Crise des déchets : une proposition temporaire du ministère
DÉCHETS. Le ministère de l’Environnement a proposé, lundi, un certificat d’autorisation temporaire pour empiler davantage de déchets dans une zone restreinte du site d’enfouissement de St-Étienne-des-Grès. Le sous-ministre adjoint a d’ailleurs qualifié ce site «du plus problématique au Québec».
Dans la foulée de la crise des déchets qui ébranle la Mauricie depuis plus d’une semaine, le ministère a convoqué les élus régionaux et les responsables de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie à une rencontre, lundi matin.
Le certificat d’autorisation temporaire qui en a découlé vise à accroître durant quatre mois la capacité d’enfouissement d’une partie de la cellule 3. Celui-ci pourrait entrer en vigueur le 6 juin, à condition que la Région accepte de se soumettre à un contrôle renforcé et à des conditions très strictes.
«Nous avons un plan de contrôle systématique pour tous les lieux d’enfouissement. Un site a risqué comme celui de St-Étienne-des-Grès est donc visité un minimum de six fois par année par nos agents. Avec l’émission d’un certificat temporaire, des obligations supplémentaires viennent s’ajouter», a indiqué le sous-ministre adjoint à l’analyse et à l’expertise régionales du Québec, Michel Rousseau.
Chaque fois que la Région contreviendra à l’un des engagements, un avis de non-conformité lui sera acheminé.
Le ministère propose aussi à la Régie de l’accompagner vers l’obtention d’un certificat d’autorisation permanent. Rappelons que depuis le 14 avril 2015, la Régie est en attente de cette autorisation pour pouvoir modifier la géométrie des cellules 1, 2 et 3 et y enfouir davantage d’ordures. Cela lui éviterait d’aménager une cinquième cellule.
Le ministère de l’Environnement réplique toutefois qu’il manque de nombreux documents, entre autres des études sur les émissions atmosphériques, pour qu’il puisse donner son accord.
La Régie a même envisagé la possibilité d’arrêter de collecter les ordures de la population, la semaine dernière, faute d’espace. Vendredi, elle annonçait toutefois avoir trouvé une solution temporaire à son problème.
Elle a maintenant cinq jours pour analyser la demande du ministère et rendre sa décision.
Un site problématique
Le sous-ministre adjoint à l’analyse et à l’expertise régionales du Québec, Michel Rousseau, a dénoncé la gestion du site fait par la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie.
Sur 37 lieux d’enfouissement technique (LET) au Québec, il a qualifié celui de Saint-Étienne-des-grès comme étant «le plus problématique». D’ailleurs, de nombreux avis d’infractions ont été émis.
Depuis juin 2014, 148 plaintes liées aux odeurs et aux bruits ont été émises par des citoyens résidant dans un rayon de 6 km du site d’enfouissement. La Municipalité de St-Étienne-des-Grès craint d’ailleurs une augmentation de ses nuisances si la Régie venait à recevoir son certificat.
Plusieurs problématiques et non-conformités ont aussi pu être observées par le ministère depuis 2014, notamment un volume plus élevé que la limite convenue dans les cellules aménagées. En 2015, 196 850 mètres cubes de déchets ont été enfouis, et ce, sans autorisation. Selon le Michel Rousseau, il s’agit d’un excédent considérable.
Un dépassement de la norme de zinc a aussi été enregistré. La Régie tente actuellement de remédier à ce problème, mais peine à trouver une solution pour y parvenir.
Il le faudra cependant, si elle souhaite obtenir son certificat d’autorisation auprès du ministère de l’Environnement.