Nouvelle ressource pour les usagers du transport adapté
TRANSPORT. Auparavant confinés au silence par peur de représailles, les usagers du transport adapté de la Mauricie peuvent désormais compter sur une première ressource pour défendre leurs droits. La création d’un Regroupement des usagers de transport adapté (RUTA) dans la région, en février, vient «corriger une erreur historique».
C’est que la Mauricie était l’une des seules régions du Québec à ne pas bénéficier de ce service essentiel. C’est maintenant chose faite depuis le 10 février 2016.
Le RUTA Mauricie aura notamment pour mission de promouvoir les intérêts et de défendre les droits des personnes handicapées. L’organisme effectuera aussi un travail de sensibilisation auprès de la population et du personnel du transport en commun, adapté et collectif.
En cette période de rigueur budgétaire, les enjeux à traiter seront d’autant plus nombreux sur la table de travail du nouveau regroupement. Le défi le plus important consistera à aller chercher davantage de financement auprès du gouvernement.
«En 2013, le gouvernement a procédé au gel de son Programme d’aide au transport adapté, et ce, malgré l’augmentation de l’achalandage et des coûts reliés aux déplacements», a dénoncé la présidente du RUTA Mauricie, Kathleen Bibeau. «Actuellement, nous ne sommes plus en mesure d’améliorer ce service vital», a-t-elle renchéri.
Il y a quelques années, la contribution gouvernementale couvrait 65 % des coûts reliés aux déplacements. La municipalité et les usagers assumaient le reste de la facture. Aujourd’hui, cette contribution a été réduite à 55 %.
En 2014, la Société de transport de Trois-Rivières a enregistré 87 799 passages en transport adapté. C’est 3 399 de plus que l’année précédente.
Avec le vieillissement de la population, a prévenu Kathleen Bibeau, ce nombre sera amené à augmenter. Il faudra, entre autres, bonifier la flotte d’autobus à cet effet. Le RUTA entreprendra sous peu une tournée des députées.
La bonification de l’offre de services en transport inter municipalités, le maintien de la qualité des services et la réception de plaintes concernant les pratiques de surcharges tarifaires dans l’industrie du taxi seront également visés par les actions de l’organisme.
«Les transporteurs disent qu’ils ne reçoivent aucune plainte, mais cela ne veut pas dire que tout va bien. Les usagers ont simplement peur de souffrir d’un mauvais service s’ils dénoncent une situation. Nous serons là pour faire l’intermédiaire!», a précisé M. Bibeau.
«J’ai réappris à vivre»
Trois saisons par année, à raison de quatre fois par semaine, Claude Mckinnon fait appel au service de transport adapté pour se déplacer à ses activités quotidiennes. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Elle a d’abord dû traverser une phase de refus face à sa condition.
«Durant de nombreuses années, je suis restée confinée chez moi pour fuir les contacts humains. À partir du moment où j’ai accepté de monter à bord d’un autobus adapté, j’ai recommencé à vivre», a-t-elle confié.
Et elle insiste sur ces trois mots : «réapprendre à vivre». En effet, cela lui a permis de retrouver une vie sociale, de prendre part à des activités, de visiter sa famille et même d’aller magasiner seul, quand bon lui semble. À nouveau, elle a pu mordre dans la liberté.
«Bien plus qu’une offre, le transport adapté est un besoin vital pour les personnes handicapées», a souligné Claude Mckinnon. «Grâce à ce service, ils peuvent être un citoyen à part entière!», a pour sa part ajouté la présidente du RUTA.