Cause de Sylvain Girard: de l’émotion au palais de justice
JUSTICE. L’émotion était palpable au Palais de justice de Shawinigan lundi matin lors des représentations sur sentence de Sylvain Girard, coupable de conduite dangereuse ayant causé la mort et de négligence criminelle ayant causé la mort d’Alexandre Bourque le 4 août 2012 lors d’un tour de bateau sur la rivière Saint-Maurice. La mère, l’oncle et le meilleur ami du défunt se sont adressés au juge Jacques Trudel.
La procureure de la Couronne, Me Catherine Vincent, a fait entendre la mère d’Alexandre Bourque, Céline Bourque, l’oncle André-Jean-Bordeleau, et celui qui était son meilleur ami, Marc-Antoine Noël.
Me Vincent a demandé au juge Jacques Trudel une peine de 5 ans d’emprisonnement ferme, tandis que l’avocat de la défense Me Louis Lupien a fait valoir qu’une peine de 90 jours de prison purgée de façon discontinue et 240 heures de travaux communautaires serait raisonnable pour son client.
Sylvain Girard recevra sa sentence le 30 mai prochain, lui qui a été reconnu coupable le 1er mars dernier.
La mère d’Alexandre, Céline Bourque, y est allée d’un témoignage touchant et d’une pointe à l’endroit de Sylvain Girard. «C’était un jeune homme bien qui aimait la vie. Il était très attachant. Il était apprécié de son employeur et de ses collègues. Il voulait s’installer ici et fonder une famille. Lorsque Sylvain Girard lui a fauché la vie, nous étions dévastés. Perdre un enfant est la plus grande souffrance pour des parents. Nous allons souffrir jusqu’à la fin de nos jours. Sylvain Girard est un être immonde qui ne fait que penser à son plaisir. C’est un fou de la vitesse. Il conduisait son jouet en ne se souciant de rien. Il a été d’une insouciance crasse inexcusable. Il est d’une insensibilité. Il aurait tué un animal sur la route et ça aurait été la même chose. Il ne s’est jamais excusé, il n’est jamais venu nous voir, et il ne nous jamais regardé.»
De son côté, l’oncle d’Alexandre, André-Jean Bordeleau a souligné que le verdict de culpabilité a été un soulagement, et il espère qu’une sentence maximale permettra à Sylvain Girard de revoir ses erreurs.
C’est le témoignage du meilleur ami de la victime, Marc-Antoine Noël, qui a été le plus touchant. Pendant qu’il livrait ses états d’âme, il ne pouvait s’empêcher de pleurer. «J’ai perdu mon meilleur ami. On s’est connu en 6e année, et nous avons fait tout notre secondaire ensemble. Nous avions une relation particulière, il était mon complice, mon confident. Il avait une grande âme sage. Sa perte a chamboulé ma vie. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’injustice. J’étais dans le bateau avec lui. C’est difficile à vivre avec toutes les images et la détresse que je revois. J’ai perdu ma concentration, j’ai de la difficulté à discuter avec les autres, même parfois en auto je ne savais même pas où j’allais parfois. J’ai abandonné mes études, et je passais des journées à fixer le plafond. Ça prit un an avant que j’aille chercher de l’aide. Les procédures judiciaires ont été pénibles. Ça me ramenait toujours les mêmes choses en tête. Ç’a été difficile d’écouter la défense, ce qui faisait remonter l’amertume et la colère. J’ai fait des efforts pour me dissocier de tout ça. Ça complique le deuil. Je suis content du verdict de culpabilité, mais il n’y a rien qui va ramener mon meilleur ami.»
Me Vincent a aussi déposé les antécédents criminels de Sylvain Girard, dont le plus important se rattachant à la cause est conduite dangereuse en 1978.
Du côté de la défense, aucun témoin n’a été appelé. Me Lupien a rappelé la cause de la dame qui s’était arrêtée sur l’autoroute 30 pour laisser passer des canards. En 2014, Emma Czornobaj, 25 ans, a été condamnée à une peine de prison de 90 jours à purger les weekends assortie d’une interdiction de conduire de dix ans. Elle était accusée de deux chefs de conduite dangereuse et de négligence criminelle causant la mort d’André Roy, 50 ans, et de sa fille de 16 ans, Jesse.
«Tout comme Sylvain Girard, Mme Czornobaj n’avait pas exprimé de remords, et elle n’avait pas les capacités affaiblies. Pour moi, le jugement présente beaucoup de similarités avec le présent cas», a fait valoir Me Lupien.
Il est à noter que Sylvain Girard a porté sa cause en appel dans un avis le 30 mars dernier. Ses avocats Me louis R. Lupien et Me Michel Lebrun demandent à la Cour d’appel d’acquitter Sylvain Girard ou d’ordonner la tenue d’un nouveau procès.