Une distributrice d’eau déguisée en cactus

INNOVATION. Un Shawiniganais a lancé récemment une station de remplissage de bouteilles d’eau, sans fils et sans boyaux, en forme de… cactus.

Dans les événements publics, difficile de passer à côté de La bü-verte sans s’arrêter. Ce grand cactus vert en plastique planté sur une base de couleur brune en forme de pot est en fait une distributrice d’eau.

« C’est comme un gros thermos géant pour distribuer de l’eau potable fraîche en vrac », explique son concepteur, Sylvain Giguère, un technicien en eau potable qui travaille dans le domaine depuis plus de 25 ans.

Dans la base de La bü-verte, celle qui ressemble à un pot, se trouve un réservoir pressurisé en acier inoxydable isolé par de la mousse de polyuréthane fabriquée à Grand-Mère par Gényk. « On a fait les tests et si le cactus n’est pas pleinement exposé au soleil, l’eau peut rester fraîche jusqu’à 10 jours. Elle va réchauffer à raison d’environ 1 degré Celsius par jour », poursuit l’entrepreneur qui a développé deux modèles.

Un format en location qui contient un réservoir en mesure de remplir l’équivalent de 1500 bouteilles ou canettes d’eau et un second qui équivaut à 800 bouteilles d’eau. « Avec un réservoir de 24 pouces de diamètre et plus, tu es obligé de passer un test hydrostatique aux trois ans pour vérifier que ton réservoir respecte encore son expansion. Donc, j’ai conçu un modèle plus petit pour la vente parce que celui qui l’achètera ne sera pas obligé de passer ces tests. »

Dans son plan d’affaires, Sylvain Giguère cible principalement les municipalités, autant pour la vente que la location, qui veulent offrir une distributrice d’eau potable lors de leurs événements publics. Lorsqu’il se déplace pour aller porter ses cactus, il a conclu des ententes avec certaines municipalités pour les remplir avec de l’eau potable qui a évidemment été traitée.

Un bouton antibactérien

La bü-verte peut être installé un peu partout sur un site puisque le fait qu’elle fonctionne avec un réservoir pressurisé ne nécessite pas de la brancher. De plus, le bouton qui sert à actionner l’eau a été muni d’un système antibactérien. « Le MAPAQ voulait qu’on laisse disponible du Purell afin que les gens se désinfectent les mains, mais on a plutôt développé ce bouton qui a été accepté », poursuit Sylvain Giguère.

Quand il en était au stade d’imaginer son concept, l’entrepreneur voulait développer un produit que tout le monde reconnaîtrait instantanément. « C’est comme les toilettes chimiques bleues. Tu les vois de loin, mais tu sais tout de suite de quoi il s’agit. Mon objectif, c’est que dans deux ou trois ans, une personne qui va voir mon cactus géant vert va savoir qu’il peut aller remplir sa bouteille d’eau. Je cherchais un look cartoon pour ma distributrice et je peux dire que jusqu’à maintenant, les gens adorent, autant les enfants que les parents. »

La bü-verte a été développée au DigiHub, mais Sylvain Giguère est présentement installé dans le secteur Grand-Mère pour la partie assemblage. Le Shawiniganais a pour l’instant une vingtaine d’unités qu’il loue à raison de 350$ par jour (avec une 3e journée gratuite si le client désire la prendre deux journées) ou les vend 8640$, soit environ 10 000$ avec les taxes.

Le Shawinigan estime que son produit se démarque des réservoirs en plastique qui sont installés sur des roulottes pour remplir les gourdes d’eau des festivaliers. « Dans une journée chaude, ton eau va  être à 23 degrés le temps de le dire et va goûter le plastique tout de suite. Les gens n’en veulent pas de l’eau à cette température-là. » De son côté, il s’approvisionne dans les réseaux municipaux avec une eau qui oscille entre 10 et 12 degrés Celsius et qu’il peut tenir évidemment fraîche plus longtemps avec son principe de thermos.

De l’intérêt en France

Même s’il en est maintenant au stade de la commercialisation, Sylvain Giguère réfléchit à améliorer sa bü-verte. Ses prochains modèles seront ainsi munis d’un brumisateur pour asperger légèrement ceux qui le désirent lors des chaudes journées d’été. Il réfléchit également à installer un système de filtration au charbon, à l’intérieur du cactus qui est pour le moment une coquille vide, pour adoucir les eaux municipales qui sentent le soufre.

Enfin, l’entrepreneur est rentré récemment d’un voyage en France où son produit soulève de l’intérêt. « Les Français ont vu mon produit. Ils sont intéressés à en acheter. Pour l’instant, je me fais des contacts, puis après ça on va analyser comment on va développer ça. Je suis censé y retourner le printemps prochain », conclut-il.