Guy Veillette : l’éternel étudiant

ÉDUCATION.  Alors que de nombreux hommes et femmes de son âge sont inscrits à l’Université du 3e âge, c’est plutôt un diplôme en bonne et due forme de l’UQTR que Guy Veillette a reçu plus tôt cet été pour avoir complété avec succès sa maîtrise en administration…

Bien connu dans le public pour sa longue carrière de journaliste au Nouvelliste puis comme attaché politique de la députée Marie-Louise Tardif depuis quatre ans, le Shawiniganais l’était moins pour cumuler les diplômes d’études universitaires en parallèle avec sa vie professionnelle.

« Moi, la combinaison études-travail, j’ai toujours trippé ça », lance Guy Veillette. Comment ne pas le croire lui qui est arrivé sur le marché du travail en 1990 muni de son Bac en communication de l’Université Laval. Puis s’en sont suivi un certificat en droit en 1998 et un certificat en psychologie en 2011.  « Quand je n’étudie pas un certain temps, je me dis qu’il y a peut-être un programme qui serait intéressant à faire. »

C’est alors qu’à l’aube de la cinquantaine, alors que la majorité de ses contemporains commence à préparer leur plan de retraite, ce bourreau de travail débute en janvier 2020 à l’UQTR un diplôme d’études supérieures spécialisées en relations de travail suivi d’un programme court en gestion des ressources humaines et changement organisationnel. C’est la combinaison des deux formations qui a mené à l’obtention de sa maîtrise en administration en juin dernier.

« Comme président du syndicat au Nouvelliste durant de nombreuses années, je me suis toujours intéressé aux relations de travail. Ça fait que lorsque j’ai vu ce programme, j’ai pensé que ça pourrait être intéressant d’essayer », poursuit l’ancien journaliste qui avoue ne pas avoir de talent de bricoleur qui pourrait lui permettre de mettre son cerveau sur pause après ses heures de travail. « Moi, les travaux manuels, ça me fait plus sacrer que de me libérer l’esprit », rétorque-t-il en riant.

Ces études sont loin d’être une promenade dans le parc. À raison d’une fin de semaine par mois, les samedis et dimanches, il devait se rendre à l’UQTR de 8h à 16h. « À un moment donné, je suivais deux cours en même temps. Ça faisait donc deux fins de semaine par mois où ma famille devait m’oublier. C’était de la peau en tabarnak », s’échappe le principal intéressé qui devait en plus se libérer des heures dans la journée pour étudier. « Je me suis fait un horaire où je me levais à 4h du matin et je travaillais dans mes livres jusqu’à 6h30. C’était dur, mais plus réaliste que de faire ça en soirée », raconte-t-il en louant l’ouverture de sa conjointe et de ses deux enfants dans cette aventure.

Une assurance professionnelle

Avec le recul, Guy Veillette admet que cette vie parallèle entre les livres universitaires et son travail de journaliste puis d’attaché politique se voulait aussi une police d’assurance professionnelle. « Dans mon rôle de délégué syndical au Nouvelliste, j’ai participé à plusieurs négociations de conventions collectives. Et la tendance que je voyais, c’est que ce n’était pas rassurant pour l’avenir des médias. Quand tu finis tes négos et que tu dis que tu es chanceux parce que tu as encore une job, c’est que tu as perdu ton rapport de force. »

Comme toute maîtrise universitaire, celle de Guy Veillette devait déboucher par la remise d’un essai. Toujours stimulé par les défis intellectuels, le Shawiniganais n’a pas eu besoin d’aller bien loin pour trouver le sujet. La rédaction du mémoire de La pertinence du syndicat dans une coopérative de travail ou de solidarité se fait alors qu’il est aux premières loges pour assister à la création des Coops de l’information à la fin 2019 pour sauver les six quotidiens régionaux, dont Le Nouvelliste. Le montage financier se fait grâce à une implication majeure de Fondaction, le bras financier de la CSN qui représente également les employés syndiqués.

« C’était une situation curieuse. Tu contribues à la coopérative en versant 5% de ton salaire puis en même temps, tu paies ta cotisation au syndicat qui fait partie des partenaires qui ont financé la relance des journaux. C’est comme si tu payais pour te faire défendre contre le propriétaire qui est en fait toi-même », réfléchit à voix haute Guy Veillette.

Un doctorat dans la mire?

Son directeur d’essai était dans tous les cas emballé par le sujet et les conclusions tirées par son étudiant comme en fait foi la mention Excellent attribuée au document d’une centaine de pages. « Il veut que je poursuivre jusqu’au doctorat », souligne le principal intéressé qui pourrait éventuellement occuper un poste de conseiller syndical ou de conseiller en ressources humaines avec cette nouvelle corde à son arc académique.

« J’explore plusieurs avenues comme la rédaction d’un article pour une revue scientifique. Les concepts de culture d’entreprise et de rapport de force m’intéressent beaucoup et cette formation m’a donné des outils pour pousser ma réflexion plus loin, peut-être aussi avec la rédaction d’un livre sur le sujet », conclut Guy Veillette, décidément loin de songer à la retraite.