque été depuis 2009. «C’est l’appel du défi, du Nord, des intempéries, du dépassement de soi.»

Vivre en nomade au rythme de la nature

Transportés en minibus, les jeunes et leurs deux guides ont été largués quelque part vers le kilomètre 100 de la route du Nord, aux abords du lac Frotet. Pendant un mois, ils parcourront quelque 500 kilomètres sur la rivière Broadback en direction de Waskaganish, d’où ils longeront les berges de la Baie-James avant le fil d’arrivée.

À bord de leur canot, ils trimballent d’énormes bidons bleus qui contiennent bagages, équipement de camping et provisions, notamment beaucoup de nourriture déshydratée. Après 18 jours, les nomades temporaires recevront un ravitaillement.

Après l’abaissement de leur campement le matin, ils naviguent de 5 à 20 kilomètres par jour, selon les rapides et les portages, avant de gagner le prochain site de campement logique.

«C’est fascinant d’amener des jeunes sur ce territoire où on côtoie notamment la nation Crie. C’est un privilège de pouvoir naviguer sur leurs terres ancestrales. La plupart du temps ces jeunes viennent de la ville. C’est un style de vie qu’ils doivent apprendre et intégrer dans leur quotidien pendant un mois», explique Annick Shamlian.

«Le défi c’est de travailler en équipe et de vivre en microsociété. On en ressort tous un peu grandi», poursuit-elle. De liens précieux se tissent au rythme des coups de pagaie. Peu de jeunes auront vécu une aussi longue expédition.

L’aventure laisse place à plusieurs moments magiques. «Leur visage s’illumine lorsque nous atteignons la majestueuse chute Tupatukasi, de 34 mètres de hauteur. J’adore ce moment de bonheur sans équivoque.» Le sentiment d’accomplissement à l’arrivée a aussi quelque chose d’indescriptible.

Peu pour être heureux

Pour Annick Shamlian, vivre avec si peu d’effets personnels pendant ces expéditions en nature la fait réfléchir sur sa consommation au quotidien. «Tu te rends compte que tu n’as pas besoin de grand-chose dans la vie au final», réfléchit-elle.

La nature est devenue une nécessité pour elle. «Qu’il pleuve ou qu’il fasse soleil, je n’ai aucun contrôle là-dessus. J’y vais avec ce que la journée et la nature m’envoient. De voir autant de vert et d’eau, sans musique, dans le calme total, ça apporte un sentiment de paix et de tranquillité qui ne se retrouve pas ailleurs selon moi. Le moment où je m’assois dans mon canot, où je trempe mon aviron, j’ai un bien-être total qui s’installe.»