La maison des pionniers de Saint-Jean-des-Piles

COMMUNAUTÉ.  Dix ans après son ouverture, une centaine de personnes était récemment rassemblée dans la cour arrière de la résidence À l’Ombre du Clocher, dans le secteur Saint-Jean-des-Piles, pour célébrer la réussite de ce projet porté à bout de bras par une poignée de fiers Pilois.

« Nous n’avons jamais fait d’inauguration officielle à ce jour parce que dans les trois ou quatre premières années, les appartements n’étaient pas tous loués et nos finances étaient précaires », se rappelle Lucille Désaulniers, présidente et directrice générale de la Coopérative d’habitation À l’Ombre du Clocher.

Construite à l’endroit où se dressait le presbytère, à côté de l’église paroissiale, l’immeuble compte quinze appartements (quatre 4 ½ et onze 3 ½) réservés à des personnes âgées autonomes. « On dit résidence, mais c’est en réalité une coopérative d’habitation, c’est-à-dire que les locataires paient leur loyer en fonction de leur revenu, comme dans les HLM », précise-t-elle.

Avant même d’être regroupée à l’intérieur de la nouvelle ville de Shawinigan en 2002, un noyau de citoyens de la municipalité de Saint-Jean-des-Piles s’activait déjà à la construction d’un bâtiment qui pourrait accueillir les Pilois et Piloises au moment de leur retraite.

« Avant d’ouvrir nos portes en 2013, ça faisait déjà 25 ans qu’on y travaillait. Il y a eu trois comités qui ont été mis en place, mais nous n’arrivions pas à trouver le bon programme. Nous avions l’idée, mais ça nous prenait un appui financier pour aller de l’avant », poursuit Lucille Désaulniers qui a fait partie des trois comités.

C’est l’ancienne mairesse Lise Landry qui lui avait soufflé à l’oreille que la fenêtre était ouverte pour présenter un projet de coopérative d’habitation alors que le gouvernement de l’époque avait réservé des sommes à cet effet.

L’achat du presbytère, sa démolition puis la construction du nouvel immeuble avaient nécessité un investissement de près de 2,5 millions$, avec une aide financière de 1,2 million$ du gouvernement du Québec. « Au début, beaucoup de résidents s’étaient montrés intéressés, mais ils ne voulaient pas quitter leur maison tout de suite. Ça nous a pris cinq ans pour occuper tous les logements et depuis ce temps, c’est toujours rempli et nous avons même une liste d’attente d’une douzaine de personnes », rajoute Carole Bureau, trésorière de la coopérative et assistante de Lucille Désaulniers à l’administration.

La coopérative compte actuellement 116 membres – des membres utilisateurs, c’est-à-dire les locataires, et des membres de soutien –  qui ont payé chacun une part sociale de 50$..  À l’Ombre du Clocher s’avère un projet qui depuis ses tout débuts mobilise la communauté. Aucun salaire n’y est versé au niveau de l’administration et les seuls frais exigés aux locataires sont ceux pour les repas et l’entretien.

Les natifs de Saint-Jean-des-Piles inscrits sur la liste d’attente ont priorité lorsqu’un logement devient disponible, mais ils doivent y emménagés rapidement avant que des personnes âgées des secteurs voisins se le voit offrir.

« Personnellement, je donne environ une vingtaine d’heures de bénévolat par semaine pour la coopérative, soutient Lucille Désaulniers. Ça n’a jamais été un projet pour faire de l’argent, mais pour rendre service à des gens qui en ont besoin. Les locataires sont majoritairement des Pilois et plusieurs de leurs parents y habitent encore. Cette demeure, ça leur évite de se couper de leur monde. C’est comme une grande famille ici », conclut la présidente de la coopérative.