Elle parcourt 2 500 km à vélo en moins d’un mois

DÉFI. Chantale DuBreuil peut crier victoire. Même si elle n’en est pas à son premier exploit, elle vient de parcourir à vélo plus de 2500 kilomètres en 27 jours, soit la distance entre le poste frontalier des douanes canadiennes et sa maison de Fort Myers en Floride.

Elle a fait partie des Roses, elle a participé aux Défis du Parc, elle a monté le Kilimandjaro et elle a pris part au camp de base de l’Everest. On pourrait dire que cette Shawiniganaise d’adoption carbure aux défis. Elle a besoin de faire « quelque chose de particulier » chaque année ou à tous les deux ans depuis qu’elle est à la retraite.

Son mari et elle possèdent une maison à Fort Myers. C’est lui qui avait eu l’idée de parcourir à vélo la distance qui les séparent de leur maison en Floride. C’était avant la pandémie. Chantal voulait accomplir cet exploit pour ses 55 ans. Son mari a changé d’idée mais a trouvé une façon d’accompagner quand même sa conjointe dans ce défi.

« Mon mari me dit: »Je ne fais pas le vélo mais je pourrais t’assister dans ton voyage« . On a acheté un camion, une roulotte et on s’est équipé, on est néophytes en camping. Je fais la distance de Plattsburgh jusqu’à notre porte. »

Son « équipe du tonnerre »

Son mari, qu’elle surnomme affectueusement Coco, fait office de mécanicien pour l’entretien des vélos, de cuisinier, de masseur, etc. Il s’occupe aussi du support moral, tout comme la maman de Chantale.

« Je dis que j’ai une équipe du tonnerre. J’ai mon mari qui m’accompagne mais j’ai ma maman aussi avec moi, ma jeune maman qui va avoir 80 ans bientôt qui est en pleine forme. J’espère que je vais garder sa génétique. Je suis choyée, vraiment, par l’ensemble de tout ce qui se passe autour de moi, autant la vie que les gens qui m’entourent. »

Pour atteindre ses objectifs, Chantale devait pédaler en moyenne 100 kilomètres par jour, ce dont elle s’acquitte aisément en quatre heures. Elle et son équipe ont quand même ajusté le trajet en début de parcours afin que sa mère et son mari passent moins de temps à l’attendre et que le voyage de retour ne se fasse pas d’un seul trait.

« Au départ, on partait de Plattsburgh et on se rendait directement à Fort Myers. Moi, personnellement, pédaler, c’est pas grave, je pédale quatre heures par jour puis j’ai juste ça à faire. Mais en voiture c’est à peu près une heure et quart. Alors eux ils partaient d’un camping le matin pour aller vers un autre camping et ils m’attendaient le reste de la journée. Ça ne devenait pas nécessairement agréable pour eux alors j’ai dit je vais faire la même distance mais sur l’aller-retour. Ça va donner le même kilométrage. »

Avant ce défi, Chantale n’avait jamais parcouru une aussi grande distance à vélo.

« Des trajets aussi longs à vélo, c’est une première. Le Kilimandjaro, c’est près de 6 000 mètres, mais c’est de la marche pendant six ou sept jours à sept ou huit heures de marche par jour. Le camp de base de l’Everest, c’est deux semaines de marche. Mais à vélo, ma plus grande distance, c’est l’année passée quand je faisais partie de l’équipe des Roses. »

Elle se fait arrêter par la police!

Tout au long de son itinéraire, Chantale a donné la chance aux abonnés de ses réseaux sociaux de la suivre, de voir avec elle les endroits qu’elle visitait et d’être au fait de quelques anecdotes, dont celle où elle s’est fait intercepter par la police!

« En Virginie j’étais sur une route où il y a un tronçon de huit kilomètres qui depuis quelques années est considéré comme une autoroute où on peut pas aller à vélo mais mon GPS ne m’indique pas ça. Alors je suis sur la route de campagne ou le boulevard, mais à un moment donné ça devient très large et  je trouve que ça va vite tout à coup. Et là qu’est-ce que j’entends? Un bruit de sirène derrière moi! Un policier m’intercepte et me dit que je n’ai pas le droit de faire de vélo. »

Chantale raconte que le policier s’est sans doute rendu compte qu’elle est une touriste, ne serait-ce qu’en raison de son accent et des drapeaux du Canada et des États-Unis qui ornent son vélo. À ce moment, elle doit se mettre en mode solution.

« Je vois devant moi une pancarte: à un mile il y a une sortie. Je propose au policier de me laisser pédaler pour que je puisse évacuer l’autoroute. Il est resté dans la voie de droite et m’a escorté avec ses gyrophares pendant 1,6 km. J’étais gênée parce que c’est une autoroute à deux voies, comme l’autoroute 55 chez nous. Je peux vous dire que j’ai pédalé ma vie: j’ai embrayé à 35 km/h! J’étais ben contente de sortir de là! »

Parmi les plus beaux endroits qu’elle a pu admirer tout en roulant, il y a les paysages des petits villages, mais aussi ceux des Adirondacks.

« Malgré que je me sois perdue, c’était magnifique d’une fois à l’autre les montagnes, les couleurs. »

Au-delà de la satisfaction d’avoir parcouru tous ces kilomètres en moins d’un mois, Chantale est particulièrement fière d’avoir traversé Philadelphie à vélo.

« Je m’attendais à ce que ce soit un peu fou comme endroit puis au contraire c’est une belle ville, c’est propre et très respectueux des cyclistes. J’ai été agréablement surprise. J’aime le côté champêtre des petites villes, mais je trouvais ça vraiment bucolique la ville de Philadelphie, ça m’a aussi permis d’admirer ce côté-là. »

D’autres défis à venir

Chantale DuBreuil a su préserver un bon équilibre durant son circuit de 2 500 km à vélo, comme en fait foi la coupe de vin qu’elle s’accordait chaque soir après avoir roulé en moyenne 100 km par jour.

« C’est un petit plaisir que je peux m’offrir, au moins je me dis à la fin de la journée, on a du plaisir. Et on a pris goût mon mari et moi à faire du camping, on ne pensait pas aimer ça tant que ça, parce que c’est notre première expérience à vie en camping. »

À presque 58 ans, d’autres défis figurent sur sa liste, dont certains datent de quelques années et ont dû être repoussés à cause de la pandémie.

« Les amies avec qui j’ai fait le Kilimandjaro et le camp de base de l’Everest, on s’est rencontrées avant mon départ. Au printemps on veut aller au Pérou faire le Machu Picchu et une autre montagne, et à l’automne 2024 je vais faire un trek de marche, le Rose Trek, dans le désert du Maroc. »