Le «Super Canot» de Sylvain Chiasson
INNOVATION. Après plus de 10 ans d’efforts, de recherche et développement et d’essais-erreurs, Sylvain Chiasson a finalement relevé le défi qu’il s’était lancé. Il a réussi à concevoir une embarcation de plaisance pliable, légère, stable et facile à assembler sans aucun outil.
Comme membre de la troupe Caravane, Sylvain Chiasson reconnait d’emblée qu’en tournée, l’espace est une denrée rare. Avec tous les costumes, instruments et équipements qu’il doit apporter avec lui, l’artiste doit voyager avec des véhicules assez bien chargés.
L’idée de fabriquer un prototype de canot pliable qu’il pourrait facilement transporter avec lui pour contempler la nature dans ses moments libres s’avérait à la fois pratique et audacieuse.
Issu d’une famille d’artisans, M. Chiasson est aussi luthier, menuisier, concepteur de marionnettes géantes et artiste multidisciplinaire. Toutes ses réalisations sont originales et écologiques. Amoureux de la nature, des grands espaces, des cours d’eau et insatisfait des embarcations lourdes et difficiles à manier qui se trouvent sur le marché, il a appliqué les concepts de simplicité, de pliage, de légèreté et d’alternative dont il utilise au sein de la troupe Caravane à cette nouvelle invention.
Conception et utilisation
Inspiré des initiales du nom de l’artisan, le «Super Canot» a été fabriqué à partir d’une toile ultrarésistante et de morceaux de bois d’érable. D’une longueur de 14 pieds, l’embarcation est idéale pour les plans d’eau calmes.
«C’est impossible avec une embarcation de répondre aux besoins de tout le monde, mais celle-ci répond aux miens et à ceux et celles qui veulent naviguer paisiblement pour découvrir les beaux paysages. Avec ce modèle, j’ai accès à l’eau directement. Il est super rapide et on peut sentir l’eau en dessous de nos jambes. C’est complètement un autre feeling. On peut le laisser dans le véhicule au cas où on s’en servirait. Il prend peu d’espace, il ne pèse que 28 lbs et il s’assemble en seulement deux ou trois minutes», mentionne Sylvain Chiasson.
Le canot, les avirons qui peuvent se transformer en pagaie de kayak pour la navigation en solo et les vestes de flottaison se rangent dans un sac entièrement ventilé, lequel peut facilement se porter sur l’épaule. «Ce qui est chouette, c’est que tu peux accéder à des lacs plus éloignés à pied sans forcer. C’est un modèle ergonomique conçu à la base pour deux personnes et pour les longues randonnées», souligne l’inventeur fier de son produit.
M. Chiasson a d’ailleurs pensé aux moindres détails tout au long du processus de création. «Il y a des pièces à double usage. Par exemple, la sangle de transport sert aussi de support à dossier pour les bancs. Avec le temps, tout a pas mal été pensé et amélioré, de la structure jusqu’à l’apparence extérieure», montre-t-il.
Les nombreux essais réalisés sur les cours d’eau de la région, notamment sur la rivière du Loup, située à un peu plus de 600 mètres de son atelier, ont permis de repousser les limites de cet artisan et de mettre à l’épreuve les matériaux utilisés afin de garantir la qualité et la durabilité du canot.
Déjà, plus d’une vingtaine d’exemplaires ont trouvé preneur. Le «Super Canot» est disponible sur commande au coût de 975$.
De canot à voilier
Pour Sylvain Chiasson, la créativité et l’imagination n’ont pas de limite. La pause forcée dans le milieu culturel n’a pas que de mauvais côtés. Elle lui a permis de pousser encore plus loin son idée originale. Il met actuellement au point un système optionnel qui permet de transformer son canot en voilier. «J’ai patenté un système qui s’adapte à l’embarcation. L’hydrodynamisme du canot est parfait pour faire un voilier. Je n’ai pas besoin de dérive parce que la quille est très prononcée et les côtés sont carrés. On n’a qu’à ajouter un gouvernail, un mat télescopique de 12 pieds et 5 m2 de voile. Et le voilier prend forme en peu de temps, comme le canot. Le système peut se déployer rapidement si le vent se lève», raconte M. Chiasson.
Avec la voile, c’est un tout autre marché qui s’ouvre à ce créateur aux multiples talents. «Je joue dans la cour des grands avec ça», lance-t-il en riant. «J’ai développé ça sans prétention. C’est vraiment pour le plaisir», exprime-t-il.
La commercialisation du «Super Canot» demeure pour Sylvain Chiasson une activité secondaire, lui qui entend continuer de se consacrer à plein temps à la troupe Caravane lors de la reprise des festivals et événements. «C’est un passe-temps et je ne m’attends pas à faire fortune avec ça», formule-t-il.
«Ça demeure un produit marginal. Les gens sont parfois un peu craintifs au départ parce que c’est nouveau et différent. Il faut avoir l’esprit ouvert. Ce n’est pas un canot en fibre, en plastique ou en aluminium, mais il est tout aussi efficace», assure M. Chiasson.