Le PDG de Northvolt est confiant et ne demandera pas plus d’argent public
MONTRÉAL — Le PDG de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, a laissé entendre que l’entreprise suédoise avait peut-être été trop ambitieuse et il a affirmé que celle-ci n’avait pas l’intention de demander plus d’argent aux gouvernements pour son usine de batteries au lithium prévue en Montérégie.
Paolo Cerruti s’est adressé à des centaines de représentants de l’industrie des véhicules électriques lundi matin à Montréal, à la «Conférence internationale sur les batteries au lithium avancées pour les applications automobiles organisées».
Les «derniers mois et dernières semaines ont été difficiles» et nous traversons une «période cruciale de l’histoire de notre entreprise», a admis le PDG de Northvolt en Amérique du Nord.
Paolo Cerruti a répété que Northvolt est au Québec «pour rester», mais on ignore encore de quelle façon les restructurations de l’entreprise suédoise affecteront les projets de l’usine en Montérégie et son échéancier.
«Le travail est toujours en cours et nous n’avons pas encore toutes les réponses. Nous effectuons ce travail jour et nuit afin de pouvoir revenir avec des réponses à l’ensemble des questions, ce qui va nous prendre encore quelques semaines.»
En septembre, Northvolt avait annoncé le congédiement de 1600 employés en Suède, soit le cinquième de sa main-d’œuvre, illustrant les difficultés financières auxquelles la société fait face.
Lorsqu’il s’est adressé aux journalistes, Paolo Cerruti a affirmé que Northvolt n’a pas l’intention de demander plus d’argent à Québec et à Ottawa.
«On a un échéancier de support financier dans le cadre de ce qui a été annoncé au mois de septembre de l’année dernière et nous n’avons pas prévu de demander davantage d’argent et, dans le cadre du refinancement récent de l’entreprise, nous n’avons pas demandé de l’argent au gouvernement, ni fédéral ni provincial.»
Il a également indiqué «qu’à aucun moment l’entreprise s’était retrouvée en difficulté financière au Québec», avant d’ajouter: «On est bien capitalisé, alors on continue de travailler tous les jours sur le site, on continue de faire ce qu’on a toujours fait, on continue d’embaucher. Donc la confiance ici est forte».
Une entreprise trop ambitieuse?
Après un discours d’une vingtaine de minutes devant les représentants de l’industrie des véhicules électriques, le patron de Northvolt a participé à une discussion avec Karim Zaghib, professeur titulaire de génie chimique et des matériaux à l’Université Concordia et également l’un des organisateurs de l’événement.
Le professeur Zaghib a demandé à Paolo Cerruti si Northvolt «avait été trop ambitieuse» et si «l’entreprise avait grossi trop rapidement».
La «pression inflationniste» et «la façon dont l’industrie est perçue dans les derniers temps» auraient contribué à des problèmes de liquidités, a d’abord répondu M. Cerruti.
«De plus, je crois que nous aurions pu intégrer certaines compétences clés plus tôt dans l’entreprise», mais «c’est ce que déterminera la revue stratégique», a-t-il ajouté.
«Mais c’est une industrie qui est extrêmement, extrêmement jeune, dans son développement et dans son industrialisation. Donc, le pool de talents, il n’est pas énorme. Nous avons dû aller chercher des talents en Asie pour monter nos opérations en Suède», a expliqué le PDG de Northvolt en Amérique du Nord.
Il a également laissé entendre que l’entreprise s’était peut-être lancée dans trop d’activités différentes.
«Par exemple, on a annoncé qu’on va faire des cessions d’actifs, donc, est-ce qu’il était nécessaire de se lancer dans ces secteurs-là?», a demandé Paolo Cerruti.
Il n’a pas fait référence directement aux activités liées aux cathodes, mais récemment l’entreprise a vendu son site à Borlänge en Suède, où elle devait construire une usine de matériaux de cathodes, la borne positive d’une batterie.
«Tout ce qu’on est en train de vivre ou qu’on a vécu en Suède dans les derniers mois et je dirais dans la dernière année, ce sont des leçons, des apprentissages, qu’on va amener ici et qui seront extrêmement précieuses», a affirmé Paolo Cerruti.