Un succès qui n’aura peut-être pas de lendemain

AFFAIRES.  Même si les deux premières campagnes des Shawi Dollars à l’hiver 2021 et au printemps 2022 se sont avérées positives dans l’ensemble, la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan (CCIS) est toujours en réflexion à savoir si un volet III sera lancé.

Une trentaine de gens d’affaires et d’intervenants économiques étaient réunis le 21 mars dernier pour écouter le professeur d’économie de l’UQTR, Frédéric Laurin, analyser les résultats d’un sondage mené en début d’année auprès de 180 utilisateurs de la carte Shawi Dollars.

Rappelons que les détenteurs de la carte avaient droit à une bonification de 40% pour chaque tranche d’achat de 25$ jusqu’à un achat maximal de 300$ lors de la première campagne et de 200$ lors de la seconde.

« Il y a eu 3588 transactions d’enregistrées pour des dépenses de 235 000$ sur une possibilité de 258 830$. Ça signifie que plus de 23 000$ n’ont pas été utilisés » a révélé Geneviève Racine, directrice générale de la CCIS.   Quatre-vingt-quinze commerçants ont participé aux deux campagnes et environ deux détenteurs sur trois de la carte résidaient à Shawinigan. « On a constaté que les commerçants qui ont échangé le plus les Shawi Dollars étaient ceux qui parlaient le plus de la campagne sur leurs médias sociaux », a-t-elle ajouté.

D’entrée de jeu, le professeur Laurin a fait remarquer qu’en sondant les consommateurs qui avaient participé aux campagnes, ceux-ci étaient donc déjà prédisposés positivement face à l’objectif derrière les Shawi Dollars qui était évidemment de stimuler l’économie locale.

« Idéalement pour une campagne comme celle-ci, le but sera atteint pleinement si le consommateur va dépenser son argent dans un commerce qu’il ne connaît pas », a souligné le chercheur à l’Institut de recherche sur les PME.  Frédéric Laurin a d’ailleurs souvent revenu lors de son allocution sur les concepts de découvrabilité et d’accessibilité pour mesurer le succès de ce type de campagne.

Solde de la carte

Parmi les aspects négatifs des Shawi Dollars, les personnes sondées ont relevé la complexité à connaître le solde restant de la carte et le manque de connaissance des commis et caissiers responsables de compléter la transaction.

Lors des échanges qui ont suivi la présentation du professeur Laurin, le président du Regroupement des gens d’affaires du secteur Shawinigan-Sud, Antoine Champoux, a noté que les utilisateurs des cartes étaient des consommateurs très ciblés qui, à la base, auraient fait des achats quand même. « 90% de ma clientèle régulière ne connaissait pas les Shawi Dollars. Le défi, ça serait d’intéresser cette tranche de consommateur », a souligné le propriétaire de l’Épicerie Sensée.

Interpellé par le commentaire, Donald Angers, le président de la CCIS, a souligné que la campagne étant organisée par la Chambre, c’est évidemment son réseau immédiat qui a eu l’opportunité de se procurer les cartes qui étaient évidemment en nombre limité.

Malgré cette divergence de point de vue, les participants à la rencontre ont estimé que cet exercice de réflexion était bénéfique et qu’elle amenait une conscientisation qui était peut-être le début de quelque chose.

Quant à un éventuel volet III, Geneviève Racine a souligné que le conseil d’administration poursuivait sa réflexion. Le principal frein à un retour réside dans les frais d’exploitation de la carte Hello qui représentent jusqu’à 18% de sa valeur. Des alternatives sont étudiées pour trouver une façon d’amoindrir ses frais administratifs qui bénéficient dans ce cas-ci à un tiers localisé en dehors de la région. Une proposition de cryptomonnaie a été présentée par des intervenants du DigiHub mais elle a été écartée rapidement.