Coup dur pour la santé mentale
SANTÉ. Cinquante-huit ressources d’hébergement en santé mentale pourraient fermer leurs portes en Mauricie d’ici la fin de l’année, craint le Regroupement des ressources résidentielles adultes du Québec (RESSAQ).
Lundi, des établissements membres du RESSAQ, dans la région, ont reçu une lettre les avisant que leur entente avec CSSS de l’Énergie, qui fait maintenant partie du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), ne serait pas renouvelée. Cette entente spécifique vient à échéance le 2 décembre 2016.
Dans un communiqué de presse, le RESSAQ se dit «sidéré» par cette lettre et dénonce la disparition probable des 58 ressources visées; des ressources qui prennent soin de 178 usagers.
Pour justifier la fin de cette entente, le CIUSSS MCQ évoque une adaptation au Plan d’action en santé mentale 2015-2020 (PASM) du ministère de la Santé et des Services sociaux, «plan qui l’incite à revoir son offre de services d’hébergement».
Cependant, clame le RESSAQ, cette action contredit le point 4.2.1 du même Plan d’action, où la stabilité résidentielle des personnes atteintes d’un trouble mental est un élément déterminant. Elle contredit aussi le point 3.1.1, qui souligne l’importance d’assurer la primauté de la personne par le respect de sa personnalité, de sa façon de vivre, de ses différences et des liens qu’elle entretient avec son environnement. De plus, estime l’organisation, cette mesure est incompatible avec le respect des préférences des usagers.
«Certaines de ces personnes sont hébergées au sein de l’une de nos maisons depuis près de 30 ans», souligne Daniel Arcand, vice-président du RESSAQ et propriétaire d’une ressource de type familiale depuis plus de 39 ans. «Les déplacer nuirait non seulement à leur développement et au progrès qu’ils ont fait depuis de nombreuses années, mais créerait chez eux une instabilité résidentielle. Après toutes ces années, nous sommes leurs familles, nous sommes leur stabilité».
Une décision avec de lourdes répercussions
«Cette décision est tout simplement inhumaine», ajoute Réjean Simoneau, président du RESSAQ. «Ce sont plus de 178 usagers qui sont hébergés dans ces 58 ressources. Où iront-ils? Seront-ils institutionnalisés? Ai-je besoin de rappeler les coûts importants que ça représente pour la société, en plus de déstabiliser toutes les personnes impliquées? Il faut cesser de prioriser des restructurations administratives au détriment du patient, surtout en matière de santé mentale. Le PASM demande un logement qui répond aux besoins des personnes, et c’est ce que nous leur offrons déjà».
M. Arcand se dit préoccupé. «J’ai un doute quant à la réattribution de résidence pour ces 178 personnes. Or, il ne faut pas oublier que si ces personnes vivent au sein de nos ressources, c’est qu’elles ne sont pas aptes à vivre en société pour le moment. Parmi ces usagers figurent des personnes avec des troubles mentaux plus légers, mais figurent également des schizophrènes et des personnes plus impulsives qui doivent être suivies quotidiennement. Il faut s’assurer que chacune de ces personnes ait un endroit adéquat où vivre pour la suite».
La première d’une série à venir?
M. Simoneau, quant à lui, craint qu’il ne s’agisse d’une première vague de fermetures et que d’autres régions soient tentées d’imiter le CIUSSS MCQ. «Il ne faudrait pas que cette mesure devienne une tendance. Au contraire, nous pensons que la situation devrait être réévaluée. Le CIUSSS MCQ devrait réaliser qu’il a une réelle responsabilité envers ses usagers. Notre mission est de désinstitutionnaliser les gens afin qu’ils puissent évoluer au sein d’une vraie famille, et présentement nous travaillons à contre-courant».