Des terres agricoles endommagées par des motoneigistes
MOTONEIGE. Les producteurs agricoles de la région implorent les motoneigistes de rester dans les sentiers balisés et de respecter les droits de passage. Si la grande majorité se conforme aux règles, un certain nombre d’adeptes insouciants causent des dommages importants aux sols et aux récoltes à venir en s’aventurant sur les terres privées.
Depuis le début de la saison de motoneige, l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Mauricie dénonce cette situation. «C’est un problème majeur qui a été rapporté aux différents clubs de motoneigistes. Ce n’est pas de leur faute, mais on veut qu’ils nous donnent un coup de main pour faire passer le message auprès de leurs membres. Avec la pandémie, il y a un plus grand engouement pour la motoneige cette année. Les gens ont besoin d’une échappatoire et on remarque qu’il y en a davantage qui vont dans les champs. C’est très préoccupant. Il y a des cowboys qui ne se soucient que très peu de la propriété des autres», commente le président, Jean-Marie Giguère.
«Il y a des cowboys qui ne se soucient que très peu de la propriété des autres»
– Jean-Marie Giguère
Il précise que le couvert de neige est mince et que des cultures sensibles peuvent se trouver en dessous. «Les motoneiges sont puissantes et elles font des dégâts épouvantables. C’est au printemps que les producteurs voient la nature et l’étendue des pertes. Autant les luzernières que le blé d’automne, c’est très fragile! Quand les motoneigistes vont s’amuser sur les terres des producteurs, ça affecte grandement les cultures. Certaines cultures sont moins résistantes au froid, au gel et à la compaction», mentionne M. Giguère.
«Ce n’est déjà pas facile l’agriculture, car ça dépend beaucoup de la météo. Les producteurs essaient de tirer le meilleur du fruit de leurs efforts. Quand tu vois que les gens font du hors-piste, c’est dommage, mais c’est aussi très fâchant», ajoute-t-il.
L’UPA estime que 90 % des délinquants ne sont pas membres des clubs de motoneigistes. «La plupart des membres sont respectueux. Il y a une minorité de personnes qui manquent de civisme, mais que voulez-vous, ça ne se vend pas à l’épicerie ou à la pharmacie. On demande à la population de vraiment faire attention», répond le président, en précisant préconiser une approche de sensibilisation.
Jean-Marie Giguère rappelle que les producteurs agricoles de la région sont nombreux à accorder de bon cœur des droits de passage aux différents clubs et qu’il serait dommage que certains d’entre eux retirent ces privilèges pour quelques motoneigistes irrespectueux. «C’est malheureusement ça qui arrive parfois dans un fort pourcentage et ça vient toucher à l’économie locale. Bien des relais, des bars, des restaurants et d’autres entreprises vivent de ça l’hiver normalement.»
Par ailleurs, l’Union des producteurs agricoles de la Mauricie révèle avoir une excellente collaboration avec les clubs locaux. «Depuis 2010, nous avons une table régionale qui permet d’aborder certaines problématiques. Il y a toujours de bons échanges. On essaie de trouver des éléments pour compenser des deux côtés et des moyens pour s’accommoder. On ne demande pas mieux que la bonne entente et le respect des producteurs agricoles», raconte M. Giguère.
«C’est inacceptable!»
Ces comportements inappropriés sont aussi fortement dénoncés par le Syndicat de l’UPA de Maskinongé. «C’est inacceptable! Cette problématique-là n’est pas nouvelle, mais elle s’est intensifiée cette année. On prévoit informer les clubs de notre territoire pour les avertir que beaucoup de producteurs agricoles sont mécontents. Si on veut que les droits de passage restent, il va falloir qu’il y ait de petits changements. Ça va prendre plus de surveillance et plus de prévention. Sinon, les droits de passage sont en jeu et je pense qu’ils sont assez fragiles comme ça», indique le président, Martin Marcouiller.
«Les gens ne voient pas les dommages sur le coup. C’est une fois que la neige est partie qu’on les voit. C’est très facile de savoir où le sentier passe et où les autres motoneigistes ont passé sur les terres agricoles. La gelée descend moins vite et ça fait qu’on a beaucoup de pertes de rendement sur ces portions de terres-là», révèle-t-il.