Trou du diable: une absence controversée de la Route des brasseurs

MICROBRASSERIE. Quelques jours après le lancement de la Route des brasseurs de la Mauricie par le Regroupement des microbrasseries de la Mauricie, l’absence du Trou du diable continue de susciter de vives réactions dans le milieu brassicole et chez les élus de Shawinigan.

D’un côté, le Regroupement des microbrasseries de la Mauricie dit avoir été ouvert à inclure le Trou du diable dans son parcours brassicole sous certaines conditions, même si le fleuron shawiniganais est passé aux mains de Molson-Coors en novembre dernier.

«Sur cinq mois, nous avons présenté deux propositions de façons dont on voulait les inclure», indique Alex Dorval, président du regroupement. «Molson n’a jamais accepté de venir s’asseoir à la table. Ils nous envoyaient des consultants, qui sont les fondateurs du Trou du diable, qui eux, refusaient en bloc toutes les conditions qu’on présentait sous prétexte que rien n’avait changé, alors que pour nous, tout avait changé», poursuit-il.

Le regroupement souhaitait notamment indiquer clairement que le Trou du diable était une entreprise appartenant à Molson-Coors, en plus d’utiliser l’appellation «brasserie», plutôt que «microbrasserie».

Le regroupement rappelle que les microbrasseries sont souvent exclues des événements, des salles publiques ou des resto-bars en raison des contrats d’exclusivité des grands brasseurs comme Molson-Coors. Ces dernières digèrent donc mal de se faire accuser d’exclure qui que ce soit de leurs activités.

Le Trou du diable déçu

Isaac Tremblay, directeur des opérations et cofondateur du Trou du diable.

«Le Trou du diable est déçu comme entreprise et je suis déçu comme Mauricien, comme Shawiniganais et comme moteur touristique de ne pas être dans une route touristique», avoue de son côté Isaac Tremblay, directeur des opérations et cofondateur du Trou du diable.

«C’est une confrontation d’idées, une guerre de mots que je n’ai pas envie de faire devant les caméras», ajoute-t-il. «Il faut s’asseoir avec des gens neutres pour en arriver à un compromis, reprendre là où les discussions ont été laissées au mois d’avril», explique-t-il en marge d’une annonce concernant la 9e Soirée des brasseurs.

«Ça reste un produit de microbrasserie que nous faisons. Il y a moyen de mentionner l’affiliation à Molson-Coors et que les clients fassent leur choix», poursuit celui qui se dit toujours ouvert à la discussion. «Il faut s’entendre sur la façon de le dire.»

Le Broadway pub se retire

«Le but de cette route était d’attirer des touristes à Shawinigan et en Mauricie. Ce n’est pas en excluant la plus grosse brasserie de la Mauricie que nous allons y arriver», estime de son côté Jean-Luc Marchand, directeur marketing et propriétaire de la microbrasserie Broadway, qui a décidé de se retirer du parcours par solidarité.

«Les cartes se mêlent un peu. Il faut faire la différence entre le membership d’une association de microbrasseurs et une route touristique», estime-t-il. «J’étais sur le comité pour inclure le Trou du diable dans le parcours. Le Trou du diable a répondu à la majorité des critères, mais ils ont tout de même décidé de l’exclure. Je n’étais pas d’accord. Ça fait 12 ans que nous travaillons conjointement pour divers événements», explique-t-il.

Entre temps, le Trou du diable, le Broadway et Tourisme Shawinigan ont élaboré un parcours brassicole au centre-ville de Shawinigan. «C’était déjà prévu, mais nous avons mis plus d’efforts en voyant ça.»

Un financement compromis?

Cette exclusion a suscité le mécontentement de Nancy Déziel, conseillère municipale et mairesse suppléante de Shawinigan.

«Le projet est financé à 53 000$ par le Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR). Lorsqu’il a été présenté au maire de Shawinigan au printemps dernier, le projet comprenait le Trou du diable et le Broadway pub», déplore-t-elle. «La ville est extrêmement déçue. C’est du financement public, le projet a changé entre temps, nous allons certainement poser des questions. Nous ne l’aurions pas accepté tel quel. Il faut que les gens s’assoient et travaillent ensemble.»

Elle trouve absolument illogique que le Trou du diable ne figure pas dans ce parcours. «Je comprends qu’il existe certaines normes pour entrer par exemple dans une association, mais si l’objectif est d’attirer des touristes dans un endroit, on gagne à profiter des leaders qui sont sur place», explique-t-elle.

Lundi, la conseillère municipale Jacinthe Campagne a elle aussi laissé savoir son mécontentement dans une lettre ouverte envoyée aux médias.