Josette Villeneuve fait sa place dans l’exposition permanente du Musée de la civilisation de Québec

ARTS VISUELS. C’est une œuvre monumentale de 20 pieds de longueur. Une vaste mappemonde réalisée à partir de milliers d’étiquettes de vêtements usagés. L’œuvre « Un monde à raccommoder », créée par Josette Villeneuve entre 2003 et 2005, fait maintenant partie de la nouvelle exposition permanente du Musée de la civilisation à Québec pour les dix prochaines années.

« C’est sûr que c’est un événement pour moi! Ça conclut bien le parcours de cette œuvre qui a toujours suscité beaucoup d’intérêt. C’est très valorisant et j’en suis fière », exprime d’emblée Josette Villeneuve.

L’exposition Le Québec, autrement dit s’articule autour de la thématique de la rencontre, à la fois les rencontres du passé qui éclairent le présent et l’avenir que la rencontre entre les peuples, les nations et les communautés, les individus, les croyances et les mentalités. Elle se déploie en six pavillons portant chacun sur un thème précis: habiter, vivre, échanger, partager, revendiquer et appartenir.

Près de 1300 artefacts y trouvent leur place, parmi lesquels quelques œuvres d’art, dont celle de Josette Villeneuve.

« La mappemonde composée d’étiquettes de vêtements en appelle à la consommation, à la mondialisation des marchés, aux problèmes environnementaux et humains qui y sont liés », témoigne la conservatrice du projet, Valérie Laforge.

C’est d’ailleurs le Musée de la civilisation qui est entré en contact avec Josette Villeneuve il y a deux ans.

« Les gens qui ont travaillé sur l’exposition ont entendu parler de moi via la Fabrique culturelle qui était venue capter des images dans mon atelier où se trouvait la mappemonde, mais aussi mes œuvres représentant des cargos et des enfants qui nagent à l’occasion de la présentation de mon exposition Ligne de flottaison au Saguenay. C’est comme ça qu’ils m’ont trouvée », raconte-t-elle.

Susciter des réflexions

L’œuvre « Un monde à raccommoder » se retrouve dans la section Échanger de l’exposition du Musée de la civilisation.

« Mon travail avec les étiquettes de vêtements a commencé de façon impulsive et frénétique, déclenché par la découverte de cette matière aux made in provenant de partout sur le globe, se remémore l’artiste shawiniganaise qui cumule plus de 25 ans de carrière artistique. Ces étiquettes qui représentent de nombreuses cultures dans le monde, mais ça réfère aussi aux rapports identitaires, à la surconsommation et à l’impact de cette surconsommation sur l’environnement. »

« La collecte m’a amenée à parcourir les dépôts de vêtements usagés. Je récupérais les étiquettes des vêtements qui allaient être jetés parce qu’ils ne pouvaient pas être revendus. Ça démontre toute la quantité de vêtements achetés, puis jetés. On se rassure parfois en se disant qu’une autre personne va les porter quand on les apporte dans les dépôts de vêtements usagés, mais beaucoup de vêtements devaient être jetés malgré tout. »

L’artiste fait remarquer que le processus de création de la fameuse mappemonde rejoint d’une certaine façon les rencontres mises au cœur de la nouvelle exposition permanente du Musée de la civilisation.

« J’allais dans les dépôts de vêtements, j’y rencontrais des gens, j’en parlais avec mes amis. La rencontre était présente dans le projet. Quand je présentais l’œuvre en exposition, je mettrais également une boîte pour récupérer des étiquettes », note-t-elle.

Josette Villeneuve espère que son œuvre saura toujours toucher les gens d’une façon ou d’une autre, 20 ans après sa création.

« Le Musée de la civilisation attire beaucoup de visiteurs, dont des touristes. C’est intéressant. Quand on réalise une œuvre, ce qu’on veut, c’est que notre travail soit vu. Lorsque je l’ai faite, c’était une belle période de création, une période stimulante. La mappemonde a représenté deux années d’intensité et d’activité puissante. »

Il s’agit aussi d’une œuvre qui amène le questionnement. Le format de l’œuvre impressionne d’abord. Elle prend ensuite une dimension différente lorsqu’on réalise de quoi elle est constituée.

« C’est une œuvre qui touche les gens généralement. Il y a la dimension de temps consacré. Mais au final, la réflexion appartient aux visiteurs », complète-t-elle.

Friser l’apesanteur

En plus de continuer son implication dans le projet Interzone, Josette Villeneuve présentera l’exposition Friser l’apesanteur à La Petite place des arts, à Saint-Mathieu-du-Parc, du 12 juillet au 18 août.

On y verra des œuvres inédites et antérieures réalisées dans des techniques traditionnelles revisitées, qu’il s’agisse de dessin, de couture ou d’assemblage, en concordance avec la démarche de l’artiste qui privilégie le surcyclage, l’accumulation et la collecte en accord avec cette notion de rencontre qui accompagne la cueillette.