Une bibliothèque: beaucoup plus que des livres

Le réseau de Shawinigan a adopté le concept  »troisième lieu »

LIVRES. S’il n’en tenait qu’à Catherine Patry, l’expression  »rat de bibliothèque » n’existerait plus.     

Cette image classique du lecteur passant d’innombrables heures à arpenter les rayons d’une bibliothèque plongée dans un silence absolu n’est plus en phase avec la réalité. «Les bibliothèques d’aujourd’hui sortent du cadre strictement littéraire en organisant des activités qui permettent aux gens de socialiser», explique la bibliothécaire en chef à la Ville de Shawinigan.

À son arrivée en poste à l’été 2014, Catherine Patry a engagé le réseau des six bibliothèques de la ville à devenir un troisième lieu pour les citoyens. «C’est un concept développé dans les années 1980, explique-t-elle. Le premier lieu étant la maison et le deuxième, le travail. La bibliothèque devient notre troisième lieu. Maintenant, nous avons des activités qui s’organisent autour de la lecture mais aussi de la culture et du divertissement. C’est une façon d’aller chercher nos non usagés et aussi de remplir notre mission de briser l’isolement de certaines personnes»

Alors qu’une visite à la bibliothèque auparavant était synonyme d’aller chercher ou rapporter un livre, elle prend une tout autre dimension aujourd’hui. Des espaces où on peut lire le journal ou un magazine en buvant un café sont désormais aménagés dans les bibliothèques de Shawinigan-Sud et Shawinigan. Des tables sont réservées pour des casse-têtes collectifs où tout un chaque un peut s’amuser à bonifier le puzzle du moment. «Cela permet de démocratiser l’environnement de la bibliothèque. Nous voulons que les gens habitent les lieux», poursuit Catherine Patry.  Des biblio-jeux, destinés aux enfants de 6 mois à six ans, sont aussi offerts aux bibliothèques de Grand-Mère et Shawinigan.

Évidemment, le silence qui était traditionnellement associé à ces sanctuaires du savoir a pris du plomb dans l’aile. «Cela a été un changement de mentalité pour notre personnel, avoue Catherine Patry. Il y avait de l’appréhension mais aujourd’hui, le nouveau concept est apprécié autant par notre équipe que les usagers.»

 Le renouvellement de la collection

Toute une logistique sous-tend en arrière-plan afin que la collection de documents des six bibliothèques du réseau soit adaptée aux goûts des membres. Les statistiques sont compilées religieusement car chaque année, des milliers de nouveautés viennent s’ajouter et autant sont élaguées. Les acquisitions et les retraits sont donc réalisés en fonction de la popularité des documents réservés. «Si les DVD et les CD représentent 5% de nos prêts, c’est le montant de notre budget d’achat qu’on y consacrera», explique Catherine Patry.

Et la révolution de la liseuse électronique, qui devait annoncer la fin des livres imprimés, n’a finalement pas eu lieu. «Nous avons neuf liseuses et  près de 1400 livres électroniques de disponibles. On se rend compte que les gens qui les empruntent sont les mêmes que ceux qui réservent des livres», sourit la bibliothécaire.

Et signe que le livre imprimé a encore un bel avenir, c’est la Ville de Shawinigan qui accueillera en 2019 la remise des prix du Festival du premier roman de Chambery mettant en vedette dix auteurs québécois et dix français.

En chiffres (2017)

197 132 : Prêts de documents (livres, DVD, CD, etc)

145 668: Nombre de documents disponibles dans les six bibliothèques

136 800$: Somme allouée pour l’acquisition de nouveaux documents

1387: Nombre de choix de lecture qui peuvent être téléchargés dans les 9 liseuses électroniques

10 666: Nombre de membres

75%: Nombre d’ouvrages d’auteurs québécois achetés annuellement

700: Caisses de livres qui sont retirées de la collection chaque année

10 200: Nombre de participants aux 515 activités de la programmation