L’Abitibi en cadeau d’anniversaire

Que l’on soit aimé ou chéri, éloigné ou oublié, voire même renié par ses proches parents et amis, l’anniversaire de naissance d’une personne revêt toujours un caractère d’exception qu’il soit nostalgique ou festif.

Le vendredi 13 mai dernier, je célébrais mon 68e anniversaire dans un chalet de bois rond situé au Camping aux Petits Trembles du Lac Flavrian dans la municipalité de Evain précisément à vingt kilomètres de Rouyn-Noranda en Abitibi. C’est l’accueil chaleureux de la belle et charmante immigrante française Dominique Mathieu et de son conjoint Richard Béliveau, un vieil ami de longue date, qui rendit mémorable ce séjour abitibien. Imaginez, un vendredi 13, tôt le matin, portant le traditionnel toast de l’amitié jus d’orange et champagne.

Le petit déjeuner permit aux convives de se délecter des crêpes du pays farcies aux petits fruits des champs. Il faut vous dire que l’hôtesse Dominique est en co-propriété d’un vignoble à Champagne en France qui produit artisanalement ce précieux nectar connu sous le vocable de Champagne Mathieu. En pleine forêt, quelle luxuriante ambiance et quel cadeau souvenir de revivre en Abitibi ce que m’a apporté pendant tellement d’années (1973 à 1994) mon chalet de rondins de 16’ x 20’ à La Tuque. Tout ce qui manquait à mon bonheur, la présence des miens.

En récré-eau touristique

Pour le Mauricien, se rendre au lieu de la fête d’André, c’est 800 kilomètres d’une route panoramique, près de 10h30 d’automobiles incluant les courtes haltes routières pour s’alimenter avec l’arrière scène de la chute à Roland et de ses accompagnements music-eaux si enivrants . La traversée du Parc La Vérendrye est une phénoménale aventure visuelle. Sur place, on découvre toute l’ampleur de l’Abitibi-Témiscamingue par sa ville hôtesse Rouyn-Noranda avec ses infrastructures de haute qualité, ses activités festivalières diversifiées, ses sites et l’historique de la ruée minière, ses circuits patrimoniaux et ses centres d’interprétation de la foresterie, mais surtout l’accueil de ses habitants calmes, pacifiques et toujours rieurs.

Le plus authentique prototype du tempérament du citoyen de l’Abitibi aura certes été notre voisin campeur Henri toujours prêt à vous inviter à prendre le verre de l’amitié. À mes yeux, c’est un territoire de passions, d’émotions et de sensations. Cet environnement m’a procuré une fête, comme disent les gens là-bas, 100% grandiose, 100% dynamique et 100% naturel.

Dominique, l’incroyable hôtesse

Notre cousine française Dominique Mathieu, née le 29 juillet 1957 à Champagne en France, est mère de trois filles Juliette, Roma et Laura. Elle vient prendre le pouls du Québec par un voyage d’agrément en visitant l’Abitibi en 1994. Elle revient pour s’y implanter en 2002 en y faisant l’acquisition d’un camping de 100 emplacements et de quatre chalets locatifs. Pour Dominique, le Camping aux Petits Trembles est son jardin de vie. D’ailleurs, elle en cultive un et elle a le pouce vert. Femme active, déterminée et persévérante, aucune corvée ne lui résiste: ramasser les feuilles, composter, réparer les tables de pique-nique, couper et fendre le bois de chauffage, procéder à la cueillette des déchets.

Quand la nécessité s’impose, elle s’improvise entrepreneure en plomberie et en électricité. Elle entretient seule le terrain de camping. Elle se fait un plaisir plus qu’un devoir d’accueillir les visiteurs et campeurs. Son leitmotiv est de ne jamais reproduire la ville à la campagne, de réduire sa consommation d’électricité et d’eau. En somme, elle applique la philosophie du «ne gaspille rien pas même ton pain sec. Fais trempette de ce pain avec ton bol de vin», dira-t-elle d’un ton amusé. Pour elle, «la violence sous quelque forme qu’elle se manifeste est un échec» empruntant les mots d’Albert Camus. «Ma passion première est d’achever grandement ce que j’ai su si magnifiquement entreprendre», de conclure Dominique Mathieu, grande cueilleuse de bleuets, l’or bleu de l’Abitibi.