Pour bientôt, la super-clinique à Grand-Mère?

SANTÉ. Le projet de super-clinique dans le secteur Grand-Mère, attendu depuis quelques années, ne semble pas sur le point de voir le jour, du moins pas sous la forme proposée par le ministre de la Santé et des Services sociaux. Après avoir sondé les médecins de la région, la Table médicale territoriale a plutôt conclu, le 8 juin dernier, qu’il était préférable de consolider l’accès dans les cliniques déjà existantes de la région.

«Il n’a pas été possible de rassembler une équipe médicale suffisante, du moins pas pour cet automne, pour couvrir les 84 heures par semaine d’un Groupe de médecine familiale-Réseau (GMF-R ou super-clinique) et assurer une pérennité à ce projet», confie le Dr Dany Sirois, président de la Table médicale territoriale (TMT) et du Réseau local de services (RLS) de l’Énergie.

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Ce constat conjoint avec l’équipe du GMF de Grand-Mère aurait été transmis au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) à la mi-juin.

Après analyse donc, les médecins des GMF de Shawinigan-Sud et de Saint-Étienne-des-Grès, les médecins des coopératives de Saint-Boniface et du quartier Saint-Marc à Shawinigan, de même que ceux des hôpitaux et de l’Unité de médecine familiale (UMF) de Shawinigan, en sont venus à la conclusion que ce cadre n’était pas adapté à la réalité de la région.

«D’autres régions semblables à la nôtre avaient refusé d’emblée ce modèle, mais nous avions accepté de piloter la faisabilité financière et organisationnelle de ce projet et d’en faire la promotion auprès des effectifs médicaux de la région», indique-t-il.

«Il est important de souligner la pleine collaboration de Martin Beaumont, président-directeur général du CIUSSS MCQ ainsi que des ministres Julie Boulet et Gaétan Barrette», tient à préciser M. Sirois.

Un modèle peu avantageux pour les médecins de la région

«Il y a des départs à la retraite qui s’en viennent, des congés de maternité. Nous ne sommes pas assez de médecins pour couvrir tout ça, l’équipe aurait été beaucoup trop précaire», explique M. Sirois, en rappelant qu’une super-clinique prévoit un minimum de 20 000 consultations sans rendez-vous annuellement.

«La structure est trop grosse et elle nuit au fait que les médecins doivent voir leurs patients dans leurs cliniques. On préfère un accès près des patients, qui favorise leur prise en charge.»

Dr Sirois souligne que les médecins du territoire doivent déjà, à l’intérieur du plan régional d’organisation, s’assurer qu’il n’y a pas de rupture de services à l’urgence, en hospitalisation ou en obstétrique. Ils doivent aussi assurer la prise en charge des patients prioritaires en attente sur le Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) ainsi que des 4000 à 5000 patients de la région qui deviendront sans médecins de famille d’ici deux ans. Les médecins sont également tenus d’augmenter l’accès à des plages de rendez-vous de jour, soir et fin de semaine dans les cliniques du territoire.

Si le ministre Barrette a déjà mentionné ses efforts pour attirer davantage de médecins dans la région, notamment en accordant des Plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM) supplémentaires, le Dr Sirois reste sceptique. «Ça fait dix ans que je travaille au recrutement et ça ne change pas beaucoup. D’une année à l’autre, nous recrutons sensiblement le même nombre de médecins.»

Sous une autre forme?

«Le cadre GMF-R est un cadre provincial qui ne peut être adapté aux réalités régionales», souligne Dany Sirois. «Nous avons demandé des ajustements au ministre Barrette, mais il ne peut pas déroger de ce modèle unique.»

Est-ce qu’une autre forme de super-clinique pourrait être plus avantageuse dans la région? À Drummondville, par exemple, le milieu a plutôt choisi de concentrer ses efforts sur un projet de clinique médicale ambulatoire qui, sans avoir le titre de super-clinique à proprement dit, vient offrir une alternative à l’urgence de l’hôpital aux patients de la région qui présentent des problèmes non-urgents.